« Dray, réveille toi ! Allez, wake up ! » Je sent une main venir me secouer nerveusement. Fait chier, j'ai pas envie de me lever moi, ni même d'ouvrir les yeux. J'crois bien que j'étais en train de faire le rêve le plus cool de ma vie. J'avais atterris en plein Paris, dans le salon de la dope. Avec possibilité de goûter à tout ce qui passait sous ses yeux, histoire de juger laquelle était la meilleure. J'crois bien que j'aurais fait une overdose à peine arrivé au troisième stand tellement il y en avait à revendre et l'allure à laquelle j'enchaînais les produits. Y avait même des nouveaux produits jamais vu, de l'exclusivité totale rien que pour le plaisir des initié, et des novices qui venaient traîner. Donc non, va te faire foutre je sais pas qui, laisse moi pioncer tranquille et rejoindre mon rêve psychédélique. « DRAY PUTAIN ! » Nouveau coup dans l'épaule. On se calme là ! Surtout que j'arrivais pas à me replonger dans mon rêve, fallait pas me réveiller. J'ouvre les yeux, découvrant la scène dans laquelle je jouais aujourd'hui. Une voiture. Qu'est ce que je foutais au siège passager d'une mustang ? J'avais toujours détesté ce genre de bagnole, trop américaines pour moi, pas assez britannique c'est clair. Je tourne la tête vers l'autre excité qui venait de me réveiller. Une nana, pas franchement jolie. Putain, encore, si ça avait une jolie brune à forte poitrine et jambes interminables, j'aurais peut être pardonné ce réveil brutal. « T'es qui toi ? » Elle tourne les yeux vers moi, pousse un long soupire avant de reporter son attention sur la route. Ouais tu fais bien de regarder où tu vas, j'tiens pas à être défiguré dans un car crash. Limite je préfèrerai crever sur le coup que d'avoir une balafre sur la joue, ou de perdre une jambe. Moi estropié, end of fucking my life. « La fête de Neal, hier. T'souvien pas ? Little pussy. » A ouais, dit comme ça, je commence à avoir des restes de soirée qui remonte en tête. Little pussy … elle m'avait paru assez jolie sur le coup. Canon même. 'fin, avec un peu – beaucoup – d'alcool dans le sang, toutes les nanas qui traînent deviennent baisables. J'sais même plus pourquoi je l'avais surnommé comme ça. Tout ce que ej sais, c'est qu'on s'était barré de chez Neal vers le coup des trois ou quatre heures du mat, elle m'avait emmené dans sa voiture et je me l'étais faite sur la banquette arrière. Bizarre que j'arrive encore à m'en souvenir avec tout ce que j'avais bu. Neal, fallait dire que c'était un vrai dingue là dessus, pire que moi. Le type, il te buvait la bouteille de vodka tranquille, enchaînait avec celle de whisky et tenait encore bien pour une demie de vodka again. Dingue. Ca m'étonnerait pas que son appart soit totalement dévasté ce matin. Rien que d'y penser, ça m'arrache un sourire. « Ouais, little pussy. » Je plonge la main dans mon sac, sortant mon paquet de clope. Je lui en file une, me tasse sur le siège et l'allume. « T'me ramènes à l'uni ? » Je tourne les yeux vers son visage grimaçant. Allez, me fait pas croire que t'as passé une mauvaise nuit. « Mes parents viennent de m'appeler, j'dois rentrer chez moi, j'te dépose autre part, c'est pas sur mon chemin. » La meuf. Mon portable vibre dans ma poche, je l'attrape pour lire le message. Le nom d'Ana' s'affiche. La forêt ? Il y a une fête clandestine peut être. Je hausse les épaules, tape un bref j'arrive. « Dépose moi près de la forêt. » Little pussy hausse les sourcils, murmure un crazy, et tourne à droite.

La forêt, c'est bien beau, mais je vais pas me taper tout le chemin jusqu'au centre. Bon allez, je prends le parcours pieton et si dans quinze minutes, je la trouve pas, je me barre. Y aura bien un con qui va me prendre au passage. Je trace ma route sur le chemin, sans vraiment regarder ce qui se trouve autours de moi. C'est l'odeur de la clope qui me fait relever la tête, et je trouve enfin Anastasia, assise sur un banc. Avec un léger sourire je m'approche d'elle, m'assied sur le banc, et lui attrape sa clope des mains, tirant une latte dessus avant de lui rendre. « Seule en forêt... Ton nouveau trip c'est de baiser en te faisant mater par les écureuils ? » Et comme d'hab, ma connerie m'amuse. On va dire que c'est l'alcool qui c'est pas encore totalement évaporé de mon organisme. De toute façon, Ana' à l'habitude de mon langage, moins soutenu que la plupart des culs serrés de Niagara.

La salope. Je sais même pas pourquoi elle m'avait gardé dans sa voiture toute la soirée, mais elle aurait pu faire un geste et me ramener à l'université non ? Histoire que je rentre à la résidence et que je pique un somme avant de changer de fringues etc. Encore heureux que personne ne m'ait vomi dessus pendant la soirée, ou que personne n'avait renversé de bière sur mon pantalon. C'était chiant ces gens, qui hurlaient, et dansaient en même temps, bière à la main et qui en envoyait sur tout ceux qui avaient le malheur de passer à côté d'eux. Ça sent le réel ? Ouais, ça m'arrivait à chaque fois. Et ça m'arrivait aussi d'en balancer sur les gens. J'étais pas resté des heures chez machin, donc j'avais pas eu le temps de m'en ramasser. C'était surtout en fin de soirée, quand on était tellement arraché qu'on en avait plus rien à foutre de ce qu'on faisait, qu'on se rendait même plus compte que nos mouvements étaient totalement désordonnés, et qu'on se rendait même plus compte de la personne avec qui on finissait par s'envoyer en l'air, dans la chambre des parents ou la cabine de douche. Dire que j'en faisais quasiment tous les soirs en Angleterre. Pas étonnant que mes notes ne suivaient pas le rythme. Mon arrivée aux États Unis m'avait un peu calmée. J'devais faire attention à conserver de bonnes notes si je voulais pas me retrouver sans rien. Jouer de la batterie dans les bars, c'est sympa deux minutes mais on débouche pas à grand chose la trentaine passée – si j'arrive à atteindre la trentaine -. J'avais pas cours aujourd'hui, certes, mais j'aurais bien aimé travailler un peu. Donc, elle aurait pu me laisser. Si jamais je n'avais pas eu ce sms d'Ana', j'aurais dû me taper le chemin à pied. J'aurais gueulé, j'lui en aurais peut être mis une en sortant de la voiture. Ana sauve ma journée ? Un peu. Elle sauve little pussy surtout.

J'vais jamais en forêt, ni même me balader sur les routes de campagne. Comme je le dis, j'aime pas marcher, j'aime pas le sport ni tout ce qui est physique – sauf la baise ça va de soit -. Les endroits comme ça, en général, j'y vais que pour les fêtes clandestines, les raves. Mais faut dire qu'il y en avait plus en Angleterre, en Europe même. Bref, aujourd'hui c'était l'exception, pour elle. Sex friend, c'est comme ça qu'on pouvait définir notre relation. Pas de sentiments, juste de la baise de temps en temps. Fallait dire qu'elle était douée. Pas une professionnel, ça serait l'insulter. Mais pour que je continue de la voir même après lui être passé dessus, il y avait bien une raison. De plus, elle était loin d'être superficielle, elle avait de la conversation et j'aimais bien sa compagnie. Dans le terme sex friend, prenait tout son sens. Ami c'était quand même en grand mot. Il n'y avait aucun sentiments entre nous, il n'y en aurait jamais non plus. Et puis … et puis il y avait Agyness maintenant. Fallait pas que je commence à penser à elle, juste me concentrer sur Anastasia. Elle esquisse un sourire à ma remarque, réponds directement. « En fait j'pensais me faire baiser par un grizzli. Mais bon. » Je lâche un petit rire. Elle non plus elle n'était pas coincée. J'connais bon nombre de nanas qui auraient ouvert des yeux ronds, bafouillant une réponse incompréhensible. Bon, et maintenant on fait quoi ? Je croise les jambes, me met plus à l'aise sur le banc. « J'suis pas aussi poilu qu'un grizzli mais j'pense mieux m'y prendre qu'eux. » Je fouille dans ma poche, à la recherche de mon propre paquet de clope. Putain, me dit pas que je l'avais laissé en cadeau dans la voiture de l'autre ? « [color]Putain, j'ai perdu mon paquet. Bon. [/color]» Je passe une main dans mes cheveux, soupirant doucement. « Et sinon, qu'est ce que tu viens foutre ici ? Me fait pas croire que t'es une amoureuse de la nature. »