Je n’ai pas dormis de la nuit. J’ai passé ma soirée à me repasser encore et encore le dénouement de la veille. Je l’avais tout simplement abandonné, je détestais avoir à converser sur ces impressions, sur ces sentiments et surtout sur l’avenir. Alors je l’avais abandonné et de le faire m’avais coupé tout envie de dormir, et puis anyway je n’avais nulle part ou aller crécher, j’étais seul et je n’allais certainement pas aller dormir dans le lit conjoint du sien. Il était maintenant 7 heures du matin, j’étais assis, adossé au mur du corridor, sur le sol et je patientais en silence que les heures passent, j’observais la seule et unique horloge qui était à notre disposition à l’université et je m’amusais à compter les secondes qui passaient. Je n’étais pas trop loin de ma chambre, j’étais posté à au moins 5 mètres de la porte, afin de pouvoir m’enfuir si jamais Serena passait par ici, j’avais une mesure d’avance. Après une heure de complet rien-foutage je me levai, près à partir en cours de guitare, seul hic, je n’avais pas ma guitare, elle était dans la chambre, cette maudite chambre. Je marchai jusqu’à la porte, hésitant sur son pan à cogner, et si je la réveillait alors que c’était ma seule opportunité de pouvoir passer inaperçu. J’ouvrai la porte qui n’était pas barrer, étrange, elle devait probablement l’avoir laisser ainsi pour moi, elle savait que je ne traînais jamais ma clé. Je me glissai à pas de souris dans la chambre, ma guitare bien en vue, et Serena dans le coin de l’œil. Elle semblait bien endormis, ou bien n’étais-ce qu’une impression. Ses lèvres m’appelèrent à nouveau, mais ce serait l’erreur ultime de le faire une deuxième fois. Je pris ma guitare sous le bras puis je ressortis aussitôt entré, l’abandonnant à nouveau.

Je m’engageais dans un cours d’une durée totale de quatre heures et pour la première fois de la journée je sentais que je ferai quelque chose de bien, quelque chose qui rendrait fier mon paternel. La guitare n’avait rien de facile je devais l’avouer, mais ce n’était pas la volonté qui me manquait. Je me fondais parfaitement bien dans cette horde de débutant. Je grattais ma guitare pour la énième fois et aujourd’hui c’est la première fois que le son qui en ressortait faisait du sens. Une gamme. Je savais maintenant jouer une gamme entière. La fatigue ne vint jamais me chercher, j’étais trop passionné par ce que je faisais pour m’en accoutumer. Le cours passa comme un coup de vent, la fin à goût amer m’attrista un peu. Je mourrait de faim, cela devait faire au moins 24 heures je ne n’avais rien touché. Je dépassai la moitié des gens qui attendait en file avec finesse, je ne pense pas que quelqu’un remarqua mon geste. J’étais de bonne humeur aujourd’hui, ma guitare attachée en bandoulière autour de mes épaules me donnait un air de cow-boy américain et ça m’attirait que trop de regard. On me glissa un plateau entre les mains, on y posa un hamburger et une pomme, je dévisageai un moment la dame qui venait de posai la pomme dans mon cabaret, elle haussa les épaules et je fus pousser par l’impatience des gens derrière moi vers une table vide. Je la regardai un moment avant de décider que j’étais bien trop de bonne humeur aujourd’hui pour m’asseoir seul. Je sondais un instant la salle pour tomber sur elle. Son visage, ses cheveux, ses yeux… oui c’était bien elle. Un nouveau rire m’envahit intérieurement. What were the chances ! ? Je marchai jusqu’à elle, puis je m’assis sur l’unique autre chaise conjointe de la sienne. Mes yeux la fixaient étrangement. Je posai ma guitare sur la table, juste à côté de mon plateau, il ne restait plus un seul milimètrer de libre sur cette table.

« Remember me ? » Dis-je avec une assurance bien à moi. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer qu’elle n’était pas au meilleure de sa forme;

« Ouh grosse soirée hier soir chérie ? » Continuais-je en fronçant mes sourcils. Je m’apparais de mon burger et j’en gobai la moitié en une bouchée. J’avalai le tout difficilement, me rendait compte de mon inélégance du moment.

« Alors, tu vas finir par me dire ton prénom ou tu vas me le faire deviner ? » Je l’aurais bien fait, mais j’en avais marre de jouer à ce genre de jeu.

« Moi c'est Travis. » Finis-je par dire en gobant la deuxième moitié de ma sandwich en une seule bouchée.

En posant ma guitare sur la table je remarquai dès lors que je n’étais pas le bienvenu. J’étais l’intrus. J’étais le minable en manque d’attention dans sa tête. Et moi, je comptais bien lui prouver le contraire. Je la vis se pencher très rapidement sur la table, je fronçai les sourcils, sans plus, puis je lui posai ma première question. À la voir plisser les yeux je pouvais facilement deviner qu’elle n’avait pas le souvenir de m’avoir déjà croisé. Bon, je l’avoue, je n’étais pas un très fin socialiste, encore moins communicateur, je pouvais lui pardonner ce petit oubli vu la longueur de notre premier tête-à-tête. Je pris place à ses côtés, me présentant, lui demandant à son tour de faire de même. Regardant un instant mon cabaret, il ne me fallut que d’une seconde pour que la moitié de mon burger se retrouve dans ma gueule. « Eh bien, Travis, je vois que tu as un appétit d'ours polaire, mon chat. Quoi qu'il en soit moi c'est Sixtine » finit-elle par me dire, me laissant suffisamment attendre pour me faire croire qu’elle était muette. J’entendais pour la première sa voix, magnifique ténor. Elle s’en permettait cependant un peu trop, le surnom était loin de me plaire. Je n’étais pas un chat, ni un ours polaire ceci dit, si j’avais à être un félin je serais le lion, sans aucun doute.

« Eh bien Sixtine, mon chat, m’appelle pas comme ça. Je suis certain que tu peux faire mieux bella.» Elle croqua dans sa pomme, me rendant envieux de ce fruit. Me consolant avec l’autre moitié de mon sandwich je maintint son regard qui venait de se teinter de je ne sais quelle émotion encore, mais je présageais le pire. Sur un ton glaciale elle me dit : « Que veux-tu de moi, au fait ? Ne me dis pas, que tu t'es assis ici, simplement pour me demander mon nom, quoi tu ne serais pas le premier … » Question intéressante au fait, je n’y avais moi-même pas réfléchis. Je restai un moment béa, incapable d’expliquer les raisons qui m’avaient poussés aujourd’hui à venir l’aborder, chose que je ne faisais jamais.

« J’en sais rien. C’est comme ça. Faut pas chercher à tout expliquer dans la vie, sinon elle serait bien triste. » Je me retins cependant de lui demander combien de prétendants avaient échoués avant moi, je me gardais le loisir d’en inventer le nombre.

« Alors dit moi, Sixtine, comment se fait-il que tu sois toujours célibataire? Ne me dit pas le contraire, tu étais seule hier soir et tu l’es encore aujourd’hui, alors il n’y a qu’une chose pour l’expliquer, tu es toujours seule. Qu’y a-t-il de si repoussant chez toi ? » Dis-je en me constatant moi-même qu’à première vue elle semblait parfaite. Une beauté à coupé le souffle et juste le bon montant d’arrogance en elle pour ne pas se faire aborder par n’importe qui. Alors quoi ?