J' était dans une période qu'on pourrait qualifié de sombre. Je n'avais, dans l'entière durée de ma vie, jamais enduré autant de chose en si un si court lapse de temps. En bref, ma vie était passé de parfaite à horrible en à peine 2 heures. En commençant par ma pseudo rupture non-officielle et incertaine avec Willow, suivit de la découverte d'Anya et de Damian dans le même lit. Je ne demandais qu'à laisser tout ça derrière moi, mais pour une raison qui m'échappait mon esprit y revenais sans cèsse. Ce matin, le réveil a été difficile, logant toujours dans cette chambre universitaire qui hantait mes nuits puisque c'était dans ces lieux précis que l'incident avait eut lieu, dans le lit voisin du mien que leurs ébats c'étaient enflammés. Juste d'y penser j'en avait mal au ventre. En sortant de mes rêveries je remarquai que le lit d'Anya, ma colocataire, était vide... comme il l'avait été les derniers jours. Je voyais son garde-robe se vider peu à peu chaque jour... comme si elle préparait un déménagement en douce, sans avertir personne. Je ne pouvais m'empêcher de croire que tout ça était de ma faute.

Je titubai jusqu'à la salle de bain, retirai mes boxeurs puis j'entrai dans la douche glaciale qui me refroidirais l'esprit et remettrais mes idées en place. Mes dents claquaient sous le gel et tout mon corps sombrait tranquillement dans un sommeil hypothérmique. Deux ou trois minutes passèrent ainsi, sans un sons, sans un mouvement, avant que je ne mette fin au flot d'eau qui se déversait sur ma tête endormis. J'étais misérable, même moi je m'en rendais compte. Je sortis de la douche, m'enroulai une serviette autour de la taille puis je traversai dans la chambre voisine pour m'emparer de mes jeans usuel et d'une chemise carollée rouge.

Il était 8 heures du matin et mon ventre criait famine. L'idée de manger à nouveau à la cafétéria universitaire m'haussa le coeur, tellement que je décidai d'aller ailleurs pour une fois. On sort de sa routine, enfin. Je m'engageai donc en dehors de ma chambre, en prenant bien soin de ne pas réveiller mon autre coloc, Alejandro, puis je marchai jusqu'au café le plus près. En entrant je remarquai que la salle était pratiquement vide, une femme se tenait au comptoir et un homme était assis à une table en retrais. D'abors je ne remarquai rien de spécial, mais plus je m'avançais plus je la reconnaissais... elle.

-Kellia?

Bien sûr que c'était elle. J'avais une bonne mémoire pour les visages, je n'en oubliais aucun. Le sien en particulier. Nous avions passé le plus clair de notre enfance ensemble... comment pourais-je l'oublier!?

-Ça doit faire 10 ans qu'on ne c'est pas vu!

Dis-je avec un grand sourire accorché aux lèvres... chose qui n'était arrivé que très rarement ces derniers temps. Je ne pu cependant pas passer à côté du fait qu'elle était ravissante... ma mémoire, sur ce point, était loin de lui faire justice. Elle était beaucoup plus belle qu'à mon souvenir.

''J'ai fermé les yeux, ne serais-ce qu'un tier de seconde, et j'ai tâché d'oublier, d'oublier le présent dans le passé. Tandis que je rêve, les souvenirs de mon enfance et de ma jeunesse me reviennent un à un, doux, calmes, riants, commes des îles de fleurs sur ce gouffre de pensées noires et confuses qui tourbillonnent dans mon cerveau.

Je me revois enfant, écolier rieur et frais, jouant, courant, criant avec mes amis dans la grande allée verte de ce jardin sauvage ou ont coulé mes premières années.

Et puis, quatre ans plus tard, m'y voilà encore, toujours enfant, mais déjà rêveur et passionné. Il y a une jeune fille dans le solitaire jardin. Avec ses grands yeux bruns et ses grands cheveux, sa peau brune et dorée par le soleil, ses lèvres rouges et ses joues roses.

On nous a dit de jouer, et nous causons, enfants du même âge, non du même sexe. Pourtant, il n'y a encore qu'un an, nous courions, nous luttions ensemble. Je disputait à Kellia la plus belle pomme du pommier; je la frappais pour un nid d'oiseau. Elle pleurait; je disais : C'est bien fait!

Maintenant elle s'appuie sur mon bras, et je suis tout fier et ému. Nous marchons lentement, nous parlons bas. Elle laisse tomber son mouchoir, je le lui ramasse. Nos mains tremblent en se touchants. Elle me parle d'un petit oiseau qu'elle voit là-bas, d'une étoile, du couchant vermeil derrière les arbres, ou bien de ses amies, de sa robe et de ses rubans. Nous disons des choses innoncentes, et nous rougissons tous deux. La petite fille est devenue une jeune fille.

Ce soir là- c'était un soir d'été- nous étions sous les marroniers, au fond du jardin. Après un de ces longs silences qui remplissaient nos promenades, elle quitta tout à coup mon bras, et me dit : Courons!

Elle se mit à courir devant moi avec sa taille fine comme le corset d'une abeille et ses petits pieds qui relevaient sa robe à mi-jambe. Je la poursuivais, elle fuyait. J'étais hors de moi. Je l'atteingnis; je la pris par la ceinture, du droit de ma victoire, et je la fis assoeir sur un banc de gazon; elle ne résista pas. Elle était éssoufflée et riait. Moi, j'étais sérieux, et je regardais ses prunelles brunes à travers ses cils noirs. Je me rapprochai d'elle, elle appuya son épaule à mon épaule. Nos têtes se touchaient, nos cheveux s'entre-mêlaient, nos haleines peu à peu se rapprochèrent, et nos bouches tout à coup.

C'est une soirée que je me rappellerai toute ma vie.
Toute ma vie!''

Je crois que c'était mon premier baiser, elle ne s'en souvient probablement plus aujourd'hui, mais moi je l'avais jusqu'à ce jour garder en mémoire. C'était ce qu'on pouvait apeller un moment marquant dans mon enfance. Je ne me souviens plus exactement ce qui nous a séparé, la raison qui a fait de cette amitié une rupture dans le temps. J'étais probablement trop petit pour me rendre compte de ce qu'il se passait, mais maintenant je voyais plus clair, plus maturément, c'était ma première petite-amie. Certes, si innoncente sois nos existances, ce n'était rien de très romantique ou de très passionné, mais c'était un petit fourmillement dans mon estomac, chaque fois qu'elle avait la grâce de me sourire. Ses traits avaient maturés avec elle, je la reconnaissait par ses yeux et son sourire ravageure, mais le reste n'était que découverte. Elle était très belle, une femme désirable. J'hésita à la toucher, une poignée de main serait de mise... non plutôt une embrassade, mais je restai planté là sans un mouvement, par peur de lui faire peur ou par peur de l'envahir. Soulagé, je lui souris en entendant mon prénom s'échapper de ses lèvres, au moins elle me reconnaissait, bien qu'elle m'avait semblé hésitante un moment. Nous avions aujourd'hui tous les deux vingts ans, dix ans nous séparaient dans nos histoire mutuelle, le temps était à ratrapper. Elle me demanda comme j'allais, lui mentais, ou étais-ce simplement que j'en avais oublié ma peine je lui répondit;

-Très, très bien, merci. Eh toi? Tu étudis à l'université de Niagara?

En jettant un coup d'oeil autour, je remarquai qu'elle était déjà assise à une table ou repossait son verre et son croissant, je lui demandai alors;

-Tu permets que je m'assois? À moins que tu n'attendes quelqu'un?

Eh oui! C'était ma façon ô très subtil de lui demander si elle avait un petit-ami. Étrangement, je serais presque déçu si elle en avait d'office un.

J'en ai rêvé de ce moment -ci. Plusieurs fois même, mais chaque fois c'était le même scénario, je la voyais, je figais, soit je m'enfuyais à toute jambe ou bien je restais pétrifié sur place. J'étais heureux de voir que toutes les scènes que je m'était inventé étaient fausse... c'était comme si je ne l'avais jamais quitté, aucune gêne, aucun malaise ou silence timide. Parfait. Elle s'approcha de moi, alors que je venais de lui demander si je pouvais m'asseoir à sa table, elle se mit sur ses orteilles, son visage maintenant à la hauteur du mien, ses bras s'enroulèrent autour de mon cou. Je sentis sa tête se poser sur mon épaule, son souffle me toucher la nuque,et moi je trouvais sa réaction parfaitement normal, même qu'elle venait peut-être de me devancer un peu. Mes mains se possèrent machinalement sur ses hanches, puis remontèrent dans son dos. Je ne sais combien de temps nous restâmes ainsi, mais j'aurais pu tenir encore longtemps. Son parfum de miel et de rosée envirait mes narines, je retrouvais la Kellia que j'avais quitté il y a dix ans. Elle mis fin à l'entreinte, mes mains eurent du mal à la laisser partir... Elle me confia ses envies pour le futur, j'étais parfaitement d'accord avec son choix de carrière, je l'avais connu à l'époque ou tout ceci n'était encore qu'un rêve... qu'elle soit encore passionné par la mode ne m'étonnais pas du tout... elle avait toujours eut cette étincelle dans son regard qui trahisait son amour réel pour les beaux vêtements et les beaux souliers. À l'époque, j'étais immature et surnois, je ne faisait que me moquer et feindre de l'écouter dans ses grands éloges à la tenus vestimentaires... maintenant j'ai grandit et je comprends tout.

-Bizarre qu'on ne se soit pas croisé, j'étudis en cinéma, j'aimerais bien devenir producteur.

Je répondais vaguement, résument ma vie en quelques mots, bien sûr c'était plus compliqué que ça, c'est que ma tête était ailleurs. Mes yeux la fixaient durement, j'hésitais entre lui faire un compliment ou simplement me taire... c'était si étrange de la revoir, ici, maintenant. Elle m'invita à m'asseoir, ce que je fis sans trop y penser. Je l'épiais dans chacun de ses gestes, chacunes de ses mimiques... j'écoutais le timbre de sa voix pour le comparer avec celui de mon souvenir... J'ignorai sa question que je n'avais écouter que d'une oreille inatentive, puis je dis, la fixant toujours avec rigueur;

-Je ne sais pas si je devrais te dire ça, mais bon... Tu sais que je m'étais jurer de ne plus jamais te reparler, je m'étais promis de ne jamais te pardonner pour la chose effroyable que tu m'avais fait... à l'époque je ne comprenais pas exactement ce que j'avais... je savais simplement que j'étais mal. J'ai même pensé, je m'en souviens très bien, que tu pouvais être une sorcière, que tu m'avais jeté un sort...

Je fis une pause. Souriant bonnement, seul. Un rire m'échappa alors que je continuais.

-Maintenant je sais, j'ai finit par comprendre que tu m'avais en fait... brisé le coeur.

Je me souviens encore, à quelques détails près de ce jour marqué d’une pierre. C’est bien connu, on ne choisie jamais ce que notre mémoire garde et ce qu’elle choisie d’oublier. Cette soirée m’avait appris la leçon la plus importante; l’amour avait deux penchant, un mauvais et un très bon.

J’étais adolescent, futile, innocent. Je ne l’avais jamais dit à personne et je ne le dirai probablement jamais, par pur orgueil, mais il m’arrivait, parfois, d’espionner ma mère et mon père, ensemble. J’avais été adopté, mais je n’ai jamais mis en doute le fait que ceux qui m’avaient recueillit étaient mes réels parents. Ce soir là, plus par ennui que par envie je me faufilai entre les corridors de la maison, jouant les souris, riant intérieurement au fait que ma mère ignorait totalement ce que je faisais. Elle s’arrêta, s’assied dans le sofa du salon, tendant un bras épuisé vers la table devant elle, ses doigts aggripèrent la télécommande lâchement, puis elle appuya sur la touche ‘’power’’. Elle zappa maintes fois avant de trouver son bonheur, si ma mémoire ne me fait pas défaut, un film jouait à la télévision, Love story. Oui c’est bien ça. Comment l’oublier ? Je me souviens, j’étais perplexe, ce film devait dater de l’âge de pierre, les couleurs venaient à peine de faire leur apparition à la télévision, la différence n’était pas grande entre le noir et blanc et ce que je voyais à l’écran. Je me souviens m’être dit dans ma tête : Ah non pas encore un de ses films d’amour à l’eau de rose. Malgré moi, j’y pris goût, incapable de détourner les yeux j’étais complètement sous le charme. J’en avais même oublié la présence de ma mère devant moi. La fin du film est tragique, madame meurt, laissant derrière elle un père orphelin de fille et un amant orphelin d’enfant. Pour en ajouter encore, la femme nous laisse sur une phrase remplis de sens, la fameuse phrase que seul de vrai amoureux saissisent; love means never having to say you’re sorry. Les sanglots de ma mère, moi qui, démolis, attristé, maudissais le producteur de ne pas avoir trouver mieux à faire que de financer une histoire malheureuse, sans morale et sans autre but que de faire du mal à celui qui a le malheur d’être spectateur. Je n’ai même pas eut besoin de voir la suite, déjà je remontais le chemin jusqu’à ma chambre ou je m’enfermai pour les prochaines minutes. J’étais couché sur la couverture de mon lit, fixant le plafond, ne pouvant penser à autre chose qu’à elle, qu’à Kellia. Et si jamais c’était moi cet homme qui la perdait, si jamais elle mourrait là, maintenant, que ferais-je ? Je ressentis le besoin intense de la voir, je devais la voir maintenant, là, tout de suite. Me redressant sur mon lit, je m’étonnai même à vérifier mon apparence dans le miroir de ma chambre, je devais être parfait pour elle. J’ignorais alors que ce sentiment au fond de moi, ce tourbillon, ce feu, ce déchirement, c’était l’amour simplement, j’allais le découvrir assez tôt, à mon insu. D’un pas rapide je m’engageai dans la rue, après avoir murmurer mes intentions à ma chère mère. Le père de Kellia me dit qu’elle n’était pas à la maison et qu’il ne savait pas exactement quand elle serait de retour, je pris donc l’initiative de l’attendre sur le pan de la porte. Je ne sais combien de temps passa, mais je me souviens très bien du moment ou je la vie enfin arriver. Douleur intense. Incapable de rester sur place, à assister à ce spectacle horrifiant je m’enfuit au pas de course. Kellia en embrassai un autre que moi… mais… je devais, JE devais être… Mes pensées n’étaient plus cohérentes, je m’enfuyais à toutes jambes. Elle me suivit, je ne voulais rien entendre. C’était bel et bien finit. Elle s’accrocha à moi, je me dégageai, elle me parlait, je gardais mon silence de glace. C’était à mon tour d’être l’homme qui perdait la femme. Mon histoire était tout aussi tragique que celle des deux héros de tantôt.

Nous étions assis l’un face à l’autre, une distance correcte nous séparait, c’était déjà trop pour moi, je devais être plus près d’elle. Résistant tout de même à l’envie de bouger ma chaise en sa direction, par peur que mon geste ne soit mal interprété. Je l’écoutais se fondre en excuse et je devais faire preuve d’un grand respect pour ne pas l’interrompre sur le champ, l’envie n’y manquait pas. Dès qu’elle finit par contre, il se jeta sur l’occasion;

-Tu n’as pas besoin de t’excuser, je ne voulais pas te faire sentir coupable, loin de moi cette intention. Et puis tu sais ce qu’on dit; love means never having to say you’re sorry.

Je baissai la tête, j’ignorais si elle comprendrait ou si je venais encore de faire un idiot de ma personne. J’étais peut-être con d’y croire encore, mais d’après moi ce genre d’amour existait vraiment, il le devait, sinon… Changeant de sujet, je portai ma main à mes cheveux, signe de nervosité, puis je lui demandai;

-Je serais tout de même curieux de savoir ce qui t’es arrivé durant toutes ses années, depuis… je ne t’ai plus jamais revu, tu vois encore… je ne me souviens plus de son nom… mais celui avec qui tu étais cette nuit là?

J’étais beaucoup trop indiscret et je posait toujours trop de question.

Kellia touchait ses mains... Love means never having to say you’re sorry... Elle gardait cette phrase en tête sans la commenter. Elle savait pas quoi lui répondre, elle avait trop peur de le blesser à nouveau ou autre.
Kellia but un peu de son frapuccino. Elle s’essuya délicatement la bouche à l'aide d'un papier à l'effigie du café. Lorsque Shane se mit à vouloir savoir ce qui lui était arrivé depuis ce soir là, Kellia sentit son coeur se mit à battre de plus en plus rapidement. Pourquoi avait-elle si peur de lui racontait son passé ? Avait-elle honte ?
Miss Summers respira un long moment, sa poitrine se soulevant avec une lenteur... comme si elle portait un lourd poids sur son coeur. En tout cas, pour elle s'en était un, mais peut être qu'en racontant son passé à quelqu'un qu'elle connaissait depuis son enfance l'aiderait.
Elle eut un sourire désabusé. Elle regarda ses mains puis celles de Shane. Elle résista à l'envie de les lui prendre, de les serrer dans les siennes, les embrasser...
D'une petite voix, elle dit :

- Dylan Parker... Après que tu sois...partis, je ne l'ai plus jamais revu. Je suis restée le plus clair de mon temps dans ma chambre. J'étais presque toujours shoutée... La drogue était un échappatoire à mes douleurs, mes échecs... à mes pertes.... Mais bon, tu connais mon père, il en a eu marre et avec mon frère, ils... ils m'ont fait interner dans un Centre de Désintoxication à Miami. J'y suis restée quelques mois mais je supportais plus l'ambiance...

Kellia revit alors les gens qui perdaient la raison, en manque d'une substance, ils s’entre tuaient, voyaient des attentats contre leurs personnes. Kellia, elle aussi, était parfois en proie à des hallucinations. Très souvent, on les bourrait de médicaments pour qu'ils se tiennent tranquilles et lorsque ça ne suffisait pas... Kellia secoua la tête. Elle se sentait explosée en elle même. Comment pouvait on soigner le mal... Par le mal ?!

- Je suis partie il y a quelques mois. Et toi ? Depuis que je suis partie, que t'est il arrivé ?

Kellia le regarda enfin, mais son regard avait changé. Ce n'était plus le regard d'une jeune femme calme, sereine mais plutôt un regard surchargé de tristesse. Tant de mauvais souvenirs lui étaient revenus en tête...

Déjà je regrettais d’avoir posé la question, juste à voir la façon qu’elle avait de détourner les yeux dès lors que j’avais ouverts la bouche. J’anticipais déjà un futur malaise, ou encore pire, des larmes, et ça pour mon indiscrétion. J’étais curieux de nature, et ce défaut ce multipliait par mille lorsqu’il s’agissait de Kellia. Tant de choses avaient été laissés en suspend, comme si notre histoire n’avait jamais trouvé de fin adéquate, c’était peut-être l’occasion parfaite pour y mettre une boucle ou, comme je l’espérais, la continuer. Dylan Parker, c’était son nom, je tentai de le mémoriser, qui sais si un jour je le croiserais… ce jour là, il regrettera d’avoir croisé mon chemin, c’est moi qui vous le dis. Tout le reste m’échappa complètement. Je sentis mes sourcils s’arquer à ses mots, j’hochai même la tête de droit à gauche en signe de mon incompréhension. Kellia me décrivait une toute autre personne, je ne l’avais jamais connu. Automatiquement, ma main chercha la sienne, j’avais besoin de soutient mental. J’entendis des mots tel que : « shoutée », « drogue », « échecs », « désintoxication », aucun ne rimait avec l’adolescente que j’avais connue à cette époque. Elle m’annonça que tout ça était encore très récent, quelques mois, dit-elle, simplement des mois la séparaient de cet enfer qu’était la drogue. J’étais sans mot, complètement choqué, dépourvu de tous commentaires, eh puis, que pourrais-je dire ? Elle détourna la sujet, me posant un question qui me passa dix milles pieds au dessus de la tête. Mon premier réflexe fut de ne rien comprendre, la négation.

« Quoi ? » dis-je en ayant parfaitement compris la question. Je renchéris un instant plus tard.

« Laisse faire moi, on s’en fou. Toi par contre… » Je m’arrêtai à nouveau. Je la contemplait d’une toute nouvelle manière, des tonnes de questions me venaient en tête… je n’avais plus peur de me mouiller, je voulais même me noyer dans l’indiscrétion, peut importe si elle est mal à l’aise. Je ne partirai pas tant que tout ne se sera pas plus éclaircir entre elle et moi.

« Est-ce que tu avais commencé à consommer quand nous étions ensemble ? » Tout de suite j’ouvrai grand les yeux, me rendant compte de mon erreur.

« Pas ensemble, ensemble, je veux dire nous n’étions pas un couple… bref, tu m’auras compris. » Bien rattrapé, mais tout de même gênant.

« Si j’avais sut… » Ça en serait une toute autre histoire.

Kellia sentit la main de Shane tenir enfin la sienne. Elle y trouva force et réconfort. Elle avait toujours imaginé la scene de leur retrouvailles et jamais elle n'avait pensé qu'elle serait ainsi. Elle pensait au contraire que tout ce passerait beaucoup mieux, elle avait espérer qu'il aurait tout oublié, oublié cette nuit, oublié ce mec, oublié cette rupture... car s'en était une. Tout contact avait était rompu à son grand regret mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait commis une erreur... Si seulement elle pouvait la réparer...
Tout au long de son récit, Shane avait comme nié tout ce qu'elle disait... Comme s'il ne supportait pas la dure vérité... Kelllia avait sombré et leur "séparation" l'avait achevée. Shane avait vraiment l'air inquiet, il voulait absolument savoir si elle allait bien. Mais comment lui expliquer la honte qu'elle ressentait depuis sa descente aux Enfers, la peine qu'elle éprouvait et qui lui arrachait le coeur. Soon entourage avait été victime d'une façon ou d'une autre de ses actions les plus mauvaises. Jamais plus, elle ne pourrait les regarder sans se sentir mal. Le regard de Shane lui rappelait toutes ses erreurs passées. Une plaie s'était réouverte en elle et son coeur saignait. Miss Summers savait que Shane lui en voulait mais le voir, assis devant elle, lui donnait comme un espoir... Peut être qu'il ne lui en voudrait plus.
Kellia avait tourné la tête vers la fenêtre. Elle tenait toujours la main de Shane. Elle aurait voulu que ces retrouvailles se déroulent mieux. Elle avait même espérer qu'ils ne parleraient pas de son passé, en vain. Soudain, Shane dit une phrase qu'elle n'aurait jamais pensé qu'il dirait " Est-ce que tu avais commencé à consommer quand nous étions ensemble ?" Elle tourna vivement la tête et croisa son regard. Il se rattrapa mais il ne pouvait effacer cette phrase. Ils n'avaient pas été ensemble et pourtant c'était tout comme pour Kellia. Elle ne supportais pas qu'une autre s'approche de lui. Loin de lui, elle déprimait et se sentait comme vidée d’énergie. Avec lui, c'était le bonheur, plus rien ne comptait. Jusqu'à ce que ses parents lui révèlent des secrets trop lourds pour elle. La drogue l'avait aidé à se sentir mieux, à oublier un peu le quotidien douloureux.
Kellia, après un petit moment de réflexion, lui répondit :

- Vers la fin de notre... relation, (elle n'avait pas de meilleure forumule) j'ai eu quelques problèmes... et j'ai sombré... Et si tu ne savais pas c'est encore une fois de ma faute. Je m'étais renfermée sur moi même par peur...

D'être déçue pensa t-elle.

Je venais de lui poser la question la plus indiscrète que j’aurais pu formuler. La curiosité me l’avait arrachée des lèvres et maintenant je ne pouvais plus me reprendre, car elle avait obligatoirement entendue le tout. Ma main se cramponna toujours un peu plus à la sienne, essayant de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à y répondre si elle ne le voulait pas, et je serai bien le dernier à l’obliger à quoi que soit, j’avais perdu contact avec elle il y a bien longtemps maintenant, tout était à recommencer, une confiance était à regagner. Après un moment emplis d’un silence pesant elle parla enfin, reprenant mon emploi injuste du mot « relation », ce qui me tortura toujours un peu plus. Encore des secrets. Comment de choses encore me cachait-elle.

« Tu connais le proverbe. Il n’est jamais trop tard. Surtout avec moi. » J’ignorais si elle s’ouvrirait à moi aujourd’hui, si elle ne l’avait pas fait autrefois, pourquoi le ferait-elle maintenant ?

« Je sais que ça fait longtemps et que je ne suis peut-être pas le plus fin psychologue, mais je veux que tu saches que malgré le temps qui nous a séparés, je serai toujours là pour toi. Always and forever. » Me rapellais-je. De simples promesse d’enfants naïfs, mais que je tiendrai toujours. J’ignorais si elle se souvenait encore de ce « always and forever » un soir échangé. Je rajoutai ensuite;

« On est pas obligé d’en parler aujourd’hui, ne ruinons pas cette journée. » Une belle journée en plus. En jetant un coup d’œil à l’extérieur, un soleil perçant me tenailla les pupilles avant que je reporte mon attention sur mon amie maintenant retrouvée.

« Tu avais des plans pour la journée? Si non, c’est officiel tu la passeras en ma compagnie, tu n’as pas le choix » Agrémentant le tout d’un sourire. Nos mains étaient toujours en contact l’une de l’autre, mais le geste ne me gênait en rien, pareil comme si elle ne m’avait jamais quitté.

Kellia l'écouta parler sans parler. Elle le regardait parler sans même l'entendre, seule sa voix résonnait dans sa tête comme une douce et harmonieuse mélodie. Le reste n'était que superflu. Pourtant des mots se firent entendre dans sa tête... Always and forever. Il n'avait donc pas oublié depuis tout ce temps ! Elle ne se rappelait plus des détails exacts mais elle savait que ce jour là, ils s'étaient promis l'un à l'autre d'être toujours présent dans les meilleurs et dans les mauvais moments. Radieuse, Kellia lui sourit. D'un seul coup, elle sentait que malgré le temps passé, certaines choses n'avait pas changé. A nouveau, elle sentit qu'elle pourrait se confier toute entière à lui. Mais, il l'incita à ne pas réveiller des souvenirs trop douloureux aujourd'hui. Et il avait raison, le temps était magnifique dehors et après tout, ils se retrouvaient après 10 ans de séparation ! Elle approuva donc d'un signe de tête. Une mèche de cheveux glissa sur son visage. Lentement, elle la fit glisser derrière son oreille puis elle répondit subtilement à sa question :

- Hey bien, tu viens de me dire ce que je ferais aujourd'hui. Ma journée, je la passe avec toi.

Miss Summers était vraiment rayonnante. Elle était si heureuse d'avoir retrouvé Shane, qu'elle en oubliait même le but de sa venue au Starbucks. Sa main serrant celle de son ami de toujours, des souvenirs heureux lui revinrent en mémoire. A contre-coeur, elle lâcha sa main. Elle plongea dans son sac et en ressortit une pince. Avec d'habiles mouvements connus des femmes, elle ramena les mèches de cheveux qui la gênaient en arrière dans une élégante coiffure. Puis, sans même y réfléchir sa main retrouva celle de Shane. Les années n'avaient pas changé le chemin qui aidaient leurs mains à se rejoindre après séparation.

- Qu'allons nous faire, dis moi ?

Je suivis des yeux son doigt replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille, ce simple geste me fit sourire. « Hey bien, tu viens de me dire ce que je ferais aujourd'hui. Ma journée, je la passe avec toi. » Me dit-elle alors que j’étais complètement ailleurs dans mes pensées. Tous ces souvenirs d’enfance qui refaisaient surface en ce jour de retrouvailles.

« C’est la bonne réponse. Tu la passes avec moi. Il est quoi ? » Dis-je en jetant un coup d’œil à ma montre; « Il est 13 heures, ce qui nous laisse encore 12 bonnes heures à passer ensemble chérie, tu es certaine que tu es prête à une journée remplis de… moi? » J’étais loin de prétendre que j’étais de la meilleure des compagnies, mais j’étais loin d’être un boulet à supporter non plus. Je pouvais sentir la main se resserrer dans la mienne, alors que moi j’étais complètement hypnotiser par ce magnifique sourire qu’elle m’offrait. Une étrange sensation vint me torturer de l’intérieure, elle me manquait tellement. Je l’avais sous les yeux, mais encore, elle me manquait comme si 10 ans nous séparaient encore. Elle mis fin à mes rêveries en reprenant possession de sa main, elle chercha quelque chose dans son sac un instant avant de ressortir quelque chose qui ressemblait à un gros peigne, ou je sais pas quoi. Elle fit quelque chose avec ses cheveux, moi je me contentais d’observer, toujours autant fasciné par sa beauté incroyable, cette beauté qui avait mûri avec les années, mais que je redécouvrais aujourd’hui avec fascination. Sa main retrouva la mienne aussitôt qu’elle jugea avoir terminée de se coiffer, ce simple geste me fit à nouveau sourire. « Qu'allons nous faire, dis moi ? » Me dit-elle alors que mes yeux observaient tranquillement nos deux mains entrelacées.

« Que dirais-tu de laisser le destin en décider? Il nous amènera là ou nous étions supposés être. » Comme le destin nous avait réunis aujourd’hui dans ce café. Je me levai alors, l’obligeant elle aussi à faire de même ne voulant pas séparer nos mains.

« Et ça commence ici. On a qu’à y aller avec ce qui nous viens. Tu dirais plus gauche ou droite ? » Je l’entraînai avec moi jusqu’à la porte, m’arrêtant juste avant la sortie, regardant de chaque côté pour voir si j’avais un pressentiment sur un ou l’autre, mais rien.

Son coeur se mit à battre à la chamade. Il l'avait appeler "chérie" et elle se sentit submergé par un sentiment doux, chaleureux. Sur son visage, un sourire rayonnant naquit. Kellia avait toujours adoré les petits surnoms qu'il lui avait donné dans le temps. Le manque de leurs câlins, leur tendresse se fit sentir dans son coeur. Il l'avait observé pendant qu'elle se recoiffait puis elle lui dit :

- 12 heures ?!, s'exclama-t-elle, mais c'est parfait ! Oui, je suis sûre que je veux passer ma journée avec toi. On a beaucoup de temps à rattraper !

« Que dirais-tu de laisser le destin en décider? Il nous amènera là ou nous étions supposés être. », lui dit il. Soudain, Kellia se sentit emportée par son ancien amant. Elle attrapa son sac et le suivit, toujours rayonnante. Puis lorsqu'il lui demanda de choisir de quel côté aller, Kellia lui répondit, après une fausse réflexion - elle voulait prolonger cette sensation qui la parcourait lorsqu'il tenait sa main :

- Je pense, dit elle en mettant un doigt sur sa joue avec un air faussement pensant, qu'on devrait aller à droite. Je suis droitière.

Kellia le regarda et lui fit un clin d'oeil malicieux. Elle l'entraîna alors hors du café en courant comme une enfant, heureuse de retrouvé son compagnon de jeux.