C'était difficile de décrire ce que je pouvais ressentir à cet instant précis, à cet endroit. Je me sentais tellement bien et apaisée mais si angoissée et terrifiée dans le même temps. Je me sentais bien car j'avais cette impression qu'à partir de maintenant, plus rien de mauvais ne pourrait m'arriver, que j'étais en sécurité et qu'Alexander prendrait bien soin de moi comme il se le devait. Cependant, l'autre côté de mes ressentis était que j'avais peur. Alexander ne faisait pas le métier le plus exemplaire qu'il soit au monde et ça pouvait parfois aussi être dangereux. Le milieu là n'était pas toujours très sain, bien au contraire. J'avais aussi peur de replonger, bien qu'il m'ait promis de tout faire pour que ça n'arrive pas. Et pour finir, j'avais peur de ne pas être à la hauteur, de le décevoir ou encore d'être déçue. L'amour, le vrai, existait il? Ou n'était-ce qu'une impression? L'amour sans blessure pouvait il être là, juste devant moi, en la personne d'Alexander Smet? Ou alors allais-je devoir souffrir de voir une nouvelle personne que j'aimais partir, me trahir?

Cessons de penser de manière négative pour le moment. Je lui demandai s'il avait quelque chose de prévu ou s'il allait pouvoir passer la journée au lit avec moi. La réponse qu'il me donna ne me plu pas. En effet, il me répondit qu'il devait travailler aujourd'hui et que si ses souvenirs étaient bons moi aussi j'avais des choses à faire. Aller à l'université... Étais-je obligée? En vérité, j'étais libre de mes choix. D'ailleurs, le fait qu'il m'ait appelée "princesse" ne changerait rien. Je faisais la tête car entre aller à l'université et rester au lit avec lui, mon choix était vite fait et il n'y avait pas photo! Je préférais évidement flâner à la maison tranquillement pour profiter un peu de lui. De ce fait, je tentai une nouvelle fois de le faire rester avec moi. Ce fut donc avec des yeux de chiens battus, des yeux doux et un visage triste que je tentai:

-Tu ne pourrais pas prendre un jour de congé?

Puis je décidai qu'il était grand temps que nous parlions, notamment de mon train de vie qui n'était pas des plus sains. Je le vis immédiatement se refermer et ce fut froidement qu'il me répondit en me demandant de quoi nous devions parler. Je me pris un peu comme une claque en plein visage vu la façon dont son comportement avait changé en l'espace de deux secondes, suite à une seule phrase. Je détournai les yeux un instant et soupirai. Non, ça ne me plaisait pas. Mais je connaissais son caractère et cela n'aurait même pas du me surprendre. Et pourtant. Je pris la décision de lui répondre en restant vague, sans le regarder, par trois simples et misérables petits mots qui voulaient tout dire, qui en disaient long sur le sujet que je désirais aborder, ou plutôt qu'il fallait que nous abordions:

-De nos fréquentations...

Cinq ans. Alexander était mon aîné de cinq années. Il avait donc vingt-quatre ans, moi en ayant dix-neuf. Et en plus de ça, il était dealer et c'était chez lui que je me fournissais durant ma période de droguée. Et oui, ça arrive. Parfois, les gens ont envie d'essayer autre chose, envie de planer. J'avais finalement arrêté au bout d'un an. Ne me demandez surtout pas comment j'avais fait. Je l'avais fait et c'était tout. Durant cette année de dépendance, j'avais fait pas mal de bêtises. Notamment des tas de choses avec Alexander. Et maintenant, j'étais avec lui? Oui, ça pouvait paraître étrange. Mais c'était la réalité. J'espérais sincèrement qu'il ferait en sorte que je ne replonge pas, tout comme il me l'avait promis. Nous avions déjà passé de nombreuses nuits ensemble mais jamais nous n'avions fait que dormir. Mais bon, il fallait un début à tout, n'est-ce-pas? Et puis, je voulais prendre mon temps. J'avais peur de tout gâcher.

Quoi qu'il en était, il accepta finalement de rester avec moi aujourd'hui. Je souris. Qui pouvait résister à mon petit minois de toute façon? (a) Mais je savais bien que s'il avait accepté, c'était surtout du fait qu'il savait aussi bien que moi qu'il fallait que nous parlions. Et que nous parlions d'un sujet pas très... disons pas très réjouissant. Je le vis se refermer lorsque je dis le mot fatidique: fréquentations. Je savais que c'était le sujet sensible. Si cela faisait un moment qu'il éprouvait des choses pour moi, forcément il avait du souffrir de ce que je faisais qui n'était pas très catholique ceci dit au passage. Il me demanda, avec un s'il te plait, si je pouvais, développer. Je baissai les yeux. Il savait ce que je voulais dire, il le savait même très bien! Je soupirai avant de relever mon visage vers lui et de répondre:

-Je me doute que ça ne te fera pas plaisir et je ne le fais pas de gaîté de coeur non plus mais... Il faut qu'on parle de... De nos coucheries par exemple...

J'hésitai en parlant, cela s'entendait aisément. C'était difficile de parler d'une chose que nous faisions tout les deux depuis longtemps et que nous allions devoir arrêter. C'était difficile aussi de changer son quotidien. Mais il faudra bien que nous le fassions car il en était de notre couple qu'il était question. Et même si cela était dur d'en parler, dur de changer, j'espérais qu'il ferait l'effort de me parler et je ferais l'effort d'arrêter mes conneries...