C'était une journée comme les autres qui venait de commencer. Je me levai et pris une douche pour assister à un de mes cours sur la photographie. Oui, pour une fois j'avais l'intention d'y aller car c'était sans doute le seul cours que j'aimais bien et qui était interessant. Je laissai couler l'eau tiède le long de mon corps puis quand j'eus finis de me laver, je sortis de la cabine pour me sécher. Devais-je attacher mes cheveux ou au contraire les laisser pendre? Vu mon état de ce matin, la question ne se posait même pas. Je m'habillai d'un pantalon et d'un débardeur puis j'attachai mes longs cheveux blonds en une queue de cheval, simplement, avant de me maquillai. Je pris ensuite mon sac de cours qui contenait déjà mon appareil photos et je partis en direction d'un café. Arrivée là bas, j'y commandai un petit-déjeuné et surtout un café à emporter. Le réveil était dur et je n'avais pas ma dose, surtout après la nuit de folies que j'avais passée, comme très souvent d'ailleurs. Je pris ma commande et partis en direction de l'université où j'y suivis mes quelques cours.

Arrivèrent les dix-sept heures et je quittai la salle de cours. Arrivée chez moi, on m'attendait devant. Un homme que je connaissais. Alexander était son patron et cet homme était donc simplemet son homme de main. Je soupirai et lui demandai ce qu'il voulait puis me dit que son patron voulait me voir près du lac dans une heure environ. Pourquoi Alexander insistait il? Je ne cessais de le repousser pourtant! Je rentrai chez moi en réfléchissant. Si je n'y allais pas, peut-être cesserait il de me courrir après. Mais en même temps, peut-être bien que j'avais envie d'y aller... Je soupirai un peu plus fortement en sortant et je partis en direction du lieu du rendez-vous. Il était déjà là quand j'arrivai, sur le ponton, et me tournait le dos. Je n'allais pas y aller par quatre chemins et je lui demandai directement ce qu'il voulait:

-Qu'est-ce-que tu veux Alexander? Je pensais avoir été claire les fois précédentes, non?

J'étais calme, ce qui m'étonnait moi-même. En général, j'avais plutôt tendance à partir au quart de tours. Alexander et moi, on se connaissait depuis un bon moment déjà. Il était mon dealer lorsque je consommais encore de la drogue et nous avions certains rapports. Mais bien que j'ai arrêté, étrangement, il continuait à garder le contact avec moi. Mais je ne suis guère sûre de la raison de ce comportement envers moi. Etait il possible qu'il ressente quelque chose pour moi? Laissez moi rire. Il ne montrait jamais rien alors jamais je ne pourrais savoir et réagir en conséquent...

J'énervais beaucoup de gens, j'avais pas mal d'ennemis. Et je pouvais dire que je leur faisais la vie dure. Et j'assumais parfaitement mon rôle de garce. Et certes, j'en étais une à cent pour cent, mais je ne cédais plus à Alexander depuis que j'avais cessé de me droguer. J'avais pris ces substances durant une bonne année environ et cela faisait à peu près autant de temps que j'étais clean. Pourquoi j'avais commencé? Je n'en savais rien. Comment j'avais arrêté? Je n'en savais rien non plus. Et enfin, comment je faisais pour tenir? J'avais de la chance que personne ne tentait de me faire céder. Pourtant, à chaque fois que je voyais cet homme, les souvenirs me revenaient à la mémoire. C'était comme revivre une seconde fois ce que j'avais vécu avec lui un an auparavant. Je devais avouer que parfois j'avais peur de replonger, rien qu'en le voyant. C'était tentant. Et je savais que je n'avais qu'à demander pour qu'il m'en fournisse dans les plus brefs délais. Mais j'avais trouvé une autre drogue, le sexe. C'était peut-être pour ça que je tenais sans replonger... Je l'ignorais en vérité. Il se tourna vers moi, enfin, et me souris. Mon coeur battait plus vite. Si j'avais peur? Non, certainement pas. Quoi que, ce n'était pas un homme forcément très fréquentable et il savait se faire respecter, être méchant. Cependant, si j'avais peur, je ne lui tiendrais pas tête depuis tout ce temps. Mais je devais avouer qu'il m'impressionnait. Il m'informa que j'avais même était limpide mais il me demanda aussi ce que je faisais là, si vraiment je ne voulais pas le voir. C'était une excellente question. Je maintins son regard, sans lâcher, sans céder, même si c'était difficile de garder mes yeux dans les siens.

Il finit par se tourner pour s'accouder à la barre du ponton. Cela me laissa donc le temps de réfléchir. Je pouvais toujours partir si je le désirais. Mais le voulais-je justement? Alors que je réfléchissais encore à ce que j'allais répondre à sa question, il me tendit son paquet de cigarettes après s'en être sortis une. Quelques secondes passèrent avant que je ne finisse par franchir la distance qui nous séparait encore. Je me retrouvai à côté de lui et je pris une cigarette, attendant qu'il allume la sienne pour récupérer son briquet. Regardant devant moi, fixant un point à l'horizon, je répondis finalement:

-Peut-être que j'étais curieuse de savoir ce que tu allais me dire cette fois-ci.

J'essayais de garder contenance, de rester aussi solide que je ne l'étais depuis que j'avais commencé à le repousser. Mais plus le temps passait, plus il continuait et plus cela devenait difficile. Je ne pouvais nier qu'il m'attirait mais je sortis immédiatement cette pensée de ma tête pour lui demander, bien que je connaissais sans doute déjà la réponse:

-Sérieusement, pourquoi m'avoir faite venir cette fois?

Depuis un long moment déjà, je me débrouillais toute seule. Mon père m'ayant jetée à la porte, je n'avais guère d'autre choix surtout qu'en plus de cela, il m'avait coupé les vivres. Et depuis de longues années, j'avais appris à tenir tête. Que ce soit à mon dernier véritable petit ami en date, qui remontait à déjà pas mal de temps, que ce soit à mon frère ou encore à mon frère, voir à des professeurs, je n'hésitais pas. J'étais comme ça et pas autrement. Et bien qu'Alexander avait un charisme bien différent et qu'il m'impressionnait nettement plus que l'autorité paternelle, fraternelle ou des professeurs, je ne voulais pas laisser mes bonnes vieilles habitudes de côté, alors je lui résistais. Je l'avais rejoins et je regardais un point au loin, après avoir pris une cigarette. Je pris son briquet pour l'allumer et je tirai une fois dessus pour recracher toute la fumée. Je préférais nettement ne pas le regarder pour l'instant, tout en lui répondant enfin et en lui demandant la véritable raison de ce rendez-vous. Cependant, quand je sentis son regard se poser sur moi, je ne pus m'empêcher de me tourner à mon tour vers lui. Je vis son regard différent mais je ne voulais pas en tenir rigueur. << Je voulais juste être avec toi, c'est si mal que ça? >> fut sa réponse. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine, bond que j'aurais voulu contrôler mais que je ne réussis pas à maitriser. Je détournai mon regard pour tirer une nouvelle bouffée sur ma cigarette alors que du coin de l'oeil, je le vis s'éloigner doucement de moi. Je gardai le silence un instant, continuant à fumer ma cigarette. Moi qui d'habitude avait le sens de la répartie, j'étais pétrifiée. Je ne trouvais pas quoi dire sur le coup, il m'avait prise de court. Je décidai donc finalement d'esquiver, d'une certaine manière, en répondant:

-Tu sais très bien que je ne te donnerais pas ce que tu recevais quand je prenais de la drogue... Alors pourquoi insistes-tu?

C'était vrai, il savait très bien qu'il n'aurait plus ça maitenant que j'avais arrêté. Alors pourquoi continuait il à me courrir après? Il n'était pas le genre d'hommes à ne s'interesser qu'à une seule femme, il n'était pas le genre à tomber amoureux et encore moins à se caser. Et il savait parfaitement que j'étais têtue et que je ne cèderais pas. Alors pourquoi continuait il malgré tout...? Mes pensées se bousculaient dans ma tête tandis que je pris une nouvelle bouffée. Je ne fumais pas tous les jours, loin de là, mais pour le coup, ça m'aidait à rester calme, ça me détendait. Je réalisai que je n'aurais pas du venir, qu'il allait croire que j'avais malgré tout envie de le voir etc... Ce qui n'était certes peut-être pas faux mais... Rah, tout était si compliqué! Pourquoi la vie n'avait elle pas pu continuer à se résumer à: fêtes, alcool, sexe?! Pourquoi avait il fallu que ma relation avec Alexander, mon ex-dealer devienne si étrange? Je soupirai un instant. Je n'étais pas insensible et c'était ça le problème. Enfin, c'était plutôt le premier problème. Le second étant que je ne pourrais sans doute jamais savoir ce qu'il ressentait...

En temps normal, je ne me prenais pas la tête comme ça. Je vivais ma vie, au jour le jour, sans me poser de questions. J'avais décidé depuis de nombreuses années à présent de ne plus chercher à comprendre, de m'amuser. Après tout, nous n'avons qu'une seule vie et je ne voulais pas arriver à la veille de ma mort avec le regret de ne pas avoir su profiter de ma jeunesse et de mon pouvoir de séduction. Mais dés qu'il s'agissait d'Alexander et de son comportement envers moi, s'en était terminé de toutes mes "bonnes" résolutions. Il me perturbait. Bien plus que je ne voulais l'admettre et bien plus qu'il ne devrait. Après sa révélation, j'avais été obligée de détourner mon regard. Je savais déjà qu'il avait du remarquer mon changement, je me doutais bien qu'il avait vu que je n'étais pas aussi insensible que ce que je prétendais. Il avait terminé sa cigarette avant moi, et il la jeta. J'en profitai pour rester un peu dans mes pensées avant de briser le silence. Puis il se tourna vers moi finalement. Devais-je le regarder? Ou ne le devais-je pas? Je devais avouer que je ne savais guère quoi faire, j'étais prise au dépourvue. Pour la première fois depuis longtemps. Je continuais à regarder devant moi jusqu'à ce que je le sentis se rapprocher de moi doucement. Je me tournai alors vers lui et son regard capta immédiatement le mien. Nous étions face à face, les yeux dans les yeux. Il me demanda pourquoi moi j'insistais, me rappellant que je savais très bien qu'il ne me suivrait pas sur ce sujet et que jamais je ne connaitrais le fond de sa pensée sur ce même sujet. Il avait raison, évidement. Assez! J'avais été assez faible pour aujourd'hui. Comme si je reprenais du poil de la bête, je répondis à sa question d'une manière catégorique mais je n'en pensais pas moins:

-J'insiste parce que tu insistes. Et il y a forcément une raison à cela. N'essaie pas de me faire croire le contraire. Je te connais, tu n'es pas le genre d'homme qui veut simplement passer du temps avec une fille. Et sachant que je ne coucherais pas avec toi et à quel point je suis têtue, pourquoi tu continues?

Et ma determination repartis aussi rapidement qu'elle était revenue. Je sentis mon coeur se remettre à battre un peu plus fort qu'à la normale alors qu'il mit une mèche de mes cheveux derrière mon oreille en frôlant légèrement mon cou. J'avalai ma salive, tentant de paraitre calme et me forcant à continuer à le regarder dans les yeux. Pourquoi devait il avoir eu ce geste finalement tendre? Pourquoi continuait il à me regarder ainsi dans les yeux? Je ne pouvais plus résister... C'était trop dur de sans arrêt le repousser... J'en pouvais plus. Je ne répondis rien de plus et maintenais son regard. Il avait remit sa main dans la poche et c'était trop tard. Ma raison avait déjà cédé par rapport à mon envie et je m'approchai alors de lui subitement pour l'embrasser, posant un instant mes mains sur son torse. Quand je réalisai ce que j'étais en train de faire, au bout de quelques secondes, je me détachai et je le regardai un instant, bouche bée. Pourquoi avais-je craqué? Ce n'était pas le fait de coucher qui me dérangait en soi, mais c'était le fait que ce soit avec Alexander. Je resentais quelque chose qui ne me permettait pas d'aller plus loin, surtout pas sans savoir ce que lui pouvait ressentir. Et c'était bien pour tout ça, pour toutes ces raisons que je n'avais cessé de le repousser depuis tout ce temps! Et là, c'était finis... J'avais cédé... Il allait maintenant croire que je le voulais absolument, que je resentais des choses pour lui et... Et tout ce qu'il s'en suivait! Certes ce n'était pas tout à fait faux, mais ça cassait tout ce que je m'étais mis en tête tout ce temps... Au bout d'un instant de réfléxion très bref, je me tournai et me mis à m'éloigner. Je ne voulais pas voir dans son regard la victoire écrasante qu'il venait de me mettre, même s'il n'avait pas fait grand chose pour cela finalement, ce soir là...

Après lui avoir cloué le bec, je l'avais embrassé. Je pressentais d'avoir fait une erreur et au lieu d'assister à sa victoire et au lieu de lire dans ses yeux à quel point il était fier de m'avoir finalement fait céder au bout de toutes ces longues semaines et de tout ces longs mois, j'avais préféré me détourner pour partir. A quoi bon rester? Pour l'entendre se vanter, pour l'entendre me dire qu'il avait raison? Non, merci. Mieux valait que je parte pour malgré tout garder ma fierté. Car oui, moi aussi j'avais ma fierté. Et peut-être qu'il avait finalement gagné cette bataille, mais il ne gagnerait pas la guerre. Façon de parler, évidement. Du moins, c'était ce que je me disais avant que je ne sente sa main me prendre le bras pour que je le regarde. Son regard... Ses yeux étaient... Différents? Il ne me regardait pas de la même manière. Il me dit qu'il insistait car il tenait à moi. Evidement qu'il allait dire ça, il voulait me mettre dans son lit, c'était tout.

Mais la suite me perturba bien plus. Il continua en disant que je devais profiter de ce qu'il disait aujourd'hui car demain il me ferait peut-être du mal. J'avalai ma salive, difficilement, hésitante, le coeur battant la chamade. Il poursuivit en disant qu'il n'arrivait pas à passer des semaines sans moi, qu'il était comme malade et termina en disant qu'il avait besoin de moi. Cette fois, c'était moi qui avait le bec de cloué. Je ne trouvai rien à répliquer suite à ses révélations. Je baissai les yeux alors qu'il laissa glisser sa main pour l'enlever de mon bras et qu'il s'éloigna. D'habitude, je me montrais toujours si fière, si sûre de moi et là... J'étais comme une petite fille. J'étais comme celle que j'avais été, qui avait eu si peur de jouer du piano pour son spectacle de fin d'année et que son frère avait du remotiver après qu'elle avait quitté la scène. La scène, c'était ce lieu près du lac. Et j'avais envie de quitter la scène pour réfléchir à mon personnage, à la tournure que prenait le scénario. Une tournure qui n'était pas prévue. Le scénario avait été modifié au dernier moment, sans que je ne sois au courant? Il n'avait pas le droit... Il n'avait pas le droit de me laisser croire depuis tout ce temps que je n'étais qu'une "poule" parmis tant d'autres! Il n'avait pas le droit de me dire tout ça pour ensuite retrouver son visage impassible! C'était pas juste!

Je mis quelques secondes avant de relever les yeux et de remarquer qu'il attendait que je le rejoigne. Il allait surement me déposer chez moi et partir comme s'il n'avait jamais rien dit. Je ne savais pas quoi faire. Je n'avais jamais été confrontée à une telle situation. D'habitude, je couchais avec un homme et je ne le revoyais plus. Les choses étaient si simples lors des fêtes! Je ne voulais pas monter dans sa voiture, je crois que j'avais besoin de temps pour digérer ce qu'il venait de dire. Non pas que ça me déplaisait! Au contraire! Je... Je n'étais pas insensible, loin de là. Mais je connaissais déjà la suite. Il ferait semblant de n'avoir jamais rien dit et tout redeviendrait "normal", comme avant... Et si, pour une fois, je ne voulais pas que tout redevienne comme avant? Je n'avais cependant pas trop le choix. La nuit commençait à tomber et je n'avais pas très envie de rentrer seule malgré tout. J'allai donc le rejoindre et je montai du côté passager, en silence. Je fixais le paysage à travers ma vitre, juste pour ne pas avoir à le regarder lui. J'attendis qu'il démarre et roule un instant avant de finalement prendre mon courage à deux mains. Je tournai légèrement mon visage pour regarder à travers le pare-brise et je repris la parole après mon long temps de silence depuis sa déclaration:

-Tu n'as pas le droit... T'as pas le droit de me regarder de cette manière et de me dire tout ça pour ensuite retrouver ton visage impassible... Et tu l'sais que t'as pas le droit.

Je fixais devant moi, par peur de croiser son regard et de ne pas réussir à garder mon sang froid ou tout simplement de peur de ne pas réussir à lui dire tout ça. Je savais qu'Alexander ne disait pas ce genre de chose s'il ne les pensait pas. Même s'il était bon manipulateur, il n'était pas comme ça. Je devais me retenir pour ne pas me mettre en colère d'un côté et je devais me retenir pour ne pas pleurer de l'autre. La dernière fois que j'avais eu une relation, ça avait duré deux ans mais nous n'étions pas réellement ensemble lui et moi. C'était plus du fun qu'autre chose. Mais avec Alexander, je ressentais autre chose. Et les dernières personnes que j'avais aimées d'amour m'avaient toutes fait souffrir. Ma mère, avec sa maladie. Mon père et mon frère en me mentant, me trahissant pendant des années... Si j'étais devenue celle que j'étais, une pure garce, c'était bien pour ne plus avoir à souffrir comme ça. Et pourtant, il avait fallu qu'Alexander me fasse resentir à nouveau ces choses... Ma mère de cheveux, celle que quelques minutes auparavant avait été remise derrière mon oreille par Alexander, retomba sur mon visage. Cela m'arrangeait d'une certaine façon car ainsi il verrait moins bien mon visage et donc ce qu'il exprimait. D'ailleurs, qu'exprimait-il? De l'incompréhension, l'envie de le réembrasser... Peut-être même un peu d'amour, que pourtant je m'efforçais de cacher du mieux possible. J'attendis simplement qu'il me réponde, regardant toujours devant moi. Une autre question me vint à l'esprit. Je me doutais qu'il ne me répondrait pas et ce fut pourquoi je rajoutai une phrase à la suite de mon interrogation:

-Est-ce-que...Je t'ai fais souffrir en te rejetant...? Pourquoi t'as... Rien dit plus tôt? Et n'essaie pas de me mentir, maintenant qu'on est à ce stade...

J'étais hésitante parce qu'encore perdue et surprise. J'étais totalement désemparée et je réalisais qu'aujourd'hui, j'aurais peut-être bien eu besoin de l'aide et de l'avis de mon frère, Shane. Mais c'était trop tard. J'avais tout quitté, je m'étais débrouillée seule donc maintenant c'était à moi d'assumer et de continuer à gérer tout ça...

Deux ans. Deux ans que l'on se connaissait. Depuis quand ressentais-je quelque chose pour lui? Je l'ignorais. Durant notre première année de cotoyement, j'étais très souvent défoncée et je savais même plus trop ce que je faisais. J'avais surement couché avec lui très souvent mais parfois, en fonction de la dose prise, je ne me souvenais plus de ce que j'avais fait. J'étais sûre d'avoir eu des rapports avec lui parce que je me souvenais de certaines fois quand même xD. Une fois que j'avais réussis à décrocher de la drogue, j'avais pris mes distances. Façon comme une autre de tout faire pour ne pas replonger. Mais lui avait insisté le plus début de ma prise de distance, il m'avait fait croire tout ce temps que tout ce qu'il voulait c'était coucher avec moi! Et c'était à cause de ça que je n'avais jamais cessé de le repousser! Et voila que du jour au lendemain, je l'embrassai et il m'avouait tout ça... J'étais totalement hors de contrôle. Mon coeur ne m'obéissait plus. M'avait il déjà obéit d'ailleurs? J'avais besoin de réponse... Oui, c'était de ça dont j'avais besoin. Je commençai par lui dire qu'il n'avait pas le droit de se comporter ainsi, de me dire toutes ces choses pour ensuite redevenir froid, comme à son habitude. Non, il n'avait pas le droit car ça me faisait du mal, quoi qu'il en était! Je sentis qu'il accélérait. Je savais que ça ne lui avait pas plu. D'habitude, c'était lui qui donnait les ordres alors le fait que je lui dise qu'il n'avait pas le droit de faire tout ça ne devait pas lui plaire. Je le savais mais je m'en dfichais un peu à dire vrai. Il me répondit que c'était une vieille habitude. On en restera là sur ce sujet, les questions qui allaient suivre seraient plus importantes, pour le moment. Je lui demandai si je lui avais fait du mal. Oui, je m'en voulais si je l'avais blessé, même si je ne pouvais pas deviner à la base. Il me répondit que je ne l'avais pas fait souffrir en le rejetant mais en allant en voir d'autres. Alexander me demanda de ne pas lui mentir non plus car il savait tout ce que j'avais fais durant ces deux années. Il me dit aussi de ne pas être choquée et que je pouvais m'en prendre à lui si je le voulais, qu'il s'en fichait. Il termina en répétant que je lui avais beaucoup de mal, rajoutant qu'il avait tout fait pour éviter ça mais que ça n'avait pas marché. Je fixais devant moi et je comprenais peu à peu qu'il m'avait surveillée. La voix cassée, je demandai confirmation:

-Tu veux dire que... Que tu m'as fait suivre...?

J'en revenais pas trop en fait. Il n'avait jamais rien laissé transparaitre et voila qu'en une soirée j'apprenais qu'il ressentait des choses pour moi depuis tout ce temps, qu'il m'avait fait suivre et qu'en couchant à droite à gauche, je lui avais fait du mal?! Ca faisait beaucoup en une soirée. Mais je n'en avais visiblement jamais assez puisque j'en redemandais, à croire que ses paroles, bien que légèrement blessantes, me faisaient du bien, me faisaient me sentir vivante.

-Pourquoi? Pourquoi t'as rien dit plus tôt?! Pourquoi tu m'as laissée continuer à vivre comme ça, à me comporter comme une garce?! Pourquoi t'as rien fait pour m'arrêter si je te faisais du mal?! Pourquoi... Pourquoi tu m'as laissée dans l'ignorance pendant si longtemps...?

Ma voix trahissait ma colère au début de mon questionnement puis elle s'adoucit totalement sur la dernière question. Je m'étais tournée vers lui, mes sourcils fronçés et un regard remplis de tristesse et d'incompréhension se posa sur lui. Mes yeux bleus n'exprimaient plus cette envie de vivre, de m'amuser. Ils ne trahissaient plus que ma tristesse de l'avoir fait souffrir et l'incompréhension quant à son comportement envers moi. J'avais besoin de quelqu'un maintenant plus que jamais et mon comportement de garce m'avait appris à être seule. Je devrais peut-être sortir? Oui, je devais marcher pour rentrer, réfléchir... Sentant les larmes monter durant mon interrogatoire, je reposai mon regard sur le pare-brise et demandai:

-Arrête toi... S'il te plait...

Je ne précisais pas que c'était pour descendre et rentrer à pieds, sinon il ne s'arrêterait peut-être pas. Et avec un peu de chance, il ne penserait pas à ça et penserait que je voulais simplement qu'on arrête de rouler pour parler ou autre chose. Même si le connaissant, il ne s'arrêtera pas, je pouvais toujours essayer non?

Il m'avait fait suivre tout ce temps? Il savait donc tout de mes relations, de mes fêtes, il savait avec qui j'avais couché et quand. Il devait aussi savoir pour Jared, pour le fait que c'était le seul dont je ne me lassais pas. Il devait savoir tout ce que je faisais et quand je le faisais. C'en était presque effrayant. Si on enlevait le fait qu'Alexander était un dealer, il représentait un beau partis et je savais que de nombreuses filles voudraient être à ma place. D'ailleurs, bien qu'il soit dealer, c'était déjà sans aucun doute le cas. Et moi? Et moi j'étais perdue. Perdue du fait que j'apprenais tant de choses d'un coup, perdue du fait que je n'avais aucun secret pour lui... Tout ça, tout ce qu'il se passait ce soir était des plus perturbants. Où était mon jardin secret? Où était mon intimité? Il savait déjà tout. Je n'avais même plus rien à moi toute seule. Je venai de lui poser une multitude de questions, les unes après les autres. Il me répondit qu'effectivement, il m'avait fait suivre; pour s'assurer que je ne risquais rien et que rien ne pourrait m'arriver. Ca partait donc d'une bonne intention... Mais n'empêche que me surveiller était peut-être un peu poussé, d'après moi. J'étais grande, je pouvais me débrouiller toute seule comme je le faisais depuis des années! Ce me rappellait presque le comportement de mon père et de mon frère, a toujours vouloir diriger ma vie. Mais je savais que c'était différent pour Alexander parce que s'il avait voulu diriger ma vie, il se serait fait un plaisir de faire comprendre à Jared par exemple qu'il ne devait plus m'approcher. Et pareil avec tout les autres. Je ne dis rien et le laissai continuer. Il me dit qu'il ne m'avait rien dit plus tôt car il ne pouvait pas assumer ses sentiments, qu'il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. J'aurais pu me douter d'une telle réponse. Il continua en disant que maintenant qu'il avait compris, il s'était décidé à m'avouer tout ça. << Mais ne te joues pas de moi, je pense que tu m'as fais assez de mal comme ça >> fut sa phrase suivante. Je secouai doucement ma tête de droite à gauche. Sa phrase sonnait comme un reproche. Est-ce-que j'y pouvais quelque chose, moi, s'il n'avait pas eu le cran de tout me dire avant? J'y pouvais quelque chose s'il n'avait jamais tenté de m'arrêter dans mes coucheries et tout ce qu'il s'en suivait? Puis il me dit être désolé s'il me fait du mal car ce n'était pas son intention et il me demanda de le croire.

-Le fait que je t'ai fais souffrir sonne comme un horrible reproche... Mais j'y peux rien si tu m'as laissé vivre ma vie sans rien dire avant... Et le pire, c'est que je me sens quand même coupable de t'avoir fait du mal, même si je pouvais pas deviner...

Je crois que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentis coupable de faire souffrir quelqu'un. Et c'était la première fois depuis longtemps que je ne faisais pas souffrir une personne de manière volontaire. Il caressa alors ma joue avant de reposer son attention sur la route. Je lui demandai de s'arrêter. Je voulais sortir pour rentrer chez moi à pieds, prendre l'air, digérer tout ça et tenter de comprendre. J'avais aussi besoin de cette solitude pour pleurer en rentrant. Depuis combien de temps n'avais-je pas pleuré? Un long, très long moment. Surement depuis le jour où j'ai appris que ma famille m'avait trahis... J'avais 16 ans à l'époque là. Aujourd'hui, j'en avais dix-neuf. Et j'avais envie de pleurer comme jamais en ces trois dernières années. Il accéléra et ça me fit peur. Il roulait trop vite et lorsqu'il freina pour se garer devant chez moi, je pleurais. J'essuyais rapidement mes yeux pour éviter qu'il le voit et tandis qu'il posa son regard sur moi, je me tournai vers lui et le giflai:

-Ca c'est pour avoir roulé si vite alors que je t'avais demandé de t'arrêter...

J'aurais pu le gifler plus fort mais ça suffisait. J'étais plus sûre de moi du tout, contrairement à ce que j'affichais toujours d'habitude. Oh puis zut! A quoi bon me retenir?! J'enlevai ma ceinture et posai mes coudes sur mes genoux pour réfléchir dans le silence quelques instants. J'avais envie de lui dire ces trois mots fatidiques mais et s'il n'était pas prêt à les entendre? Et si... Et si je faisais une erreur en lui donnant ma confiance? Je commençai donc par dire, la tête baissée vers mes pieds:

-Ca fait trois ans que je n'ai pas pleuré. Ca fait trois ans qu'aucun homme n'a eu ma confiance après avoir été trahis par mon père et mon frère... Tu savais tout ça? Tu savais que ma mère est morte d'un cancer, que tout le monde le savait même mon frère adoptif d'à peine un an de plus que moi, mais que moi je l'ignorais? Tu savais que je n'ai appris la vérité que quatre ans plus tard, à l'âge de 16 ans? Tu savais que j'ai été mise à la porte de chez moi à 18 ans et que mon frère est ici, à Niagara...? Il me surveille sur ordre de mon père d'ailleurs...

Je ris doucement et nerveusement. Je ne parlais jamais de tout ça. Jamais. C'était mon passé et je voulais que ça reste mon passé. Mais j'avais comme le besoin de lui faire comprendre que même s'il croyait savoir qui j'étais, il ne savait pas ce qu'il s'était passé avant il y a deux ans, avant qu'on se connaisse. C'était sans doute le premier à qui j'en parlais... Je venais de résumer ma petite vie et ainsi, il comprendrait pourquoi je suis devenue comme ça... Je tournai alors mon regard triste vers lui pour lui demander autre chose et tan pis s'il prenait peur par ma question, je devais le dire maintenant que je savais tout ça. Ma question paraitrait peut-être stupide à certaines personnes mais ça m'était égal. Mon coeur se serra parce que j'avais peur, pour la première fois, de la réponse qu'il pourrait me donner. Car là, il n'était pas face à la Léah qu'il avait l'habitude de voir, dure, forte et grande gueule avec le sens de la répartie. Non, là, il était en face de la Léah fragile et sensible que j'étais quand j'étais enfant et que je croyais enterrée à jamais. A croire que je m'étais trompée et qu'il avait fallu d'un homme, un seul, pour la faire resurgir...

-Si je te disais "je t'aime", tu prendrais peur...?

Au fur et à mesure que les minutes passaient, je comprenais à quel point on était en train de souffrir. Tout les deux. On s'envoyait tout au visage et je savais que c'était aussi difficile l'un que pour l'autre. Mais au fond, j'avais beau être fâchée contre lui pour m'avoir fait suivre; pour m'avoir laisser vivre ma vie si longtemps en me cachant la vérité, je ne pouvais lui en vouloir. Je n'en avais pas réellement le droit. Mon comportement voulait bien dire que je ne voulais pas d'une relation sérieuse et je n'avais cessé de le repousser. J'aurais peut-être du essayer de plus comprendre ce qu'il voulait exactement, j'aurais peut-être du tenter d'aller plus en profondeur pour savoir s'il ne voulait effectivement que continuer à coucher avec moi. En fait, nous étions tout deux fautifs dans cette histoire. Si notre relation avait pris cette tournure, c'était notre faute. Je ne pouvais pas lui reprocher de s'être tut car je n'avais jamais rien fait pour lui faciliter la tâche. Cependant, sur le coup de la colère du fait qu'il avait fait le contraire de ce que je lui avais demandé, une gifle partit. Je finis par la regretter mais il était trop tard, je ne pouvais plus l'enlever. Il ne broncha pas. Je lui racontai ma vie. Quelle idiote je faisais. C'était ridicule de lui raconter tout ça mais j'en avais ressentis le besoin, comme si j'avais voulu qu'il comprenne des choses. Pour seule réponse, il pressa doucement ma main quelques secondes. Je regardais nos mains durant son contact puis il l'enleva. J'aurais tellement voulu que ce contact dure plus longtemps. Sa main sur la mienne me réconforta automatiquement et me rassura légèrement. Quand je me tournai vers lui, son regard se plongea dans le mien et je lui posai ma question fatidique. Je voulais savoir s'il viendrait à prendre prendre si je lui disais que je l'aimais. Je m'étais totalement calmée, je n'étais plus fâchée du tout contre lui. Ma question le fit sourire. Sourire? Il se mit à tenir mon menton délicatement et il rapprocha son visage du mien. Je le regardais dans les yeux tandis qu'il me répondit qu'il ne prendrait pas peur et qu'il me répondrait qu'il m'aimait aussi. Mon coeur battait la chamade. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas ressentis tout ça! Les émotions que je pouvais resentir à l'heure actuelle étaient fortes et se mélangeaient quelque peu. Mais il m'embrassa tendrement et mes doutes s'évanouirent alors d'un seul coup. Le baiser fut court mais il suffit à me faire comprendre ce que je voulais vraiment. Je posai ma main sur sa joue et le regardant dans les yeux, mon coeur battant toujours aussi fort, et je lui dis:

-Dans ce cas... Je t'aime.

L'avoir entendu me dire qu'il me répondrait m'aimer aussi avait fait faire un bond à mon coeur dans ma poitrine, pour la seconde fois dans la soirée. Je l'embrassai doucement, tendrement puis je sortis de la voiture car l'espace devenait trop pesant. Je lui fis signe de sortir puis je pris sa main pour le guider jusqu'à chez moi en silence. J'avais juste envie d'être dans ses bras. Je le laissai entrer et refermer derrière nous puis le fit s'asseoit sur le canapé. Je m'installai à côté de lui et réclamai ses bras. Je voulais m'y sentir bien et en sécurité. Je n'avais que besoin de ça. Maintenant qu'on était là, je devais encore lui demander quelque chose. Je dis doucement, restant bien contre lui:

-J'ai besoin que tu me promettes... De faire en sorte que je ne replonge pas dans la drogue... C'est aussi en partie pour ça que je m'étais éloignée, de peur de retomber dedans...

Je ne pensais même pas aux conséquences que ces déclarations mutuelles allaient avoir sur mon mode de vie. Je couchais à droite à gauche mais si j'étais avec Alexander... Ca m'était tout ça de côté, non? Je n'y pensai pas pour le moment, mais peut-être qu'Alexander oui... En parlerait il? Je l'ignorais...

C'était réellement étrange la façon dont pouvait basculer d'un seul coup, sans crier gare, votre petit monde. Jamais, en allant à ce "rendez-vous" avec Alexander, je n'aurais imaginé que tout ça se passerait, bien loin de là. Et pourtant, nous étions là, dans sa voiture, et on venait de tout s'avouer. C'était tellement bizarre et hors du commun la manière dont nos deux mondes, dont nos deux vies, venaient de s'entrechoquer. J'avais besoin d'un endroit qui m'était plus familier pour continuer notre conversation. Je l'emmenai donc, après notre échange de baisers, jusque dans mon appartement, sur mon canapé. Je vins me glisser entre ses bras pour me sentir mieux. Et ça eut l'effet escompté. Sentir son bras autour de mes épaules, sa main sur mon bras, tout ça me procura imméditament un sentiment de sécurité intense. Non pas que d'habitude je me sentais menacée, pas du tout! Simplement, avoir les bras de celui qu'on aime autour de soi, n'était-ce pas un plus? Ca avait le don de nous réconforter et de nous faire nous sentir mieux, de nous faire comprendre que nous n'étions et nous ne serons jamais seul. Il déposa un baiser sur mes cheveux et j'eus un petit sourire. Lorsqu'il se mit à caresser mon bras de son pouce, je ne pus réprimer des frissons. Ce n'était pas avec mon mode de vie que j'avais droit à beaucoup de moment comme ça, tendres et simples, pleins de sincérité. Je lui expliquai alors pourquoi j'avais eu peur et lui demandai de me faire la promesse de m'éviter de replonger dans la drogue. Il me murmura à l'oreille que je ne risquais rien avec lui, qu'il ne me laissera jamais retomber la dedans et qu'il me le promettait. Je fermais les yeux le temps qu'il me réponde, juste durant les quelques secondes que dura sa prise de parole. Certes je n'y avais pas touché depuis un an, mais j'avais été dépendante et pas qu'un peu. Et c'était si simple de retomber dans le cercle vicieux et infernal de la drogue! Je rouvris les yeux et me serrai un peu plus contre lui, ma tête contre son épaule et une main sur son torse, près de mon visage. Sa tête vint se mettre contre la sienne et je me sentais... Calme. Oui, c'était le terme approprié. Je me sentais bien et calme, maintenant que j'étais à ses côtés. J'imaginais déjà la tête de mon frère... J'en ris intérieurement. Il n'allait pas être content, Alexander était loin d'être une bonne fréquentation en soi. Et j'étais déjà sûre qu'il allait me faire la morale et être fâché. Mais tant pis. C'était mon choix. Je voulais être avec cet homme alors je le serais. De toute façon, la garce que j'étais devenue ne pouvait que bien s'entendre avec un bad boy, non? Tout homme sain d'esprit ne pouvait pas vouloir de moi pour une relation sérieuse, fallait être suicidaire :P *Sbaff* Je demandai doucement:

-Tu resterais avec moi cette nuit...? Pour dormir. Ou alors tu as d'autres choses à régler...?

Je lui proposais de passer la nuit avec moi mais je précisais que c'était pour dormir. Etrangement, je ne voulais pas précipité les choses avec lui, et je préférais lui préciser le pourquoi je voulais qu'il reste. Et quand je parlais des autres choses à régler, je parlais évidement de ses petites affaires, de ses petits trafics. Mais une autre question me trottait dans la tête, une questions que je ne pouvais pas poser à Alexander puisqu'elle me concernait. Serais-je capable de mettre de côté ma vie? Mes mauvaises habitudes? Serais-je capable de... D'être fidèle? Ca ne voulait pas sortir de mon esprit, quoi que je tente de faire, peu importait les sujets auxquels j'essayais de penser. Et si je faisais une erreur? Et si je n'étais pas faite pour... Vivre une vie de couple normalement? Je grimaçai doucement puis reconcentrai mon attention sur Alexander, attendant sa réponse, pour ne pas penser à des choses négatives, me disant que nous verrons bien et que peut-être, demain, il me parlerait de mon mode de vie de lui-même... Après tout, ce soir, je présumais qu'aucun de nous deux ne voulait gâcher ce qu'il se passait mais que demain était un autre jour et qu'il faudra bien que nous en parlions un jour ou l'autre...

J'avais juste besoin de me sentir protéger. Et c'était justement ce qu'Alexander m'apportait. C'était certes étrange car nos deux mondes étaient tout de même bien différent. Même si j'avais côtoyé son monde durant un an, c'était pas la même chose et surtout, j'en étais sortis depuis une année également. Et pourtant, malgré que je le connaissais, je me disais qu'il m'apporterait peut-être la stabilité qu'il me fallait... Bien que beaucoup de personnes, mon père et mon frère les premiers, auraient jugés que ce n'était pas stable du tout de sortir avec un dealer. Et peut-être n'avaient ils pas tort... Mais peut-être avaient ils tort justement. Le fait qu'il soit dealer ne le dispensait pas de bien s'occuper de moi et de m'offrir malgré tout la stabilité dont toute femme avait besoin, surtout celles qui comme moi étaient très... Ouvertes, dirons nous.

J'étais dans ses bras, ma main venait de se poser sur son torse et je lui demandai s'il voulait bien rester avec moi cette nuit, précisant que c'était uniquement pour dormir. Je voulais être sûre qu'il n'y avait pas de malentendus. Il se mit à caresser mes cheveux avant de me répondre que oui, si je le voulais. Je souris doucement, plutôt contente qu'il accepte et qu'il ne me dise pas que ses affaires l'attendaient. Il caressa mes cheveux et je le laissai faire durant un moment, dans le silence, profitant simplement de sa présence et de ses bras. Puis au bout d'un moment, je me redressai et le pris par la main pour l'emmener dans ma chambre. Je me couchai et me mis dans ses bras dés qu'il se fut installé. Je m'endormis rapidement contre lui, j'étais épuisée. Et j'étais tellement à l'aise, tellement simplement moi que les bras de Morphée purent me prendre. Je dormis toute la nuit, comme un petit bébé. J'étais paisible, calme. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas passé une telle nuit tranquille.

Le lendemain matin, je me réveillai la première, toujours contre Alexander. Je souris en le voyant à mes côtés car j'avais d'abord cru que tout ce qui s'était passé la veille n'avait été qu'un magnifique rêve. Mais non, tout était bel et bien réel. Je me levai doucement pour ne pas le réveiller et je réalisai que j'étais encore toute habillée. Je souris doucement, me sentant bizarre. Je pris malgré tout une robe de chambre car il faisait frais le matin et qu'il était tout de même assez tôt. Je l'enfilai et partie dans la cuisine, discrètement, pour faire un petit-déjeuné. Oui, moi, Léah Montgomery, j'avais envie de faire le petit-déjeuné. Alors qu'en temps normal, je ne mangeais jamais rien le matin! Je regardai l'heure après avoir terminé et je remarquai que j'étais sensé être en cours... Tant pis! Ca ne serait pas la première fois que je séchais et ça n'était certainement pas la dernière non plus. Je pris le plateau et retournai dans la chambre, grimpant sur le lit du côté où j'avais dormis après avoir déposé le repas sur ma table de chevet. Je m'approchai d'Alexander et l'embrassai tendrement pour le réveiller.

-Alex? Réveille toi, le petit-déjeuné est prêt...

Je souris, bien que je n'étais pas sûre que le réveiller soit une bonne idée. Il risquait d'être grincheux et de me râler par dessus par exemple. Ou alors, il risquait de vouloir m'embêter en se jetant sur moi juste pour m'ennuyer et me faire rire. J'ignorais totalement comment il se comportait au réveil. J'ignorais totalement comment il se comporterait tout court aussi xD

Après avoir passé une nuit calme et simple, loin de tout ce que je fréquentais habituellement la nuit, je m'étais levée et j'avais préparé un bon petit-déjeuné pour celui qui était depuis la veille mon petit-ami. Comme c'était étrange... J'avais encore du mal à réaliser. Tout en préparant ce repas de la journée, je réfléchissais. Etre avec Alexander voulait dire tout arrêter. Arrêter de sortir faire la fête, arrêter de coucher à droite à gauche, arrêter de draguer tout ce qui bougeait etc... Etais-je prête? Je savais pas. Ce dont j'étais sûre c'était que j'allais tenter d'éviter le sujet pendant quelques jours au moins, histoire de pas gâcher ce qui était en train de naitre entre nous, même si je savais pertinement qu'il faudrait bien qu'on en parle un jour. Mais pas aujourd'hui.

Je vins le retrouver sur le lit et le réveillai doucement en l'embrassant et je l'informai qu'un petit-déjeuné l'attendait. Je souriais et me fichais de ma tête du matin. En fait, je n'y avais pas pensé une seule seconde, moi qui était toujours au top et tout. A peine avait il ouvert les yeux qu'il m'attrapa et m'attira à lui pour que je me retrouve sur lui. Je me mis à rire alors qu'il m'embrassa en caressant mon dos et mes hanches. Je prenais appuis sur mes deux mains, une de chaque côté de son visage, pour ne pas lui tomber dessus non plus. Je prolongeai son baiser puis il me regarda un moment qui me parut interminable. Il caressa un instant ma joue de façon distraite et moi je souriais stupidement en le regardant également. Son regard ainsi posé sur moi, je me sentais quelque peu génée. Je ne l'avais jamais vu me regarder de cette façon et ses yeux si profonds et sincères me perturbaient. C'était la première fois que le regard d'un homme me faisait cet effet... Et je sentis mes joues rougir légèrement à cette insistance. Il finit par me lâcher et je m'installai à ses côtés tandis qu'il prit la parole pour me dire que je venais chez lui quand je voulais car il aimait bien avoir des "petites femmes qui le nourissent". Je le regardai et me mis à rire avant de répondre:

-Tout d'abord, je ne suis pas petite. Ensuite, je ne te nourirrais pas, tu es assez grand pour te débrouiller et je me laisserais pas marcher sur les pieds.

Bien sûr, j'étais loin d'être petite. Parfois je me trouvais presque trop grande. Mais j'aimais bien être grande. Et ensuite, Alexander savait déjà que je n'étais pas du genre à me faire contrôler mais j'avais juste envie de le lui rappeller au cas où il se mettrait à pense que l'amour me rendrait trop guimauve et me ferait faire tout et n'importe quoi pour lui xD Je souris alors en le regardant et en répondant:

-Puis, c'est un peu tôt pour que je vienne chez toi, surtout juste pour te nourrir.

Je ris doucement. J'avais compris cette phrase comme ça, non comme une invitation permanente puisqu'on venait à peine de s'avouer des choses, c'était évident. J'ajoutai doucement et calmement, en souriant, voulant l'ennuyer un peu:

-Et puis d'ailleurs, je trouve ça tôt aussi pour un petit-déjeuné au lit... Jcrois que je vais le ramener à la cuisine...

Je bougeai alors, lui tournant à présent le dos, et je faisais semblant que j'allais effectivement reprendre le plateau pour à nouveau le ramener à la cuisine alors que je n'en avais pas l'intention. Je voulais simplement voir s'il allait m'en empêcher et donc sa réaction :P

Me retrouver dans ma chambre avec un homme, qui plus était Alexander, sans avoir rien fait la veille, en ayant simplement dormis comme deux personnes très sages, c'était une première pour moi. Ca faisait longtemps, très longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Mais je me sentais bien. Tout simplement. C'était comme si un poids m'avait été enlevé, un poids que je portais depuis trop longtemps. Qui aurait cru qu'Alexander et moi finirions en couple vu notre relation des plus distantes? Certainement pas moi pour être franche. Mais ça ne me déplaisait pas plus que ça non plus, au contraire. J'avais été génée par son regard persistant. Pourquoi me faisait il cet effet? C'était peut-être parce que justement, avec lui, j'avais peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur d'échouer face à ses éventuelles attentes. C'était une peur que je n'avais pas avec les autres hommes puisque je couchais avec eux et ne les revoyais pour la plupart jamais. Mais avec Alexander, ça changeait tout. C'était totalement différent. On allait se fréquenter et notre relation allait devenir telle que j'allais avoir besoin de changer pas mal de choses dans mon train de vie, ce qui faisait que j'avais effectivement peur de l'échec, peur de le décevoir.

Il fit une petite moue qui me fit rire doucement puis je m'apprêtai à partir en récupérant le plateau au passage quand il m'attrapa par les hanches et se colla à moi, glissant ses lèvres sur ma mâchoire et mon cou. Je ne dis rien, frissonnant légèrement puis il me dit que je ne partirais pas, que je resterais avec lui et il m'appella son "petit ange". Ce petit surnom me fit tout bizarre et me procura une sensation étrange, près du coeur. C'était fou comme un surnom affectueux prononcé par celui qu'on aime pouvait nous faire chaud au coeur. Je souris puis il se mit à caresser mon dos, mes hanches et à m'embrasser dans le cou. Il me faisait littéralement fondre. J'avais pourtant pris de bonnes résolutions! Je ne devais pas céder! C'était pas bien! Il coupa mes pensées en se reculant de lui-même avant que quoi que ce soit ne se passe. Je soupirai doucement, plus ou moins de soulagement. En grande partie en tout cas. Tandis qu'il alla prendre la tasse de café que j'avais préparé, je l'observais tout en me redressant. Mon regard était différent. Je crois que la dernière fois que j'avais eu ce regard, il avait été pour ma mère, peu de temps avant qu'elle ne décède. Certes, c'était l'amour d'une fille pour sa mère qui se lisait dans mes yeux et pour le cas présent, c'était l'amour d'une fille pour son petit-ami. Mais un regard remplis d'une telle affection sincère, c'était devenu bien rare dans mes yeux depuis le décés de ma mère. Je restai assise et le regardai en souriant pour lui demander:

-Dis moi... Tu as quelque chose de prévu aujourd'hui ou tu peux rester au lit avec moi? :P

Si je plaisantais? A moitié. En vérité, j'avais cours mais j'avais pas envie d'y aller de toute façon. Et puis, ça ne serait pas la première fois que je sècherais. En plus, j'avais une bonne raison pour une fois! Enfin... Presque une bonne raison xD. J'attrapai un bout de la nourriture du petit déjeuné, tout en restant assise, les jambes repliées vers ma poitrine. Je tapotai alors sur le lit, à côté de moi, pour lui faire signe de me rejoindre.

-Et tu sais... Je crois qu'il faut qu'on parle de certaines choses, tu ne penses pas...?

Je m'étais décidée à lancer le sujet. Enfin... Décidée était un bien grand mot. C'était plutôt sortis tout seul, sans que je ne m'en rende compte. Pas avant de l'avoir prononcée en tout les cas.