En apparence, on pourrait aisément croire que Julian a eu une vie ordinaire. Il semble toujours si calme, si réfléchi. Et d’ailleurs, il l’est vraiment. Loin d’être d’une nature surexcitée, macho ou encore casse-cou, Julian est un homme zen, délicat et lorsqu’il se permet quelque vantardise, c’est toujours en finesse. On peut dire que c’est une grande qualité. Le jeune Holligan a été élevé dans la plus grande modestie, et c’est sûrement pour cette raison qu’il n’est pas habitué à se vanter. Très terre à terre, Julian sait se montrer responsable, mature. D’ailleurs il a en horreur qu’on lui dise quoi faire. A vingt-six ans, vous répondra-t-il, on commence à bien savoir s’auto-gérer.

Remontons un peu dans le temps. Nous sommes sur le sol australien, non loin de Sydney, un jour ensoleillé de juillet 1984. Il fait très chaud. Anna Holligan, fraichement mariée à Oliver Holligan, se sent lourde, tendue, stressée elle sait que le jour J est enfin arrivé. Mais avoir dix-neuf ans et devoir géré seule les quelques heures avant d’accoucher, ce n’est pas évident. D’ailleurs, elle n’oubliera jamais ces jours-là. Oliver, chef dans un garage de voiture, n’est pas vraiment un bon parti. Certes, il gagne un peu d’argent, ce qui n’est pas négligeable, bien qu’Anna se débrouille aussi pas mal dans le café de sa tante. Mais Oliver, c’est surtout le fils des voisins, ceux que les Andrews, famille de la jeune femme, ont toujours tant apprécié. Alors, ça devait se passer comme ça. Bref. Julian né le 18 juillet, tard, le soir, après une bonne dizaine d’heures à souffrir, seule. Oliver est trop occupé par son métier, soit disant. En réalité, il s’en fiche un peu d’Anna et de son gosse. Lui, à vingt-trois ans, il profite encore des jolies femmes. Anna en faisait partie, mais c’est tout. Le divorce aura lieu deux ans plus tard, sans que Julian ne comprenne trop ce qu’il se passait. De toute façon, il n’a jamais vraiment eu de l’affection de la part de son père, alors qu’il soit là ou pas...

Julian grandit donc en compagnie de sa mère, dans une petite maison louée à quelques kilomètres de Sydney. Il se révèle vite être un gamin vif d’esprit, curieux et très affectueux. Il ne parle pas tant que ça, mais son regard veut tout dire et sa mère le connait par coeur. Anna est une jeune mère célibataire en situation précaire, mais son fils, c’est tout pour elle. Le petit garçon apprend vite à parler, à marcher. Il entre à l’école maternelle, et dès ses premières années, il montre à ses professeurs une grande facilité à apprendre et surtout, une très grande imagination, ainsi qu’une créativité particulière, peu habituelle. Julian est précis dans ses dessins, il est plus pointilleux que la majorité de ses camarades, et les détails sont importants.

En compagnie très souvent de sa mère, et de sa grande-tante, le petit garçon va donc être habitué aux présences féminines. Et c’est certainement pour cette raison là qu’il saura, plus grand, comment se comporter avec elle, souvent. Car on a beau dire, les femmes ont souvent entre elles des réactions semblables.

Le jeune Holligan se révéla aussi être quelqu’un de très sociable. Toujours très bien entouré à l’école, au collège, puis au lycée, Julian ne manquait pas d’amis. Il eut sa première expérience avec une fille à l’âge de quinze ans. Sa première fois, à seize ans, fut assez ordinaire. Ce n’est pas le genre de jour dont il se rappellera toute sa vie. Cependant, il enchaina les conquêtes. Peu sûr de ce qu’il veut, entre un peu de stabilité et le sexe, il se montre peu fidèle et très indécis auprès des filles, puis des femmes.

A l’âge de quatorze ans, Julian a commencé à jouer de la guitare. Et tout de suite, il en fit une passion. A y jouer pendant des heures et des heures, à en avoir terriblement mal aux doigts... Mais il adorait ça et personne n’avait intérêt à lui prendre sa guitare. Il commença à composer à l’âge de dix-huit ans, et c’est aussi à cet âge là qu’il fit la connaissance d’un groupe de gars, avec qui il forma un groupe de musique, dans lequel il jouait le guitariste leader. Cette bande de 4 garçons enchaina les petits concerts dans Sydney et petit à petit, obtint un certain succès dans la ville. Un producteur les remarqua et leur fit signer un contrat. Ca y est, il semblerait que leur carrière ait été lancée... Mais après avoir produit un disque et être devenu plus populaire encore, au point de se faire accoster dans la rue, l’un des musiciens perdit la vie dans un accident de moto. Ceci déclencha une succession de disputes dans le groupe restant, et ce fut ce qui provoqua de la fin du groupe, après deux années de succès en Australie. Le musicien décédé était aussi le meilleur ami de Julian, et cette mort trop soudaine eut l’effet d’un choc. Le jeune Holligan, on peut le dire, avait bien gagné sa vie pendant ces deux ans, mais il voulait désormais autre chose. Repartir à zéro, avoir une nouvelle vie, loin de ce succès, de ces femmes superficielles. Et alors, il pensa aux Etats-Unis, ce pays où il pourrait vivre le rêve américain.

Son rêve ? Devenir un artiste chanteur et guitariste indépendant. Installé dans une petite rue tranquille de NY, le jeune homme parcourt de temps en temps les bars le soir pour se faire remarquer, sans trop en fait. Il a été également embauché en tant que professeur de musique et plus spécialement de guitare, à l’université réputée Niagara Falls. Tout semble aller à la perfection. Juste une chose, cela fait quelques semaines qu’il se trouve un poil trop séducteur envers une élève. Aurait-elle tapé dans l’oeil du jeune Holligan ? Elle est magnifiquement belle, et il adore passer du temps en sa compagnie en tout cas...