Elle me confirma la nouvelle, elle partirait à la fin du semestre, elle retournerait à Toronto…sans m’emporter avec elle. J’avais eut l’intention de lui poser ma question ultime, celle que j’avais voulue lui poser il y a deux mois, mais qu’elle ne m’avait pas laissée la chance de faire. Elle était partie une fois sans explication, cela ne se reproduira plus. Je vivais sur du temps volé, malheureusement je ne pouvais pas plus élaborer sur mon questionnement pour l’instant, mais je devais absolument lui proposer un rendez-vous. À mon soulagement elle avait elle aussi un cours dans deux heures, au moins je ne la ferrai pas attendre mon retour patiemment. Elle m’avouas avoir elle aussi besoin de me parler… ce qui m’intrigua encore plus, parce qu’il me semblait être le seul en position de vouloir lui poser une question. Je m’enfuis donc vers ma salle de cours, lui lançant un dernier ultimatum qu’elle ne pourrait refuser puisqu’elle n’avait pas eut l’option de me refuser cette dernière requête.

Le cours dura quatre longues heures, aujourd’hui on étudiait le cinéma du 17e siècles, ce n’est pas que c’était peu intéressant, c’est plutôt que je n’arrivais pas à m’y intéresser. Mes pensées revenaient toujours sur elle, c’était si étrange de la revoir aujourd’hui, moi qui avait cru l’avoir perdue à jamais. Je savais qu’elle n’était pas revenue pour moi, sinon elle l’aurait dit bien plus tôt. Mais pourquoi alors ? Il y avait quelque chose de plus que la simple envie de terminer ses classes, non c’était bien plus complexe que cela, j’en avais le pressentiment. Ces quatre passèrent comme si je venais à peine de les commencer. Je n’avais rien appris aujourd’hui, mais j’avais des tonnes de nouvelles questions à lui poser. Je m’engagé vers la cafétéria, avançant le plus lentement possible pour ne pas être le premier à ce présenter au rendez-vous. Une fois rendue, j’hésitai, mes yeux sondèrent la salle, dans ma tête je souhaitais ardemment qu’elle ne serrait pas là. Non, je ne suis pas capable. Je retournai dans les dortoirs, ayant de plus en plus de difficulté à respirer. Je perdais mes moyens, je ne serrai jamais capable de lui faire face à nouveau, et si je lui demandais ses raisons et qu’elle me répondait que tout était de ma faute ? Je pense que je ne m’en remettrais jamais. J’avais toujours des sentiments pour elle, et j’en aurais probablement toujours. Notre rupture avait été soudaine, je l’avais fait sur un coup de tête, sans trop de préliminaire… un coup de tête. S’il y avait bien une chose qui pouvait me calmer quand je me sentais ainsi c’était le sucre, il fallait que j’en mange et ensuite tout irais bien, du moins je l’espérais. Le dépanneur le plus proche se trouvait près de l’université, de l’autre côté du parking. Il me fallut 5 minutes pour m’y rendre, j’étais officiellement en retard pour notre rendez-vous, et rien que le fait de l’imaginer toute seule dans la cafétéria à me chercher me tortura. J’accélérai le pas, courant presque pour me rendre jusqu’à ce lieu qui m’hantait.

« Willow? » Dis-je en voyant son ombre me passer sous les yeux. J’arrêtai ma course, me retournant vers elle, sac de Skittles à la main.

« Qu’est-ce que ? » Elle n’était pas au rendez-vous non plus.

« J’étais partie m’acheter… » Mes yeux tombèrent sur le sac que je tenais, je l’ouvris en avalant la moitié, ce qui me calma un peu. Willow connaissait mon handicape, il me restait plus qu’à espérer qu’elle ne s’en souviendrait plus. Moi et sucre = moi nerveux.

« Écoute, je vais te le demander maintenant, comme ça je le saurai et je m’arrangerai ensuite. Pourquoi es-tu partie la première fois ? Je sais que tu ne l’aurais pas fait pour moi…. Hmmm… je veux dire, je crois que tu ne l’aurais pas fait à cause de moi. Mais quoi ? Quelque chose ne va pas ? » J’avalai dix autres bonbons puis je la fixai le temps qu’elle me réponde.

J’étais si près du but, dans un élan de courage momentané je m’étais mis à courir, courir comme si ma vie en dépendait, si Willow était là, elle m’avait probablement attendue tout ce temps… et alors, qu’allait-elle croire? Que je l’abandonne à nouveau ? Que je ne suis même plus capable de lui consacrer quelques minutes de mon temps ? L’erreur était humaine, mais celle que je m’apprêtais à faire déterminerait le reste de mon futur. Mais, m’arrêtant net sur place, « Willow ? » avais-je crié à cette figure floue. Oui c’était bien elle. « Shane… j’allais justement porter mon sac dans mon auto avant de me rendre à la cafétéria. » Je n’étais pas si idiot que ça non plus;

« Tu mens Willow. » Murmurais-je plus à moi-même qu’à elle. Je n’étais pas né d’hier et je la connaissais apparemment plus qu’elle ne le voudrait. Je savais pertinemment quand et si elle me mentait. Elle était peut-être aussi mauvaise que moi à ce jeu de mensonge.

« Tu n’as jamais eut l’intention d’y aller, et encore là qui sais si on se serrait jamais recroisés ! » J’étais quelque peu fâché contre elle, je l’accusais d’un acte qu’elle n’avait pas eut le temps de réalisé et que j’avais moi-même l’intention de réalisé quelques secondes avant. Maintenant qu’elle m’avait sous les yeux, elle n’avait plus d’échappatoire. Je vidai mon sac, lui demandant une fois pour toute ce qui me tracassait à l’intérieur. Sa réponse eut l’effet inverse d’une réponse, elle n’avait fait que d’éveiller encore plus ma curiosité. Au moins elle m’avait confirmer que ceci n’était pas de ma faute, rajoutant qu’elle s’ennuyait de sa famille sans me dire fermement que ce manque était la raison de son départ prompt. Un relativement long silence s’en suivit, silence durant lequel ni moi ni elle n’osait le briser. « Tu veux qu’on se parle dans le parking ou tu aimes mieux aller t’asseoir dans la cafétéria? Moi je dirais pas non à m’asseoir, j’ai un peu mal aux jambes. » C’est ce qu’elle me dit. Là elle venait vraiment de me brouiller encore plus l’esprit, son départ avait-il un lien avec son mal physique ? Pourquoi avait-elle mal aux jambes ?

« Comme tu veux, allons-y. »Dis-je simplement alors que milles questions m’envahissaient l’esprit, l’une d’elle était celle-ci;

« Tu es tombée? Qu’est-ce qui t’es arrivé aux jambes Sash’ ? » Dès lors je regrettai de l’avoir appelé ainsi. Rare étaient ceux qui connaissaient le premier prénom de Willow, soudain je ne me sentis pas assez important pour mériter ce privilège. Je commençai à marcher le premier, je ne rigolais jamais avec les maux physiologiques, ma marche était donc plus rapide qu’une marche ordinaire. En moins de quatre minutes nous étions arrivés. Le bruit des conversations multiples bourdonnait toujours dans la cafétéria, jamais le silence n’y faisait place pendant les heures de classe. Déjà je me sentais un peu mieux, au moins je savais que le silence ne viendrait plus nous embarrasser, il ne restait plus qu’à me soucier d’elle, et d’elle uniquement. Je m’assit à une des rare table encore libre, deux chaises l’entouraient, une ne pouvait être plus éloignés de l’autre et ça me convenait entièrement.

« Ça va mieux? Tu peux parler maintenant. » Dis-je anxieux de savoir la suite. Je ne pouvait m’empêcher de croire que Sasha me cachait quelque chose et que tout ce qu’elle faisait depuis nos retrouvailles c’était de repousser au plus tard de m’en parler. Je ne la laisserais pas m’ignorer encore longtemps, c’est moi qui vous le dit!