⊱ Titre de ton histoire .
L'enfant court toujours plus vite. Il veut fuir, oublier tout ce qui l'entoure, se fondre dans la vitesse pour s'envoler. Mais aujourd'hui il n'ira pas côtoyer les cieux. Ni aujourd'hui, ni jamais. Il est condamné à subir sur terre comme un pauvre malheureux qu'il est. Il court sans se soucier des cries derrière lui, de sa mère qui lui ordonne de revenir sous peine de prendre une raclée bien méritée. Tant pis il a besoin d'être seul, de s'enfuir dans son monde et de s'enfermer dans sa bulle pour oublier. Les cries se taisent, sa mère est sans doute partie cuver tout son vin en dormant sur la table. Il a la paix pour quelques heures au moins. Il s'arrête sous un arbre et s'assoit par terre, adossé au tronc il ferme les yeux et profite de la chaleur du soleil sur sa peau. De sa douceur qui le caresse et qui le réchauffe. Il n'a que 10 ans et pourtant il lui semble avoir vécu mille ans. Alors il se souvient...
Dans les couloirs de cet hôpital sordide on entend un nouveau né faire ses premières vocalises. La mère après plusieurs heures de travail à enfin réussi à mettre au monde son enfant. Il est beau comme un dieu, sa blondeur contraste avec ses yeux verts magnifiques et rares. Il gigote alors que la sage femme le presse contre elle pour le bercer et le calmer.
« Un prénom madame Lawford ? » La mère jette un regard agacé vers le nouveau né qui n'a pourtant rien demandé.
« J'en sais rien ! » Alors le personnel médical regarde le bébé et en silence chacun comprend que cet enfant n'aura pas une vie facile. Sa mère n'est qu'une alcoolique qui enchaîne les hommes autant que les bouteilles. C'est à peine si elle sait qui est le père de son fils. Une aide soignante ose parler.
« On dirait un ange... » La mère lâche un rire dédaigneux, presque moqueur.
« Alors donnez lui un de ces prénoms à la con, Gabriel ou Raphaël. Ou quelque chose qui sonne comme ça... Cyal plutôt ça veut rien dire et ça va bien le faire chier, autant que lui m'a faite chier pendant 9 mois ! » Cyal Maneck Lawford... L'aide soignante regarde le petit enfant d'un air désolé, elle est si triste pour lui. Il est si mignon, d'avance elle sait qu'il ne mérite pas ça. Une mère qui ne l'aime pas et qui n'avait qu'une hâte c'était l'expulser pour pouvoir boire et fumer comme avant.
Une semaine après la mère part de l’hôpital avec son enfant, elle ne l'aime pas et il n'a été qu'une erreur, elle n'aura de cesse de le lui faire comprendre.Son enfance ne fut pas un modèle de douceur et de candeur bien au contraire. Depuis tout jeune le petit Cyal c'est habitué à se débrouiller tout seul. Pour manger, aller à l'école ou faire ses devoirs c'était sans sa mère qui cuvait son vin. Et son père c'était un sujet tabou, pour tout avouer il ne savait même pas avec qui il avait été conçu. Il n'avait pas d'ami, ça ne se faisait pas de trainer avec un pauvre. Alors pour oublier il avait trouvé une petite guitare acoustique et, depuis ses 8 ans il grattait dessus toute la journée. Si bien qu'à l'age de 10 ans il jouait mieux encore que quelqu'un qui avait prit des cours. Mais aujourd'hui c'était trop sa mère avait encore bue, elle l'avait frappée sans aucune raison juste parce qu'elle n'avait plus son horrible boisson. Rarement elle levait la main sur lui mais ça arrivait quand vraiment ils n'avaient plus d'argent pour acheter du vin. Et malheureusement c'était le cas ce soir.
Alors il avait fuis et c'était caché pour pleurer. Quoi donc ? Cette vie horrible qu'il avait, le manque de famille et d'amis dont il était victime. Il n'avait pas de grands parents, pas d'oncles ou de tantes. Pas de frères ni de sœurs, pas de père. Il n'était rien et n'était l'enfant de personne car sa mère n'était rien à ses yeux. Il pleura de longues heures, maudissant le destin et sa malchance habituelle. Il pleura et s'autorisa à être triste même si il baissait rarement les bras.
Il pleurait alors que les années passaient encore.Il venait d'avoir 14 ans alors qu'il partait de la maison sans un bruit. Sa guitare dans la main gauche, sa valise dans la main droite pour changer de vie. Il n'en peut plus, une minute de plus dans cette maison et il deviendra complètement fou. Il fuit vers Toronto avec les quelques dollars qu'il à en poche, il va survivre il le sait. Il a la haine, la rage de vaincre et l'envie de réussir. Dans ce monde seul les plus convaincus s'en sortent, il en fait parti il le sait et le sent. Il fait du stop, se paye le bus, marche pendant des jours avant d'arriver dans la capitale de l'Ontario. La nuit est déjà tombée et il n'a pas l'argent pour s'offrir une chambre d'hôtel. Il ne connaît personne et tel un enfant sans défense qu'il est, il se trouve une petite ruelle tranquille. Il se cache dans un coin, ferme son blouson et s'endort au milieu des poubelles et de l'odeur fétide de la misère.
Les jours passent et se ressemblent tous, il fait la manche et réussit à récolter quelques pièces. Il fuit les forces de police pour éviter d'être renvoyé chez lui. Il réussit à se faire deux ou trois connaissances qui le prennent sous son aile. Un gentil monsieur assez vieux, qui à fait la guerre d’après ce qu'il dit. Il partage ses morceaux de pain avec Cyal, en échange il ne demande qu'une chanson.
Mais la vie le déteste il le comprend le matin ou son ami ne se relève pas. La misère, la saleté et la maladie à eut raison de lui si bien qu'il est parti pour un dernier voyage. Les pompiers ne vont pas tarder et Cyal doit fuir avant qu'ils arrivent. Il laisse à son compagnon de fortune une chaîne qui ornait le cou de l'enfant. Il lui dit un dernier au revoir et part en courant avec sa guitare et ses quelques vêtements. Parfois il réussit à prendre une douche dans des centres pour SDF, il mange aussi quelque de consistant avant de repartir chanter. Où ? Partout. Sur les places publiques, devant les magasins, devant les supermarchés. Il chante jusqu'à en perdre la voix, jusqu'à ce que les gens s'arrêtent pour l'écouter car cet enfant à un talent. Il a quelque chose qui change, une belle voix, un beau visage. Il va devenir grand et il ne deviendra pas n'importe qui.
Un jour ça porte ses fruits. Un homme s'arrête devant l'enfant qui est aujourd'hui sur une place publique. Il l'écoute, hoche la tête et s'approche pour lui donner une petite carte avec un nom et un numéro de téléphone.
« Petite, demain 10H et pas de retard ! » Cyal hoche la tête et regarde la carte, sur celle-ci il y a le mot
producteur à cotés du nom et du prénom. Un producteur... Cela pourrait être vrai ?
Et ça l'est. Le lendemain il est devant une énorme tour en verre, il rentre et demande à l'accueil le nom figurant sur la carte, il dit qu'il à rendez-vous et la secrétaire l'emmène. L'homme lui dit qu'il à du talent, qu'il veut faire de lui une star mais déjà Cyal n'écoute plus. Ça parle argent, bénéfice et travail. Il fera tout ce qu'il faut pour réussir, l'argent n'est pas sa priorité, il veut réussir et être quelqu'un. Être adulé par des millions de personne et se sortir de la rue. Il veut évoluer.
« Tu te rend compte que tu vas devoir travailler plus que personne ? La danse, le chant et la musique devront être tes seules et uniques priorités. » Il hoche la tête avant qu'on l’emmène pour un test, le producteur veut être sur de son choix. Alors dans cette salle d’entraînement il chante, il danse et joue de la guitare jusqu'à l'épuisement. Il se donne à fond, autant qu'un enfant de son âge puisse se donner. Il a 15 ans et il devient grand.
Debout sur une immense scène il relève les yeux en entendant son nom acclamé par une foule. La lumière l'aveugle alors que la musique raisonne dans ses oreilles. Il frissonne après avoir pensé à ses souvenirs, il ne veut pas mais tous les soirs c'est la même chose. Il monte sur scène, il va danser et il se souvient. De la misère, de la médiocrité et du travail qu'il à fourni pour en arriver là. Il sourit à son public et commence à chanter. Il s’enivre de bonheur, des cries et de la foule qui chante avec lui. Alors porté par une énergie grisante il danse mieux que les autres soirs encore, il mérite son succès. Petit deviendra grand, petit deviendra quelqu'un. On scande son nom, il se sent vivant. Aujourd'hui il déplace des foules, le producteur lui à fait confiance et en regardant ce stade illuminé par des millions de lumières de portables, il sent qu'il à eut raison de croire en lui.
Plus jamais il n'a revu sa mère. Ho elle à essayée de le contacter pour profiter de la notoriété de son fils mais il n'a pas donné suite. Il ne veut pas d'elle, pas la voir, elle n'est rien pour lui. Il est sorti de la rue, on lui à fait confiance. Il a travaillé nuit et jour jusqu'à tomber de fatigue pour réussir. Son premier single à été un succès, les autres ont suivi. Il pose un premier pas vers l'éternité. L'amour ? Il n'a pas le temps pour ça même si il fricotte avec des femmes et souvent des hommes aussi. Il s'amuse simplement. Les amis ? Il en a quelque un et c'est parfait. La célébrité ? Une dangereuse jeune fille avec avec un beau visage, il s'en méfie car il ne veut pas repartir dans la rue, il sait pourquoi il est là, il connait sa chance et il sait que la notoriété peut-être éphémère. Il n’oublie pas d'où il vient mais il vit, il ne dit pas non à un petit joint et/ou un verre d'alcool sans oublier que cette saloperie lui à pourrie son enfance. Il essaye d'être droit et d'être digne de sa chance et jusqu'à présent il trouve qu'il n'est pas ingrat.