W H A T E V E R Y O U S A Y

Le trajet était déjà tout tracé dans ma tête. Dès que je débarquais de cette avion j’allais directe chez elle, sans demander la permission, j’emménagerais. C’était si facile et pourtant, quand mes pieds touchèrent enfin la terre à nouveau je n’eus nulle part où aller. C’était comme si je venais tout juste de naître et dès lors je su que j’avais fait la mauvaise décision de revenir à Toronto. Toutes ses personnes que je m’étais efforcé d’oublier au cours de mon voyage était maintenant à portée de la main. Si avant je pouvais juste éviter d’y penser, ici tout me rattrapais.

C’est valise en main que je m’aventurai dans les rues de la ville, l’université avait l’avantage d’être près de l’aéroport et j’en remerciais le ciel. Les rues étaient toutes familières alors que je redécouvrais tout ce que j’avais laissé derrière. Mon restaurant préféré, mon bar favori, le lieu parfait pour y amener une première date, ce banc de parc qui avait tout changé, cet horizon qui m’avais autrefois tant inspiré. L’appartement d’Anya était à quelques coins de rues, ça serait mon premier arrêt.

Ma main se referma sur la poignée de porte, elle n’était pas verrouillée, Anya n’avait pas changée. Je me foutais de la savoir avec un autre homme, de la surprendre ou de la gêner, elle me devait tant de chose, elle me devait une vie.

« Anya! » Criais-je par-dessus le silence! Je regardai ma montre, il était midi en France. À cette heure elle devait dormir, tant pis, j’emménage tout de même. Je laisse mon bazar sur le bord de la porte et la referme en la verrouillant cette fois. Mes yeux sondent l’endroit, c’est relativement propre la connaissant. J’hausse les épaules sans auditoire, ceci fera l’affaire. Je m’avançai jusqu’au salon et m’assis sur son divan, donc le mien maintenant et fermai mes yeux. Le chemin avait été long, j’avais laissé bien des choses en quittant le Canada, mais j’en avais aussi abandonné en revenant dans ce lieu maudit. Je soupirai puis sombrai.

Mes journées devenaient de plus en plus dur à supporter. De longues journées chargées entre les cours et mon rôle de bénévole. Le froid, qui autrefois ne me dérangeais guère, ne m'aidait pas à surmonter les obstacles. Pourtant, malgré tout, ça faisait quelques mois, que j'étais revenue sur ma terre d’adoption, et c'était, sans nul doute, la plus belle action que j'avais du effectuer dans toute ma vie. Je me sentais renaître.

Aujourd'hui, j'avais terminé ma journée comme quatre jours sur sept, aux foyers des mères célibataires. J'aimais passé mon temps autour de ses jeunes – pour la plupart - ou moins jeunes femmes accompagnées de leurs enfants. J'étais pour elles une épaule sur qui pleurer, une oreille à qui se confier, et des paroles qui tentaient aussi bien que qu'elles pouvaient réconforter. Ce soir, j'avais passé ma soirée avec Ellana, une petite fille qui venait de souffler ses quatre bougies, elle était jolie comme un cœur, ses pommettes rosées, ses longues boucles blondes, son sourire, innocent et son rire enfantin, me donner le sourire que j'avais attendu toute la journée. Si hier vous m’aviez dit que j'allais garder des enfants, je ne vous aurez sans aucune doute cru. Mais aujourd'hui tout avait changer, ma vie avait changer, mes opinions aussi. « Mais pourquoi tu pars ? » me demandait la petite fille d'un ton exagérément triste.

«-  Il est l'heure de dormir pour toi, mon ange. Je reviendrai demain. Je te promets. 
_ Ah chouette alors ! A demain Ana »

Elle déposa un baiser sur ma joue, puis s'en alla, accompagné de son ours en peluche rejoindre sa mère, jeune de 23 ans et enceinte d'une deuxième enfant. J'enfilai mon énorme veste, une écharpe, un bonnet prête à combattre le froid. J'aimais la ville, dans la nuit, c'était peu mouvementé et dégagé. Le vent s'abattait sans répit sur mon visage amaigrit. Mais la simple idée de rentrée, m'aidait à avancer jusqu'à mon appartement.

Une fois arrivée, j'allumais sans tarder le chauffage, et me préparait mon fameux chocolat chaud. J'étais installé devant le minuscule téléviseur que j'avais pu m'acheter en m'installant ici. Mes doigts presser les boutons de la télécommande, cherchant un film, une émission, quelques choses. Je m’attarder donc, sur un de mes films préférée, un vieux film « diamants sur canapé ». Et avant que mes paupières se ferment lourdement, je rejoins ma chambre pour sombrer dans un sommeil profond.

Au matin, la lumière du jour, me réveilla durement. Il fallait vraiment que je fasse réparer mon volet, les agressions du matins ce n'était pas trop mon truc. Je me réveilla doucement mais surement et m'enferma dans la salle de bain.

Les cheveux humides tombaient en cascade sur mes épaules, la brosse à dent à la main, j'allais pour préparer mon petit déjeuner, dans la cuisine. Soudain, j'entendais un bruit étrange dans le salon, une respiration profonde. Mon cœur se mit à se serrer. J'avais oublier de fermer la porte, comme toujours. J’avançais, doucement, sans un bruit vers la source de ses bruits, pour trouver devant moi une silhouette allonger sur mon canapé. « Ahhhhhhhhhhh », je criai de tous mes poumons, avant de braquer ma brosse à dent devant moi. La silhouette, sursauta, pour laisser place au visage effrayé de

« -Shane ?  Qu... tu … C'est pas possible. » finis-je par lâcher. Je m'affalai sur le sol, encore sous le choc. Je leva la tête, et le fixait comme s'il venait d'apparaître. Le cauchemar n’était-il pas encore fini ?

Si je pouvais creuser un trou pour m'y enterrer à jamais, je l'aurai fait. Non, mieux c''est lui que j'aurai enterrer. Je pensais pourtant l'avoir oublier, je pensais qu'IL m'avait oublié, que je n'étais finalement qu'un vieux mauvais souvenirs. Il était là, assis tranquillement sur mon sofa, mon beau sofa que j'avais acheté une fortune il y a quelque semaine. Il était là, penard, ni vraiment gêné ni vraiment mal à l'aise, ou s'il l'était, il avait surement dû prendre des cours de théâtre dans la capitale de l'amour. Moi j'étais au sol ma brosse à dent qui me servait de bouclier .. seigneur, j'étais pathétique. Il se leva enfin pour m'aider à me remettre sur pied, sa main empoignant mon poignet, je le dégageait aussitôt levée.

« Oui c’est possible, puisque tu m’as sous les yeux. » Et puis d'où cette répartie aussi spontanée lui venait-elle. Je plissais mes yeux, perplexe. Il avait bien changé. Il n'était plus le Shane que j'avais laissé. Oh non, il était rancunier, hautain et argh, je ne pouvais pas le décrire tant arrogance m’électrifiée, mais dans le mauvais sens du terme.

« Non sans blague, j'avais cru voir la bloody mary ! » Rétorquais-je d'un ton que je voulais sarcastique. Oui, parce qu'en réalité, j'avais vraiment cru voir un fantôme, une hallucination .. pourtant j'avais arrêté les drogues depuis un bout de temps.. Je passa ma main dans mes cheveux essayant tout de même d'avoir l'air en forme, lui prouvait qu'au final, je m'en sortais toujours bien sans lui. « J’emménage quelques jours avec toi, j’espère que ça ne dérange pas. » Il balancait ça du tac au tac, normal, no problemo. « Et puis tu me le dois bien après tout… tu es celle qui a gâchée ma vie, deux fois plutôt qu’une en plus! Ça doit bien être un record. On appellera Guiness pour demander. » Je … j'ai quoi ? Mon cœur se mit à se serrer, ce qui me surprit parce que je ne pensais pas qu'il pouvait se serrer et battre aussi vite qu'il le faisait déjà. Aucuns sons ne parvenu à dépasser le stade des lèvres, seul un petit cri de surprise. Il se rassit sur le divan, empoignant MA télécommande pour alluma MA télé sur MON sofa, et les pieds sur MA table basse .. J'étais foutue. Je le suivis du regard, stoïque, je ne parvenais même pas à bouger, j'étais pétrifiée. Non, non je ne voulais pas. Je ne voulais pas de lui chez moi, pas son odeur, pas sa voix, savoir qu'il dort sous mon toit, non … « Hmm… chérie, ça ne te dérangerais pas de juste te pousser un peu, tu caches la télévision. » et cette simple phrase me fit enfin réagir.

« Tu .. QUOI ?! Non, il en est hors de question Shane. » Mon ton était ferme et sec. Il était vrai, aussi. Je m'approchais de lui lachant au sol ma brosse à dent, puis réccupéra ma télécommande. « Tu lèves ton gras tas de fesse, tes pieds déguelasse de ma table, et tu te barres. J'ai pas besoin de ta venue ici. J'ai plus besoin de toi. Et j'en ai rien à carré que toi tu es besoin d'un service, que j'ai pourries ta vie ou autre. Tu fous le camps de mon appartement. » Je criai littéralement, je revoir, ne pouvais que me faire perdre mes moyens. C'était soit ca, soit je lui saute dessus …

Son arrogance m'irritais, qui était cet homme qui c'était introduit chez moi ? Surement pas Shane. Pas celui dont j'étais autrefois tombée amoureuse. « Ah ouais? Et qui me fera sortir dit moi? Toi? T’en serais même pas capable ma belle. » Mes yeux sortaient des ses orbites, le rouge montait à mes joues habituellement blafardes, je n'arravais pas à y croire, comment osait-il ? Toutefois il avait raison, je n'en aurais pas été capable. Lorsque je levais enfin les yeux sur lui, son regard glacial avait laissé place à un regard plus doux mais toujours aussi sévère. Je me retournais et me dirigeai vers la cuisine, je n'avais pas assez d’énergie pour le confronter plus. « Tu ne sauras même pas que je suis là. Je serai hors de ton appartement la plupart du temps et nous n’aurons pas à nous parler. Tout ce que je demande c’est un endroit où dormir. » Il me suivait, sa voix était plus calme, il avait baissé d'un ton. Je n'étais pas dupe, je savais très bien qu'il essayait de me manipuler, il me haïssait … Je restais dans le silence, me préparant ma tasse de café. Seul la cadence de mon respiration se faisait entendre à côté de ses fausses supplications. Qu'est-ce qu'il pensait ? Que même je ne le voyais pas je n'allais pas penser à lui ? Mon dieu, le simple fait de savoir qu'il allait séjourner chez moi me rendez dans tous mes états. Le simple fait de savoir qu'il prend sa douche dans la mienne, qu'il dort dans la chambre d'a côté argh ..

« Je t’en devrais une. » Je me retournais amusée. Alors, c'est ca. Nous n'étions plus que des parfait inconnus maintenant. Plus d'histoire, plus de passé … il pensait vraiment que j'allais accepté pour qu'il me rende un service ensuite ? Je n'étais pas rancunière après tout … «  Pourquoi t'es pas allée la voir , elle ? » ou presque. Dis-je en parlant de Calista. Sa très chère amoureuse. Il m'avait très bien balayé, quand il l'a connu … Je bus mon café d'une traite. « Je vais préparer ta chambre. » dis-je alors que je m'en allais, je courrais pratiquement dans les couloirs pour ne pas laisser paraître ma faiblesse … lui.