« Non attend. » Je levai les yeux vers elle avant de la voir s'approcher pour prendre ma main et me donner l'argent que je venais de lui rendre. Pourquoi tenait-elle tellement à ce que je garde tout ? Je ne voulais pas profiter de sa générosité, accepter une telle somme serait mal honnête mais dans ses yeux, son soupire, je sentais qu'elle n'allais pas me laisser partir sans que j'accepte. J'allais ouvrir la bouche, mais elle parla avant moi. «Prend-les. Je ne suis pas sur d’avoir encore cette somme sur moi si un soir j’ai envie de te… si j’ai besoin de tes… » Je voyais ou elle voulait en venir, mais j'étais tout de même un peu surpris. A vrai dire, je pensais que cette fois serait la dernière. J'avais du mal à m'imaginer qu'elle pouvait avoir besoin des services d'un gigolo une seconde fois mais après tout, on a tous des jours sans qu'on veut s'empresser d'oublier, alors peut-être que c'était un bon moyen de s'enfuir du quotidien...Au fond, n'était-ce pas ce que je faisais moi aussi grâce à cette profession ? Je fuyais, j'essayais de satisfaire tout ce manque qui a creusé un trou béant dans ma poitrine...Ce n'était pas le moment pour les états d'âme.

Elle semblait soudainement gênée de m'avoir demandé de peut-être repasser. En voyant ses joues se roser je ne pu m'empêcher de sourire doucement, ce n'était pas du tout de la moquerie au contraire, c'était sincère. J'étais véritablement touchée par sa sensibilité. « Si vous avez envie, j'en aurais envie. » C'était une phrase plus ou moins toute faite certes, mais je ne pouvais pas dire quoi que ce soit qui laisserait supposer que j'avais envie d'elle, elle était ma cliente et pas le contraire. « Vous avez ma carte, mon numéro. Appelez moi quand vous voudrez. » Je poussai la porte doucement, puis me tournai vers elle, une dernière fois. « Goodnight Alex, sweet dreams. » Je lui souris, puis pris le chemin qui menait à ma chambre, vers l'autre bâtiment de l'université en allumant une nouvelle cigarette. Je pense qu'au fond, j'espérais la revoir un jour, mais je n'étais pas prêt à me l'avouer.