Encore un jour où, lorsque j’étais seule, je n’arrêtais pas de penser à des tas de choses à propos de ma mère, de mon beau père… Ou bien encore depuis quelque jour : à Gabriel. Je ne savais pas vraiment ou j’en étais. Réflexion faite : Je n’avais jamais sus ou j’en étais tout court. Je soupirais. Apparemment je m’étais éprise d’un gigolo mais j’essayais de repousser l’idée à chaque fois pour me protéger, même si c’était me voiler la face. Après tout pourquoi je ne lui avais pas rendu ce pendentif accroché à mon cou et qui lui appartenait ? Peut-importe. J’allais prendre l’air et me balader en ville, qui sait ? Peut être que ca me changerait les idées un peu. La sonnerie retentie dans le couloir, me faisant sursauter au passage, et quelques secondes plus tard tous les élèves sortirent des classes pour aller dehors. C’était bien ma veine, moi qui pensais avoir pu arriver dehors avant qu’il y ait autant de monde. Je n’étais pas trop fan du bruit que faisaient les conversations. Je préférais le calme.

Juste avant que je puisse ouvrir la porte, un type surgit de nulle part me l’ouvrit. J’allais le remercier sans vraiment le regarder mais avant que je puisse ouvrir la bouche il s’écria presque :

— Suis-je aveugle?

Là seulement je le regardais tout en continuant mon chemin. Après tout peut être ne me parlait-il pas ? Mais si, c’était bien à moi qu’il s’était adressé puisqu’il m’avait rattrapé et s’était mis à marcher au même rythme que moi. Je déglutis. Ca pour être gênant, c’était gênant. Je sentis mes joues s’enflammé.

— Je ne vous ai jamais vu dans l'école, êtes-vous nouvelle?

— Non… Répondis-je doucement après un temps d’hésitation. Ca fait un an que je suis ici.

J’allais rajouter « pourquoi ? » mais m’étais retenu de justesse. J’espérais qu’il n’insiste pas plus et s’en aille. Oh, il n’avait pas l’air méchant mais je n’étais pas très a l’aise avec sa façon de m’aborder. Pour me donner contenance je réajustais mon sac sur mon épaule.

— Je suis Shane Jackson, étudiant en cinéma. Tu... tu étudis en quoi?

Ne m’avait-il pas vouvoyé un peu avant ? Quelle étrange personne. Je souris tout de même en entendant sa petite hésitation. Quoi, ce n’était pas un garçon timide quand même ? On aurait été deux là. Quoi que, pour une fois je ne me sentais pas autant paralysé que d’habitude pour ce qui était de parler, je n’avais même pas l’impression que j’allais faire de bourde, cette fois, si je parlais à cette inconnue. Je ne le connaissais pas et je me sentais à l’aise, bizarre pour une fille dans mon genre non ?

— Alexie Noah Sullivan. Me présentais-je à mon tour d’une petite voix mal assuré après avoir baissé les yeux.

Bon ce n’était pas parce que je ne me sentais à l’aise que je n’étais plus timide ! Je pinçais les lèvres. Aller un peu de courage Alex, ce n’est pourtant pas si compliqué de regarder un garçon dans les yeux pour lui parler !

— Je fais photographie. Et toi ?

— Moi j’écris des scénarios. Prend garde tu pourrais bien te retrouver dans l’un de mes scénarios!

Etait-il sérieux ? Je rougis une nouvelle fois malgré moi. Allons bon ! Il plaisantait, voila tout, pas besoin de me mettre dans des états pareils. Pas vrai ? Je le regardais en coin en penchant légèrement la tête sur le coté. Apparemment il semblait sérieux.

— Oh je… Je ne pense pas que je sois un très bon sujet pour un scénario… marmonnais-je en regardant de nouveau face a moi.

Et c’était la vérité, je n’étais pas sur que mon histoire était passionnante, et puis je ne serais surement pas d’accord qu’on se serve de ce que j’avais vécu pour en faire un film. J’avais bien trop honte de moi-même.

— Tu allais quelque part? Je sais que ça va te paraître étrange, mais, ça te dérangerais si je te suivais? J’ai une colocataire que j’essaie d’éviter le plus possible et à cette heure je sais qu’elle est à l’appartement… En fait tu me sauverais d’un après-midi de malaise et de répliques salés. S’il te plaît? Je peux me mettre à genou si vraiment c’est nécessaire.

Je me retins de justesse de rire en l’imaginant mettre un genou par terre uniquement pour me demander de passer l’après midi avec moi. J’avais quand même un petit sourire en coin. Je passais en revenue ce que je comptais faire cette après midi et soupirais : A par flâner dans les rue de la ville je n’avais rien prévu de faire. C’était d’un ennuie mortel.

— J’allais… j’allais juste me balader en ville en fait. Non ca ne me gène pas si tu me suis, ca changera un peu, ca me fera de la compagnie. Souris-je.

Je n’étais pas très forte pour ce qui était de rebondir sur d’autre sujet, surtout avec un pur inconnu. Mais s’il passait l’après midi avec moi je devais me forcer à lui adresser la parole ! Plus facile à dire qu’à faire. Néanmoins une question franchis mes lèvre avant même que j’eus le temps de la retenir.

— Tu es bon ?

Qu’avais-je dis là ?! Moi qui avais l’impression que je n’allais pas faire de bourde avec lui, c’était loupé. J’espérais au moins qu’il ne penserait pas à la même chose que moi. Oh quand je le disais que je n’étais pas doué pour parler aves inconnus !

— Je veux dire, pour écrire des scénarios, tu… tu es douée ? Me repris-je aussi vite que possible.

— C’est une question piège? Et toi que dirais-tu de tes photographies? Peut-on vraiment être fan de soi-même, sans tomber dans le narcissisme?

Je le regardais sans vraiment savoir comment réagir a ce qu’il venait de me répondre. Devais-je penser qu’il avait mal pris ma question ? Peut-être que c’était évident pour lui, qu’il était vraiment doué. Ou pas. C’était le genre de chose qui me met la pression. Alors je ne répondis pas, complètement paumé. Je préférais attendre qu’il continue dans sa lancé, d’ailleurs c’est ce qu’il ne tarda pas à faire :

— Mais, non. Non je ne dirais pas que je suis bon, pour reprendre tes mots. Je jure, il y a des jours je me demande sincèrement qu’est-ce que je suis en train de faire de ma vie. J’ignore si je suis fait pour écrire, mais j’aime bien l’idée d’en vivre, car je ne m’en tanne jamais.

Je haussais les sourcils et regardais devant moi. Pourquoi quelque chose me disait qu’il était plutôt philosophe comme gars ? Si je me repassais sa dernière phrase dans la tête j’attraperais surement un mal de crane. Bon, c’était légèrement abuser. Mais quand même… Il ne savait pas s’il était fait pour écrire ?

— Tu es le genre de personne qui croit qu’on est tous fait pour faire quelque chose de précis ? Je ne pense pas que ce soit ca. De mon point de vue… Tout le monde peut faire de sa vie ce qu’il veut, ce n’est pas une question de faire quelque chose. Enfin je pense. Après chacun pense comme il veut hein...

Je baissais le regard vers mes pieds en sentant mes joues s’enflammer, j’avais trop parlé. C’est rare, lorsque je donne mon point de vue. J’ai toujours peur de passer pour une mademoiselle je-sais-tout. Pas que le point de vue des gens sur mon compte me fasse quelque chose mais… Si, en fait. Je suppose que si.

— Tu aimerais aller quelque part? Sinon tu habites dans le coin ? Ta famille est d’ici?

Je marquais un très long temps d’hésitation. Est-ce que j’étais sourde ? Ou bien avais-je l’esprit très mal tournée ? J’allais surement m’empourprer un peu plus maintenant. Non vraiment c’était de moi que venait le problème, surement. Quoi qu’il n’avait pas semblé aussi déstabilisé que moi après sa question « tu habites dans le coin ? » ? Je sentis mon sourire s’agrandir bizarrement.

— Hum… Non, je ne vais nul par précisément… Et j’ai une chambre ici a l’université… je... Je n’ai pas de famille par ici. La seule famille que je vais voir c’est ma mère… Au cimetière.

T’as pas plus morbide, Alex’ ? Je me giflais mentalement.

— Excuse-moi. J’aurais du le dire autrement. Ici j’ai juste mon beau père. Enfin il vit dans un village à quelque kilomètre de la ville seulement. Et crois moi c’est la dernière personne que j’ai envie de voir, je ne le considère pas comme un membre de ma famille. D’ailleurs je ne connais pas le reste de ma famille a par ma mère. Et mon père j’en ai de vague souvenir, il s’est tiré quand j’étais toute petite.

Et voila que je racontais ma vie a un inconnu maintenant ? J’étais vraiment impossible ! Je soupirais légèrement.

— Encore désolé. Ce n’était pas intéressant tout ces détails. Je dirais même que c’est ennuyeux. Dis-je avec un petit rire. Alors, que veux-tu qu’on fasse tout les deux ?

Son « Désolé. » me semblait forcer. Ca me rappelait le jour de l’enterrement à ma mère, où tout le monde était venu me voir en me disant « désolé » ou bien encore « mes sincère condoléance ». A quoi ca pouvait me servir leur parole ? Ca n’était pas comme ca qu’il aurait remplacé ma mère. Et puis j’avais commencé en m’en vouloir pour sa mort, par moment je m’en veux encore d’ailleurs, mais moins. Après tout notre lien s’était détérioré a cause de moi, parce que j’avais été trop jalouse pour supporter l’arriver de son nouveau mari. A l’époque il m’avait semblé avoir perdu une partie, et je m’étais renfermer sur moi-même pour ne pas déranger le bonheur qu’elle semblait vivre avec cet homme et qui me rongeais de l’intérieur.

— Il te manque, ton père? Tu... tu crois qu'il regrette de vous avoir laissé maintenant? Toi et ta mère. Oh et je t'en prie ne t'excuse pas, ça m'intéresse, enfin si ça ne te dérange pas d'en parler. Sinon que dirais-tu de... simplement marcher et de voir où cela pourrais nous amener? Tu as certainement déjà entendu '' le hasard fait bien les choses'', alors testons cette théorie. Alors, écoutes ton instinct et dis moi; droit, gauche ou tout droit

Je souris lors qu’il arrêtait de parler, je n’avais pas eu le temps de placer une seule phrase. Je pouffais et m’apprêtait à ouvrir la bouche pour lui répondre quand il me posa encore une question :

— Alors... sinon tu... tu as un copain?

Je ne savais pas si je devais prendre ca pour question intéressé ou pour une question de pure curiosité, j’optais pour la seconde réponse, je ne voulais pas me faire de film. Même si son comportement avec moi me semblait parfois… étrange. Ou bien c’était moi qui n’avait pas l’habitude que de pure inconnu vienne m’aborder pour me demander de passer l’après midi avec eux en me posant des questions personnelle pour me connaitre mieux. Je me tournais pour être biens face à lui. Ca faisait quelque seconde que nous étions arrivé a cet intersection, avant de décidé si nous irons a droite ou a gauche ou encore tout droit, j’allais répondre a tout ce qu’il m’avait dit ces dernière minutes.

— Bon ! Pour commencer, mon père ne me manque pas, j’étais toute petite quand il nous a quitté je ne me souviens pas assez de lui pour qu’il me manque. Et puis il n’a jamais cherché à me revoir alors pour moi c’est qu’un con qui n’existe pas a mes yeux. Ensuite, si, ca me dérange d’en parler. Enfin non, ce qui me dérange surtout c’est de parler de moi, je ne suis pas du genre narcissique, tu vois ? Du coup j’ai peur que les autre s’ennuie quand je parle de moi alors voila pourquoi je n’aime pas.

Je fis une pose en m’apprêtant à répondre à sa dernière question. C’était ridicule d’hésiter à répondre a celle si puisque la réponse était toute simple. Néanmoins je portais la main au pendentif que je portais autour du cou.

— Non je n’ai pas de petit ami, d’ailleurs je n’en ai jamais eu. Souris-je enfin. Ma première fois je l’ai eu avec un type de mon lycée… je ne peux pas dire que c’était un ami on se parlait très peu. Et j’étais soule. Enfin peu importe.

Je me tournais vers la route et me demandais par où on allait avancer. Trois possibilités, tout droit a gauche ou a droite. C’était puéril mais je fis mon choix grâce au fameux « trou trou ». Je fini par tendre mon doigt tout droit.

— On va par là ? Demandais-je au cas où il aurait voulu aller d’un autre coté, sait-on jamais.