Les joies de la colocation. Je m'étais levée assez tôt parce que je comptais aller faire du shopping. Je devais acheter un truc pour les cours. Du tissu, pour être plus précise. Mais je devais avouer ne pas avoir réellement envie. Quoi qu'il en soit, j'étais au téléphone et je marchais dans le couloir en parlant normalement. Bon, ok, peut-être que je parlais un peu plus fort que la normale. Mais juste un peu! Et puis, qu'est-ce-que ça pouvait bien faire?! Je n'en savais rien, jusqu'à ce que j'entende Ezéchiel gueuler qu'il y en avait qui essayait de dormir? Ah bon? Il était encore là, lui? Je croyais être seule. Ou peut-être que je le savais, qu'il était là et que je l'avais fais exprès. Je ris intérieurement après l'avoir entendu et continuai mon chemin sans répondre, direction la salle de bain que je fermai à clés derrière moi. Je raccrochai et pénétrai dans la cabine de douche après avoir raccroché. Je me mis à chanter, ne me demandez pas pourquoi. Il m'arrivait parfois de me laisser emporter et je ne pensais pas que quelqu'un allait vouloir venir pendant que je me douchais. J'entendis alors à nouveau Ezéchiel me crier un truc. "Tu veux bien bouger tes fesses de là, j'aimerais aussi prendre une douche...et puis arrête de chanter, tu chante faux!" Han! Quel gougea celui là! J'enfilai une serviette autour de moi et, les cheveux dégoulinant d'eau, j'ouvris la porte: « Non mais je te dérange moi, quand tu te douches et que je veux y aller aussi?! Aller, vas-t'en et laisses moi tranquille! » Ezéchiel n'était autre que mon frère adoptif. J'étais arrivée dans sa famille huit ans auparavant. Il m'avait tout de suite bien accueillie. Allez savoir où j'en serais si ses parents ne m'avaient pas adoptée. Ca n'empêchait pas que l'on se disputait souvent. Je soupirai en voyant sa tête et laissai la porte ouverte. Je séchai rapidement mes cheveux tout en l'informant d'un truc: « Au fait, ne m'attendez pas ce soir. Je sors. Je sais pas si je rentrerais cette nuit... » Je profitais du fait que nous étions seuls pour lui dire ça. Je savais qu'il y avait de potentiels risques d'une disputes et pour être franche, je préférais qu'on soit seuls à ce moment là. Nos colocataires n'avaient pas besoin de savoir ça...

Malgré ce qui avait pu se passer à cause d'Ezéchiel, je ne lui en avais jamais réellement voulu. Certes, j'avais subis des choses pas vraiment cool, bien au contraire, et j'avais été terrifiée pendant des jours. Certes, nous avions dû changer énormément de choses quant à notre train de vie à cause de lui. Mais au fond, je savais très bien qu'il n'avait jamais voulu que ça m'arrive et je savais aussi qu''il avait fait en sorte de me retrouver aussi vite que possible. Même si depuis, je faisais régulièrement des cauchemars, je savais aussi qu'il s'en voulait déjà bien assez pour que je n'en rajoute pas une couche avec des reproches. Surtout que depuis, il faisait tout son possible pour me protéger, pour que plus jamais il ne m'arrive quelque chose de similaire ou pire. "Bonjour à toi aussi ma soeur adorée, vois-tu j'ai une envie soudaine de prendre une douche, a moins que tu veux la partager avec moi", m'avait-il lancé lorsque je l'avais engueulé. Il adorait me taquiner. Ce n'était jamais méchant. Ce genre de remarques à mon égard pouvait vous paraître déplacées mais elles ne l'étaient pas. Nous n'étions pas vraiment frère et soeur, nous n'avions pas le même sang qui coulait dans nos veines. Alors au final, ce n'était pas si... malsain. Je soupirai tout de même à sa remarque, préférant ne pas riposter. Ce que j'allais lui dire ensuite poserait déjà bien assez de problèmes comme ça pour ne pas que je cherche des noises dés maintenant. Je l'avertis que je ne savais pas si je rentrerais cette nuit. Il m'arrivait parfois de découcher, surtout si je tombais sur Paxton. J'avais juste voulu le prévenir pour ne pas qu'il s'inquiète en ne me voyant pas rentrer à la maison. Il me demanda alors s'il pouvait au moins savoir où j'allais, histoire qu'il ne s'inquiète pas. Il s'était assis non loin de là où je me tenais pour sécher mes cheveux. Je n'avais pas très envie de lui dire que j'allais aller dans un bar, que j'allais boire et m'amuser, en espérant tomber sur Paxton avec lequel je passerais la nuit. Je lâchai un petit soupire en grimaçant: « Je ne sais pas trop où je vais aller... Jvais sûrement aller boire un verre puis je sais pas. En fonction de qui je rencontrerais, je ne rentrerais pas à la maison cette nuit, c'est tout... » Il était vrai que j'ignorais quelque peu où j'irais boire mon verre mais je me tins de préciser que si je ne rentrais pas ce serait parce que j'aurais rencontré un homme, et pas n'importe lequel... Je n'étais pas sûre qu'il approuve mes choix. En vérité, j'étais sûre qu'il ne serait pas d'accord, beaucoup trop inquiet de ce qu'il pourrait m'arriver. J'espérais simplement qu'il ne me pose pas trop de questions, sinon je me sentirais obligée de lui dire la vérité, ne supportant pas trop de lui mentir...

En me levant ce matin-là, je savais à l'avance que j'allais lui dire de ne pas m'attendre pour le soir parce que je serais de sortie et que je ne rentrerais peut-être pas. Mais j'étais bien loin de m'imaginer qu'il serait aussi conciliant. Mon frère, Ezéchiel Da Silva, venait de me "donner la permission" de découcher?! Lui?! Lui qui était sur-protecteur, qui surveillait que je ne fréquente pas n'importe qui et qui veillait à ce qu'il ne m'arrive strictement rien? Sérieusement? Dites, un martien était venu lui faire un lavage de cerveau durant la nuit? Je le regardai, très surprise. On avait beau n'avoir qu'un an de différence et j'avais beau avoir déjà vingt quatre ans, ça ne changeait rien. Avec ce qu'il était arrivé, Ezéchiel voulait veiller à ce que ça ne se reproduise jamais et que je ne souffre plus comme j'avais souffert pendant tout ces jours durant lesquels j'avais été kidnappée ou tout ce que j'avais souffert à raconter, encore et encore, les mêmes choses pour le procès. Je souris doucement: « Tu me souhaites de bien m'amuser? Sérieusement...? » Puis il me proposa, alors que je terminai de me sécher les cheveux, que l'on fasse des trucs ensemble le lendemain, si je n'avais rien de prévu. Je souris doucement. Il était vrai que cela faisait déjà un moment que nous n'avions rien fait ensemble et même si je ne l'avouerais sûrement jamais, ça me manquait par moment. J'hochai la tête en répondant: « Je suis déjà libre aujourd'hui si tu veux. Mes projets ont été annulés. Tu pourras me parler de tes histoires de coeur. » Je ris, le charriant volontiers à ce sujet. Je jetai la serviette dans le panier à linge et m'habillai rapidement, devant lui. Je n'avais rien à cacher et c'était mon frère. Même si c'était mon frère adoptif, je le considérais vraiment comme mon frère de sang. Il était comme tel pour moi. Bien entendu, je ne lui montrai rien. Je m'habillai tout de même discrètement, passant sous la serviette. N'exagérons rien. Dans le même temps que je m'habillais, j'attendais qu'il me confirme - ou non - qu'il était bien libre ce jour là.