Aujourd'hui, c'était une journée off, autrement dit, je ne travaillais pas. L'avantage d'ailleurs quand on ne travaillait pas c'était qu'on pouvais faire ce qu'on voulait. Depuis ce soir-là où j'avais couché avec Alexie, je n'arrivais plus à oublier la femme que j'aimais, elle me rendais heureux. Chaque jour, je souriais, j'avais retrouvé ce sourire qui me manquait tant. Je revivais, mais d'un autre côté j'avais toujours besoin de la regarder de la serrer dans mes bras. L'avantage d'être seul dans ma chambre, c'est que je pouvais la recevoir quand je le voulais. Elle pouvait venir quand elle le souhaitait. Et d'un côté j'étais bien, même si parfois un peu de solitude me faisait du bien, j'avais toujours besoin d'elle.

Je me baladais en ville, j'avais décidé d'aller au centre commercial, pour changer un peu mes idées. J'avais envie de faire des emplettes, mais je ne savais pas quoi m'acheter. En même temps, j'avais besoin de fringues, mais je n'avais absolument aucune idée de ce que je voulais m'acheter, surtout que la mode de la saison me donnait envie de vomir au plus haut point, je la trouvais absolument horrible. J'aimais bien le style assez classique, mais là, c'était bariolé, avec des couleurs flashys, parfois pastels et les rares fois où j'aimais bien, j'avais l'impression d'être un gay refoulé. C'était tellement moulant que ça en était presque indécent.

Je sortais d'un nouveau magasin quand je vis un nouveau magasin avec des blousons de cuir et des tenues qui faisaient penser à des motards. Ca m'intéressait au plus haut point. Je m'approchait quand je dus m'arrêter brutalement, j'avais failli bousculer quelqu'un qui semblait tellement ailleurs, qu'elle ne m'avait pas vu. Je la regardais avec un air de tristesse apparent, ces personnes qui ne regardent pas où elles vont étaient dérangeant. Je la regardais assez mécontent et je reconnus cette courbe de dos. En même temps, ce n'était pas étonnant, j'avais caressé ce dos durant une bonne partie de la nuit. Je me rapprochai d'elle et je me raclai la gorge en disant doucement.

"Ellia ? Ellia, c'est bien toi ? Comment tu vas depuis le temps ?"

"La difficulté des relations."

Vous savez, la vie n'est pas simple. Aucun des sentiments qu'un être humain peut ressentir n'est simple. En vérité, la vie est une multitude d'obstacles, de différentes ampleurs, qui se succèdent les uns après les autres. Le but ultime de la vie, au final, est de les surmonter jusqu'au dernier, jusqu'à l'insurmontable: la fin de notre vie. Le problème dans mon métier, c'était que je voyais bien trop souvent des fins de vies précoces qui n'avaient pas lieu d'être. Combien de personnes innocentes, de personnes qui n'avaient rien demandé, s'étaient retrouvées assassinées par des personnes dérangées? Ou pas dérangés d'ailleurs. Bref, là n'est pas le sujet. Dans mon métier, je n'avais que peu de temps pour moi. Très peu de temps. Mais j'aimais tellement mon métier, malgré les horreurs que je pouvais voir, que je n'échangerais ma vie pour rien au monde. Alors oui, je me contentais des rares relations que j'avais en dehors de mon boulot mais ça me convenait.

Ce jour là, une enquête venait de se terminer. Mais quelque chose me dérangeait encore. C'était comme si un élément de cette histoire ne collait pas avec le résultat. Et si nous nous étions trompés? Royalement perdue dans mes pensées, je ne faisais guère attention à où je marchais. Pour être franche, je ne remarquai même pas qu'un homme avait faillis me percuter. J'allais continuer mon chemin lorsque j'entendis mon prénom raisonner non loin de moi. Je tournai mon visage pour voir qui pouvait bien m'appeler. J'étais d'autant plus surprise - et je faillis ne pas faire le rapprochement - qu'on ne m'appelait que très rarement par mon prénom. En effet, les gens qui me connaissaient faisaient la plupart du temps partis de mon entourage professionnel alors autant dire que j'entendais bien plus souvent Agent Donovan qu'Ellia. Je faillis ne pas reconnaître la personne qui m'abordait. "Ellia ? Ellia, c'est bien toi ? Comment tu vas depuis le temps ?", m'avait il dit. J'eus un moment d'hésitation, une sorte d'absence. En fait, je remettais mes idées en place et je replaçais cet homme dans le bon contexte. Cela ne prit que quelques secondes avant que je ne sache très exactement ce qui me reliait à lui. Waouh. Normalement, je ne revoyais jamais mes coups d'un soir.

-Bonjour. Je vais... Bien. Je vais bien. Et toi aussi on dirait, tu as l'air en... Forme?

J'étais un peu perdue, étrangement. Moi qui avait pour mission de garder mon sang froid en toute situation, je ne savais pas comment aborder une rencontre avec un homme dont seule une nuit nous reliait ensemble. C'était assez inédit et je devais avouer que cela était quelque peu déconcertant. D'ailleurs, je fuirais sûrement cette situation dés que possible, comme j'avais pris l'habitude de le faire depuis mes mauvaises expériences.

-Ca fait un bon moment dis donc... Hum... J'espère que tu n'as pas eu de nouvelles fois à faire à la police ou au fbi.

Je souris doucement. Bon ok, j'étais nulle au niveau de l'humour. Mais que vouliez-vous que je lui dise, moi, à cet homme? J'étais pas faite pour entretenir des relations, de par mon métier ainsi que mon caractère, alors me retrouver là, face à lui, c'était encore pire.

Qu'est-ce qui est le plus étrange ? Recroiser un coup d'un soir ou ne pas avoir oublier une fille avec qui vous aviez passé une seule nuit ? Revoir un coup d'un soir, cela arrivait, c'était croisé par hasard, la plupart du temps, on en oubliait le nom pour ne se souvenir que du moment passé. Mais moi j'avais oublié ni le nom, ni le moment. En fait, c'était normal, Ellia était sans doute la première femme avec qui j'avais passé une nuit depuis la fin de mon mariage, alors étrangement ça m'était resté gravé.

Je regardais Ellia, une belle blonde, j'avais beaucoup de choses avec les blondes, même si j'aimais une belle brune. Elle semblait surprise de me voir, tout en ayant un peu de mal à me remettre. Normal avec le "peu" de connaissances que nous avons l'un de l'autre. Elle semblait également très embarrassée de la situation. Elle parvint à reprendre de la contenance et elle me dit que j'avais l'air en forme, surtout après un petit temps d'arrêt. Je souris doucement en baissant la tête. Ouais j'étais bien mieux depuis que je sortais avec Alexie.

Je souris devant le petit trait d'humour d'Ellia, même si elle n'était pas terrible et je répondis en blaguant à mon tour.

"Tu sais, avec des agents des forces de l'ordre aussi sexy, on ne peut que se laisser appréhender peu importe le délit."

Ouais, je sais, c'était pas terrible pour le coup. Je la regardais et je demandai doucement.

"Ca fait longtemps que tu es ici ?"

"Tu sais, avec des agents des forces de l'ordre aussi sexy, on ne peut que se laisser appréhender peu importe le délit." Je souris doucement. Ouais, ok, c'était pas forcément la meilleure remarque à faire. Mais en même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir. J'avais fais l'erreur de coucher avec lui donc forcément, ça restait. Et puis, je savais qu'il ne voulait que faire un trait d'humour. Vous savez, mon métier n'était pas quelque chose de simple et je n'avais que vingt-cinq ans. J'avais toute la vie devant moi et même si j'évitais toute relation sérieuse, rien ne m'empêchait de profiter un peu de temps en temps. C'était sûrement la seule chose que je faisais en dehors de mon boulot, outre dormir et dormir et boire un verre après une enquête et dormir. Bref, vous avez compris, je ne vais très certainement pas vous faire un dessin, vous êtes des grands.

-Je prends ça comme un compliment, donc merci.

Je souriais toujours doucement quand il me questionna à nouveau pour savoir si ça faisait longtemps que j'étais ici. Cela faisait déjà un petit moment. J'avais du venir pour une affaire, ça devait faire quelques semaines ou mois. Je ne comptais plus. La ville m'ayant plu, j'avais décidé de rester ici avec une équipe et on se rendait où c'était nécessaire si nous étions appelés.

-Quelques temps. J'ai cessé de compter. Et toi?

Je me disais que ce serait un peu mal poli de ne pas lui poser plus de questions, bien que c'était assez gênant de se retrouver face à face après une seule et unique nuit, mais je lui proposai:

-Si tu veux, on peut aller boire un café et discuter.