Je fus d’un coup soulagée de savoir qu’il ne partait pas. J’allais seulement pouvoir être près de lui, je n’avais pas vraiment envie qu’il soit loin de moi. J’avais l’habitude de ses voyages qui duraient parfois des semaines. Il m’appelait mais ce n’était jamais assez et il fallait à chaque fois que je passe le téléphone à Will ou à Louka qui voulait absolument entendre la voix de leur oncle. Ca me faisait toujours rire mais c’était du temps que je n’avais pas moi. Mais pour mes enfants, je me serais abstenue de l’entendre s’il le fallait. C’était eux qui comptaient. De plus, quand je l’entendais, il me manquait encore plus. Et je ne pouvais pas dire que je voulais encore lui parler sans aucune raison, je ne pouvais pas lui dire que j’avais juste envie d’entendre sa voix car je n’étais que sa cousine.

Je n’avais pas envie d’avoir de nouveau cette situation. Et il m’apprit que ce n’étais pas le cas pour l’instant. C’était mieux, si on devait mettre sur pied notre relation, c’était mieux de se parler en face que de se parler par téléphone. Il posait ses lèvres doucement sur ma joue. Je posais juste ma main sur sienne. Je rougis. Je ne comprenais pas pourquoi je rougissais encore alors que c’était qu’un simple bisou. A présent, il n’y avait rien d’anormal à ca. Enfin si ca l’était, tout notre relation l’était. Mais rien ne me déplaisait. Et l’heure tournait. Je n’étais pas obsédée par l’heure mais je me sentais de plus en plus fatigué. Je voulais dormir et en même temps je voulais continuer à parler avec lui.

Je t’aime aussi Brian. Je n’aime pas quand tu pars et je ne suis pas la seule.

Je souris. J’espérais qu’il comprenait que je parlais des enfants. Je savais, tout comme lui, que les jumeaux le prenaient pour leur père mais je voulais lui montrer par de petites choses comme celle-ci qu’eux l’ont déjà adopté.

Mais tu me manque à chaque fois. Je sais que c’est normal et je l’accepte. Je ne voulais juste pas que tu partes maintenant… Enfin dans les prochains jours. Et ça me rassure que tu me dises le contraire.

J’enlaçais mes doigts avec les siens et regardais nos deux mains ensemble. Je souris, je n’avais jamais remarqué que ca main était si grande par rapport à la mienne. Je relevais la tête vers lui.

Il faudra le dire aux enfants sinon ils ne vont pas comprendre, il faudra le faire ensemble.

Si elle savait à quel point moi aussi j'ai parfois eu envie de garder le téléphone contre mon oreille juste pour entendre sa respiration à l'autre bout du fil. Je ne lui ai jamais dit une telle chose pour éviter de passer pour un fou. À toutes les fois où je téléphonais à Kate pour savoir si tout va bien, je finissais toujours par parler à l'un des petits qui me disait ce qu'il a fait dans sa journée. J'ai souvent entendu : "J'ai joué à la voiture" ou encore "J'ai fait un beau dessin". Je répondais alors : "Garde-le comme il faut, j'ai hâte de le voir quand je vais revenir." Lorsque je sortais cette réponse, il était tout heureux, ça paraissait dans sa voix. Ça prend si peu pour faire plaisir à un enfant, tout le contraire d'un adolescent qui n'est jamais content.

« Je sais Kate, ils me le disent souvent. Moi non plus ça ne me fait pas toujours plaisir de partir, mais quand j'ai des engagements, je n'ai pas le choix de les respecter. Vous me manquez constamment quand je suis à l'autre bout du monde. La prochaine fois que je pars, on testera la webcam pour se parler sur Internet, d'accord? »

Dis-je avec un sourire en la laissant venir entrelacer ses doigts aux miens. Vous voyez, c'est ce genre de petits gestes tout simples qui me fait plaisir. Je ne demande rien de plus qu'un peu de tendresse de la sorte pour être heureux. Je plonge mon regard dans le sien.

« Nous leur dirons au petit-déjeuner. Je suis convaincu que tout va bien se passer. »

Doucement, j'approche mon visage du sien et je dépose mes lèvres sur les siennes très délicatement.

« Je vais aller me coucher avant que les enfants se réveillent. Merci encore Kate, merci. »

Je la serre doucement contre moi et je me rends à la porte.

« Bonne nuit »

Tout était délicat, tout était étrange et inespéré. Ca n’avait rien avoir avec ce que j’avais connu avant. C’était l’amour, le vrai, le beau, le pur, l’enivrant, le sublime, celui avec un grand A qui durera. Tout était si difficile et incroyable. Rien de pareil ne m’était arrivé, les règles avaient changé. Je ne pouvais pas me rassurer car je ne sais pas de quoi sera fait demain. On sortait de la routine, c’était une bonne chose mais le changement me fait peur.

Je comprenais très bien ces engagements et jamais je ne lui en voulais de faire le métier qu’il fait. Si c’était ce qu’il aimait faire, j’en étais heureuse. Jamais je ne lui demanderais de choisir. Il était heureux de faire ce métier et ca me faisait plaisir même si c’était pour ne pas le voir pendant un moment. Je n’en voudrais jamais non plus à mes enfants de me prendre le téléphone pour lui parler, je les comprenais. Et leur bonheur passait bien sur avant le mien. D’ailleurs il me rassura au sujet de mes enfants. Je n’en avais que faire de l’avis des autres mais ceux de mes enfants était ce qui m’étais le plus important.

Je posais ma main sur sa joue pendant qu’il m’embrassait. Ce fut l’un des plus beaux et des plus doux que j’ai connu. Je lui souris heureuse. Je me sentais bien. Pour la première fois je n’irais pas me coucher en me disant « demain je lui dis tout » parce qu’à présent c’était fait. J’irais bientôt d’ailleurs. Il partait. Mais il serait toujours là à mon réveille.

« Bonne nuit Brian. A demain »

Je lui souriais toujours, je ne pouvais m’en empêcher. Je me levais au même moment que lui mais je ne le suivais pas je restais juste là à le regarder partir. J’allais me coucher mais je me retournais.

« Brian. Je t’aime »

Kate aime ses enfants et je la comprends très bien. Je ne suis pas leur père et je ne le serai jamais, mais si je peux une figure paternelle, un modèle, je vais le faire avec plaisir. Ces petits garçons n'ont pas demandé à venir au monde et ils ont absolument rien fait pour ne pas mériter de père. Il y a beaucoup d'hommes innocents, d'hommes immatures et parfois je me demande même comment une femme peut accepter de coucher avec le premier venu et tomber enceinte. Ok, oui, c'est une certaine punition, car dans un sens, elles l'ont chercher, non?! Quand tu couches avec n'importe qui, c'est un risque à prendre... J'espère que je n'ai pas un enfant dans ce monde, car vraiment je serais très mal barré. Peu importe, ça ne doit pas, car j'ai eu une seule femme dans ma vie et nous sommes restés ensemble quelques années.

Notre baiser prend fin et je me rends à la porte pour pouvoir regagner ma chambre quand j'entends Kate me dire qu'elle m'aime. Un sourire aux lèvres, je me tourne doucement vers elle en tenant la poignée de porte. Je la regarde avec un petit sourire en coin et je lui fais un clin d'oeil pour finalement partir.

Le lendemain matin

7h00
Je me suis levé très tôt pour pouvoir préparer une petite surprise à Kate. Avec les garçons, je suis à la cuisine et nous préparons le petit déjeuner. Je lui fais une repas digne d'une princesse et les garçons beurre eux-mêmes les toasts avec leurs petits couteaux de plastique, car il ne faudrait pas qu'ils se coupent.

7h18
Nous montons tranquillement à la chambre de Kate avec le repas pour tout le monde. Les garçons tiennent chacun deux verres de jus d'orange. Moi, j'apporte l'énorme plateau et je cogne doucement à la porte question d'annoncer notre arrivée et aussi pour ne pas la surprendre nue parce qu'elle se change. Bref, je dépose le plateau et je tourne la poignée pour finalement reprendre le plateau et entrer dans la chambre derrière les garçons qui marchent tranquillement.

William : Maman, maman, réveille-toi maman!
Louka : Maman, regarde, j'ai fait le petit-déjeuner avec William!

Dit le petit Louka en déposant doucement les verres sur la table de chevet pour pouvoir grimper sur le lit et embrasser sa mère. Je souris en restant debout à regarder les deux petits.

William : Pas de feu maman , nous n'avons pas mis le feu!!!!

Je ris et je laisse William monter sur le lit pour finalement m'y asseoir avec le plateau et regarder Kate droit dans les yeux.

« Bon matin. »