La semaine dernière, je n'ai pas pu assister au cours de danse parce que j'étais malade, en fait, c'est simplement que la fatigue accumulée à cause des cauchemars que je faisais sans arrêt avait eu raison de mon organisme et lorsque je me suis levé mardi dernier, je me suis évanouis. Donc j'ai été absent de mes cours pendant quasiment toute la semaine et mon médecin a été à la limite de me disputer. Bon sang, je ne suis plus un môme. Il voulait me prescrire des somnifères pour mes cauchemars, mais j'ai refusé je ne veux pas devenir accro à ces machins-là, il a tout de même essayé d'insister, je lui ai dit que si jamais il en écrivait sur l'ordonnance, je jetterais la boîte de médicaments à la poubelle, il s'est donc résigné. Non mais sans blague, il ne va pas me forcer. Il m'a aussi dit que visiblement quelque chose me tracassais, que je devais en parler... sans blague. Enfin bref, cessons d'être cynique. J'étais vraiment ennuyé d'avoir raté les cours si longtemps, enfin surtout le cours de danse, heureusement grace à Leila je n'ai pas trop perdu, elle me faisait un résumé détaillé de ses journées de cours tous les jours.

Aujourd'hui après le cours de danse je suis allé trouver le professeur et je lui ai demandé si je pouvais revenir ce soir à la fin des cours pour m'entraîner dans la salle. Elle me dit que comme la dernière fois qu'elle m'avait laissé les clés tout s'était bien passé, elle était d'accord pour recommencer sous les mêmes conditions que la dernière fois, c'est-à-dire que je donnerais le trousseau au gardien lorsque je partirais. Je hochais la tête en souriant pour montrer mon accord puis elle me tendis les clés, je la remerciais et partais au cours suivant. Durant le reste de la journée, je n'étais pas très attentif, je ne pensais qu'à la fin des cours, au moment où je serais seul dans la salle, libre de danser aussi intensément que je le voudrais.

La fin des cours arriva pour mon plus grand plaisir, à peine sorti de ma dernière salle de classe, je fonçais à la salle de danse, je déposais mes affaires de cours dans un coin puis je séléctionnais la musique sur laquelle j'allais bouger, un rythme cubain, une salsa, quelque chose comme ça, de la musique qui bouge bien. Une fois le morceau séléctionné, je me positionnais devant le miroir puis j'allumais la chaîne grâce à la télécommande que je posais un peu plus loin... enfin "jetais" serait un terme plus approprié, mais pas de panique, elle avait atterit sur mes vêtements, donc pas de problèmes. La musique commençait et moi je fermais les yeux pour m'en imprégner, c'est toujours ainsi que je procédais, puis je me mis à bouger en rythme, enfin je respirais, j'étais dans mon élément, plus rien n'avait d'importance, plus rien ne pouvait m'atteindre.

A un moment, j'ouvris les yeux pour vérifier si mes mouvements étaient exécutés correctement mais je m'apperçu de quelque chose, il y avait quelqu'un avec moi dans la salle, cette personne tentait de se dissimuler, mais ses pieds dépassaient de dessous l'armoire derrière laquelle la personne s'était caché. Je stoppais la musique et prit une barre qui nous sert à faire des exercices. Prudemment, j'avançais vers le fond de la pièce.

- Qui est là ? Je sais qu'il y a quelqu'un, montrez-vous !

Même si un combat s'engageait entre le "visiteur" et moi, j'étais certain de ne pas gagner, mais au moins j'aurais essayé, non ?

Les Etats Unis... Franchement, je ne m'y ferais surement jamais. Cela faisait environ trois semaines que j'étais arrivé, et franchement, mon Angleterre natale me manquait. Où était passé les pauses thé ? Et puis ici, il n'y avait pas de beaux hommes en uniformes qui défilait... Et puis la pluie me manquait... Il faisait vraiment trop chaud dans ce pays ! Je n'avais même plus l'occasion de porter ma magnifique veste en cuir qui m'allait tellement bien ! Je m'étais levé ce matin complétement déprimé à l'idée de passer une journée de plus dans cette ville, et avait filé dans la douche. Une demie heure plus tard, je m'étais enfin décidé à sortir de la cabine pour laisser la place à ma colocataire qui tambourinait à la porte. Une serviette autour de la taille, et je pris place dans la cuisine, afin de prendre mon petit déjeuné. Un morceau de pain, un thé, et c'était parti... Direction les cours.

J'avais pris ma voiture, et une fois arrivé devant le lycée, j'en sortit, lunette noire sur le nez. Oui, même si dehors il faisait plus de 30 degrés, j'avais décidé de quand même m'habiller comme chez moi, en Angleterre. Alors même si je crevais de chaud, j'avais mis ma veste en cuir noire, avec un jean, et les lunettes histoire de quand même empêcher le soleil de me brouiller la vue. Mais j'étais assez content du résultat... Je finis par me rendre dans ma salle de cours, et en sortit quelques heures plus tard. Le temps était passé assez vite... Enfin, surtout parce que j'ai dormis pendant plus de la moitié... Par chance, je n'avais pas beaucoup d'heure de cours aujourd'hui, ce qui m'avait donné le sourire pendant quelques secondes. En fin de journée, je n'avais qu'un seul cours : Chant. Il se passa particulièrement bien, et m'étonna d'avoir aussi bien chanté le morceau sans avoir prit la peine de le travailler chez moi.

Je me dépêcha de sortir du cours, et alors que je rejoignais la porte de sortie, mon corps se stoppa net. Quand mes yeux prirent la peine de bien détailler la scène qui se passait devant moi, je vis une des professeurs de danse parler à un élève. Mais pas n'importe lequel : Gray Braam. Je pense que tout ceux qui me connaissent savent qui est Gray pour moi... alors que je n'étais qu'un adolescent, je sortais avec lui... Et j'avais aussi abusé de lui... Il n'était pas prêt à passé à l'acte avec moi, et pourtant, je n'en avais pas prit compte. le lendemain, il avait disparu de mon appartement, ayant reprit toutes ses affaires. Je ne m'étais jamais vraiment remit de cette rupture douloureuse, même si je savais que tout était de ma faute. Le fait est que, malgré tout ce que je lui ai fait, je l'aime toujours. C'était même en espérant le retrouver que j'avais quitté mon pays pour me retrouver ici. Et la, ça y est... Il était devant moi... Je l'avais enfin retrouver...

J'avais déjà fait une tentative pour le retrouver, mais étant souffrant, je ne l'avais pas vu. Je me rappelle avoir finit ma soirée dans un bar, et avoir bu jusqu'à en perdre la mémoire. Et oui, je ne savais pas du tout ce que j'avais fais après. Mais selon m'a colocataire, c'était épique ! Bref, en le voyant, mon cœur loupa un battement... Il fallait que je lui parle, c'était le moment ! je le vit entrer dans une salle de danse, et alors qu'il allait surement se préparer, je fila jusqu'à ma voiture, afin d'y déposer mes affaires. Je couru jusqu'à la salle, et regarda discrètement à l'intérieur... Mon dieu, qu'il était beau... Il n'avait pas vraiment changé, mis a part qu'il avait grandit, et c'était embellit. Je vis alors qu'il avait les yeux fermés, et j'en profita pour rentrer dans la salle. J'avais une terrible envie de me rapprocher de lui, de le prendre dans mon bras, mais non, il ne fallait pas. Je regarda alors autour de moi, et vit une armoire. Bon, allons nous cachez alors... Une fois derrière le meuble, je continuais de regarder l'homme que j'aimais toujours se déhancher sous la musique, jusqu'a ce que... MERDE ! il a ouvert les yeux, et regardé dans ma direction... pitié, faites qu'il ne m' ai pas vu...

- Qui est là ? Je sais qu'il y a quelqu'un, montrez-vous !

Bon... bah il m'avait vu... Je n'allais pas rester caché, ça ne servait à rien, et surtout, il aurait prit peur plus qu'autre chose. C'est alors doucement que je me mis à marcher, et ainsi me montrer dans la lumière.

" - Salut... "

Je vis alors la panique dans ses yeux... En meme temps, je pouvais le comprendre...

" - Comment vas tu ? "

Han la question bête... Mais pour ma défense, le silence me stresse, alors oui, c'est vrai que jamais je n'aurais du lui demander ça, mais c'était trop tard... Mais... Peut être allait il fuir ! Je me dirigea alors vers la porte d'entrée comme si de rien n'était, histoire de garder Gray dans la salle de danse. Il fallait que je lui parle, et je n'y renoncerais pas.

Armé de mon baton, j'étais prêt à en découdre avec n'importe qui... tout du moins, c'était ce que j'essayais de me persuader. Cependant, lorsque je vis l'identité du "voyeur", je me figeais net et mon sang se glaça. Non, pitié, dites-moi que ce n'est pas vrai, c'est un cauchemar, oui, c'est ça, je suis dans mon lit et c'est encore un de mes nombreux cauchemars... je vais me réveiller. Voilà, je n'ai qu'à attendre un peu et tout s'arrangera..

" - Salut... "

... ou pas. Bon sang, c'était bien réel, Jason était là, devant moi. Tandis que je le regardais, des images me revenaient en mémoire, je me souvenais de ce fameux soir chez lui, je pouvais sentir de nouveau ses mains sur moi et j'en frissonnais de peur, je n'espérais qu'une chose, qu'il n'ait pas l'intention de recommencer parce que je sais qu'alors je ne pourrais pas me défendre, d'ailleurs, mon baton s'échappa de mes mains. Enfin, pour être plus précis, je dirais que la surprise me fit le lâcher.

" - Comment vas tu ? "

C'est une plaisanterie ? Comment pense t-il que je vais ? Que dois-je lui répondre ? "Oh je vais super bien, depuis que tu m'as violé je n'arrive pas à fermer l'oeil de la nuit, cela fait cinq ans que ça dure, cinq années de cauchemars interminables, d'ailleurs tu vas rire mais je croyais être dans l'un d'eux en ce moment." Oui, c'est ainsi que je devrais lui répondre, mais je n'y arrive pas. Je le regarde se diriger vers la porte... zut, moi qui pensais m'enfuir, c'est légèrement raté. Finalement je parvins tout de même à sortir quelques mots puisque j'avais bien l'impression qu'une conversation était inévitable. Ma voix était rauque lorsque je pris la parole.

- A ton avis Jason, comment crois-tu que je puisse aller ? Comment irais-tu si l'homme dont tu étais sincèrement épris, celui que tu aimais plus que tout avait soudain décidé d'abuser de toi hein ? Tu crois que tu irais bien du genre "tout est beau dans le meilleur des mondes" ? Et bien la réponse est non Jason... Non je ne vais pas bien, cela fait cinq années que je n'arrive pas à fermer l'oeil de la nuit...

Plus je parlais, plus je vidais ce que j'avais sur le coeur et plus ma voix montait, je crois que j'étais tout bonnement en train de faire une crise de nerfs, toute la rancoeur accumulé sortait en ce moment-même.

-... Et tu sais pourquoi ? Parce que chaque soir je revois ce qu'il s'est passé, je revis mon viol comme si j'y étais encore et tout ça c'est grâce à toi. Merci... vraiment merci beaucoup d'avoir fait de ma vie un enfer.

Je sentais les larmes qui roulaient sur mes joues, je me sentais si sale, je me souviens que le lendemain du jour où cela s'est passé, j'avais passé près de deux heures dans la salle de bain à enchaîner les douches et là... j'avais soudainement envie d'en reprendre beaucoup.