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L'influence du jazz dans les musiques contemporaines. Hum, franchement, je comprenais pas vraiment le but de cet exposé. Le jazz avait certes énormément influencé l'apparition du rock et de toutes les autres musiques qui en avaient découlé mais de là à rendre huit pages. Quoi que, c'était un exposé oral, en face de la classe, donc si je me démerdais bien, et que je parlais ultra lentement en passant des vidéos, le prof pourrait penser que j'avais bel et bien fait mes deux copies doubles. C'était le seul cours dans lequel je me donnais à fond pourtant, le seul dans lequel ma moyenne dépassait les quinze – première fois dans toute ma scolarité que ça m'arrivait -, s'agissait de pas le décevoir cette fois, pour passer dans la classe supérieure. Les partiels arrivant à grands pas, fallait que je révise. C'était pour ça que j'avais élu domicile dans la bibliothèque. C'était grand, c'était bourré de livres et d'élèves sérieux … en clair, c'était flippant. Rien que deux pas à l'intérieur m'avaient rappelé à quel point je détestais bosser. Ça m'angoissait presque de me retrouver ici, avec l'interdiction de parler fort, de rire, et de faire grincer sa chaise en entrant. Enfin quand je dis rire, je sais pas vraiment à qui je pourrais parler ici, je connais personne. Tous le nez plongé dans leurs bouquins, à gratter frénétiquement sur leurs cahiers. Bizarre, je comprendrai jamais ce genre de personnes, qui passent leur vie à apprendre, sans jamais sortir, ni s'amuser. En Angleterre, au collège, j'avais une nana dans ma classe, lunettes, jamais bien peignée, qui ne sortait jamais. En gros, sa vie se résumait à se lever pour aller au collège, travailler, et rentrer directement pour faire ses devoirs et réviser jusqu'au coucher. Alors ouais, elle avait la meilleure moyenne possible, elle avait déjà sauté deux classes et finirait ministre ou astro physicienne pendant que je me gèlerait le cul, assis en tailleurs sur un trottoir une guitare à la main. Mais moi j'aurais profité de la vie. J'appelle même pas ça vivre de rester à toujours apprendre. Et ces gens, en plus d'être vraiment trop intelligent, ils n'avaient aucune discussion. On pouvait leur parler maths ouais, mais jamais de fringues, de musique ou de cinéma. C'était triste. Bref, je fais pas partit de ces gens là, je sais pas pourquoi je les plains. Faut que je me reconcentre sur ma lecture.

Assis par terre, dos collé au mur, un bouquin sur les années soixante entre les mains, je feuillette les pages à la recherche d'un truc intéressant à écrire pour mon exposé. Pas facile, quand on sait que je m'arrête toutes les deux secondes pour lire une anecdote débile sur la vie personnelle de Janis Joplin ou Freddy Mercury. J'devrais travailler pour un tabloïd, ça me ferait marrer de raconter les potins. Là, j'suis en train de découvrir que Neil Young avait un pied plus grand que l'autre. Je laisse échapper un petit rire en imaginant le personnage. C'est totalement débile comme livre. Je le ferme d'un coup sec, me relevant pour en prendre un autre à la place. Regard qui cours sur la rangée, passe dans celle d'à côté et tombe enfin sur une silhouette féminine. Agyness. Elle ne m'a pas encore vu, j'suis vraiment tout au fond du rayon, caché derrière les gros livres. Ça faisait quoi ? Quelques jours qu'on c'était pas croisé. Depuis l'incident dans l'atelier pour être exact. Pas d'essayes cette semaine, pas de messages ni d'appel, d'un côté comme de l'autre. Je m'approche doucement d'elle, pose ma main sur son épaule pour le faire retourner. « Hey … » Petite pause. J'ai l'impression que ça fait des mois que je ne l'ai pas croisé. « Tu … ta présentation c'est bien passée ? En stylisme … le pantalon. » Creepy. Et j'm'emmele totalement pour amener une pseudo conversation.

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Je marchais, le regard perdu, les jambes lourdes, j’étais essoufflée et en sueur. J’avançais dans la pénombre ; des arbres beaucoup trop d’arbres. Mes pas éteint mécaniques, je voulais m'arrêter, mais je n'y parvenais pas, mes muscles hurlaient douleur, je n'étais plus maître de mon corps. Ce froid, cette humidité, cette obscurité soudaine, me faisait peur. Ma respirations étaient de moins en moins régulière… Oh, tiens un faisceau de lumière,des dizaines, des milliers. Je me précipité vers ce rayonnement soudain, qui se trouvait dans le fond de la forêt : j'allais m'en sortir, j'allais sortir de ce foutue bois. Je courais aussi vite que je pouvais, j'esquivais les branches, les racines, puis complètement époumonée, je diminua ma cadence comprenant que je courais sûrement pour rien, je refaisais le même parcours encore et encore et la lumière était toujours à la même distance que je l'avais laissait. Je m'affala violemment sur le sol … ou plutôt mon lit …. Je me réveilla en sursaut, des gouttes perlaient mon visage, et mon cœur, lui, battait à une allure surhumaine. Je passa ma main dans mes cheveux, tentant de reprendre ma respiration. Je scruta la pièce longuement ; il était certain que je n'étais pas chez moi, une fois de plus … je tourna la tête, en entendant un soupire près de moi, effectivement, je n'étais pas chez moi, et lui, je ne savais pas qui il était. « Tu n'as pas arrêté de bougé cette dernière heure … » dit-il d'un voix rauque et d'un ton qui sonnait comme un reproche. « Ta gueule … » lui répondis-je m''arrêtant une seconde, je plissa des yeux «...  tu t'appelles comment déjà ? » dis-je tout en me relevant, il me dit son prénom que je n'enregistra point.

Depuis une semaine c'était le même rituel ; je dormais toujours dans un endroit différent, dans le lit de personnes différentes, et cela arrivait parfois, plusieurs fois par jours. J'avais un énorme besoin d'user de mon pouvoir d'attraction, c'était un peu comme me rassurer, comme existentiel. Je n'avais jamais ressentit ce besoin auparavant, enfin si, toujours, mais jamais autant. Inconsciemment c'était pour m'assurer que je plaisais toujours autant …

Je passa d'un coup de vent par ma chambre une petite heure, histoire de me laver, m'habillait, et surtout de caler quelques choses dans mon ventre vide - ce qui était bien quand on avait une chambre solo, on avait de compte à rendre à personne. Lorsque j'eus fini de me préparer, je décida de faire un petit tour à la bibliothèque :les examens approchait à grand pas, et je ne pouvais pas me vanter de mes notes, malheureusement. En plus de cela, la bibliothèque était un endroit calme – un peu trop, en fait, limite effrayant – et là au moins j'étais sur de ne pas tomber sur de mauvaises personnes. Lorsque j'entrai dans la salle sombre, une bouffé de chaleur me submergea, ca sentait les vieux livre, ce qui me fit éternué, un mec assit à côté de la porte d’entrée me fusilla du regard, me forçant littéralement à fuir vers la rangée de littérature moderne. Je parcourais avec mon index la côté des livres, espérant, en trouver un qui m'inspire. Soudain je sentis un main se poser sur mon épaule, je lâcha un léger cris de surprise. En me retournant, je fus étonnée de voir son visage, ca faisait une semaine que je ne l'avais plus revu, depuis le petit incident de l'atelier en réalité. Je n'avais pas trop envie de le croiser et what was the chances ? À la bibliothèque ? « Tu … ta présentation c'est bien passée ? En stylisme … le pantalon. » Oh, ca ? Je du improviser, sans model, sans aucunes retouches … j'avais quand même réussi à impressionner le professeur, ou presque. « Dray ?! » je m'arrêta, leva la tête puis continua « Eh bien … ca ne s'est pas trop mal passé » Ca se serai mieux passé si tu étais là, ça, c'est sûr. Je n'arrivais pas à le regardais dans les yeux, c'était trop difficile. Merde, voilà que je perdais mes moyens maintenant. « Qu'est ce que tu fous ici toi ? » Il était justement la personne que j'essayais d'éviter en venant ici.

Plutôt naze comme introduction. Complétement même, en général je me démerdais toujours pour trouver une vanne, ou un compliment si je voulais séduire. Bref, pas la question bidon que je venais de lui balancer sans vraiment réfléchir. « Dray ?! » Une chose est claire, Agyness semble aussi surprise et gênée que moi de cette rencontre improvisée. Si elle s'attendait à me voir entre les rayons de la bibliothèque. Des rayons sérieux en plus, pas ceux pour les gamins, que j'aurais gribouillé avec un gosse largué par sa génitrice. Ma passion pour les enfants, ouais, c'est un truc que j'allais garder sous silence pour le moment. Le fait est que cette aprem, je devais travailler, et apparemment, miss Collins aussi. Chouette, qu'est ce que tu dirais de se prendre une table à deux ? Tu vois, celle avec la petite lampe pour nous éclairer, tout au fond, ça donnera un côté intime. J'dois vraiment avoir le cerveau embrouillé pour penser autant de merde à la seconde. J'sais pas, c'est le fait de la revoir sûrement, et de ne pas avoir pu préparer mon coup à l'avance. J'en avais préparé pourtant, des plans pour la recroiser, en faisant passer ça pour le hasard. Aujourd'hui non, ça ne figurait pas sur ma liste. Pour une fois que j'essayais d'être sérieux, le prof pourrait attendre mon devoir. Si Agyness me tournait le dos en m'envoyant qu'elle avait trop de boulot pour discuter, je rentrais direct chez moi, j'apellais deux trois nanas, bouteille de vodka comme compagnon de soirée et j'essayais de penser à autre chose. Clair que j'pouvais plus travailler là, et c'était pas une excuse bidon. Au pire des cas, j'irai raconter mes déboires au prof de musique, s'il avait un cœur et qu'il était fan des mélodrames qu'on passait l'aprem sur toutes les chaînes de télévision pour ménagères en manque, il me comprendrait. Y avait plus qu'à prier. En tout cas là, à cet instant, j'ai vraiment l'air con, à me mordiller la lèvre inférieure, mains dans les poches, et à me balancer de mon pied gauche à mon pied droit. On dirait un gamin au collège. « Eh bien … ca ne s'est pas trop mal passé. » Léger hochement de tête, je souffle un léger cool de félicitation. Content de pas avoir fait foirer entièrement des partiels aurait été plus approprié. J'essaye juste de en pas enfoncer le clou sur l'incident de la dernière fois. Remarque, c'est peut être moi qui en fait une montagne, qui me suis prit la tête tout seul. Agyness, elle en a peut être rien à foutre de ce que je lui ai dit, elle est peut être déjà passée dessus, basta et c'est prit un mec au passage. C'est pas c'qui manque, les mecs traînant à ses pieds.

« Qu'est ce que tu fous ici toi ? » Je relève légèrement les yeux, pour croiser les siens, et esquisse un geste censé illustre mes paroles manquantes. « J'étais dans l'coin et... » Et je voulais réviser ? « J'ai vu une jolie nana entrer dans la biblio alors j'l'ai suivi. » Je hausse les épaules, avec un léger sourire. Je jette un coup d'oeil circulaire au fond de la bibliothèque. La seule fille proche de nous, doit bien peser une bonne trentaine de kilos de plus qu'Agyness, en mesurer trente de moins aussi, pour vous dresser le tableau. J'sais pas pourquoi je lui raconte ça, c'est venu tout seul. J'aurais pu lui dire que j'étais venu réviser, mais que puisqu'elle était là, on aurait pu se prendre une table à deux. J'aurais pu lui dire aussi, que nos atelier model/stylist me manquaient, ou qu'elle me manquait plutôt, mais non. J'préfère sauver les meubles, encore une fois, montrer que la dernière fois ne m'a pas du tout affecté. Je lui ai balancé qu'il n'y avait rien entre nous, c'est pas pour me mettre à genou et lui demander pardon sept jours plus tard. « Et toi ? T'as vu de la lumière alors t'es rentrée ? »

C'est certain il avait l'air aussi, gêné que moi. Moi j'arborais un sourire figé voire forcé et je ne pouvait poser plus de quatre secondes mes yeux sur lui, de peur de rougir ; oui, dans ce genre de situation (embarrassante) il m'arrivait de rougir. Bref, tout ça pour dire que j'aurai préféré ne pas à devoir réagir ainsi en sa présence, d'ailleurs je ne comprenais pas pourquoi j'agissais comme ca, c'est vrai, avec lui j'étais constamment en train de me dire "Et s'il n'aimait pas ma façon de parler ? Et s'il n'aimait pas ma nouvelle coupe" je me remettais continuellement en question, c'était affreux. « J'étais dans l'coin et... J'ai vu une jolie nana entrer dans la biblio alors j'l'ai suivi. » Je releva mes yeux sur lui, souris puis leva les yeux aux ciel ; c'était évident, pour lui avais-je posé cette question, j'aurai très bien pu le deviner. Je fis rapidement le tour de la bibliothèque du regard : aucunes filles potables, ou bien si, peut être mais je doute que ce ne soit son genre ... elle devait sûrement être cachée derrière une pile de livres, quoi qu'il en soit, je voyais que Mr Jarvis n'avait pas perdu son temps, toujours en quête de proie, je soupira tout en souriant. « Et toi ? T'as vu de la lumière alors t'es rentrée ? » Je reposa mes yeux sur lui, Oh moi ? Tu sais, j'avais décidé de faire tous les endroits où j'étais sur de ne pas te croiser, mais c'était raté. « Eh bien, les examens arrivent à grand pas, tu sais … donc euh … aussi bizarre que ça peut paraître j'ai décidé de me mettre au travail » Je baissa les yeux ; ce silence, cette situation était extrêmement gênante, je n'avais pas besoin de ça. Une documentaliste était passé devant nous, elle nous fusillait littéralement du regard « On est dans une bibliothèque ici, pas dans un café » Quoi ? On avait simplement échangé deux mots avec Darren, on ne pouvait pas dire qu'on avait dérangé tous ses intellos.

« Écoute Darren, je pense qu'il serai temps pour moi, d'aller travailler », je ne le regarda pas, je pris le premier livre qui me tomba sous la main, et changea de direction. Je me haïssais de devoir le fuir, je me haïssais de ressentir un coup de poignard à chaque fois que je croisais son regard, et je le haïssais lui de me faire ça. Et effectivement la solution la plus logique était de l'éviter et me tenir loin de lui. De plus il m'avait blessé, alors il ne m'en voudra pas.

Bon, l'excuse d'une jolie nana à aller draguer dans la bibliothèque, c'était pas forcément la meilleure parade que j'aurais pu trouver. J'aurais pu dire la vérité aussi, lui dire que j'étais là pour réviser mais bizarrement, j'suis pas certain qu'elle m'aurait cru. C'est vrai, mon mensonge passait plus crédible entre mes lèvres que la vraie raison de ma venue ici. 'fin j'sais pas, c'est pas parce que j'ai la réputation d'être le plus grand des branleurs et coureurs, que j'peux pas être sérieux cinq minutes. Ca aurait été quelqu'un d'autre qu'Agyness, j'suis certain que ça m'aurait énervé. J'aurais tapé scandale dans la bibliothèque en balançant quelques livres à la gueule de la personne qui en m'aurait pas cru quand je disais que je venais bosser. Trop réac, comme d'habitude. Agyness, elle a un certain don pour me calmer, et je me voyais mal aller abîmer son visage avec un livre de science et vie de la terre, je m'en serais voulu plus que de mesure. Bref, passons. « Eh bien, les examens arrivent à grand pas, tu sais … donc euh … aussi bizarre que ça peut paraître j'ai décidé de me mettre au travail. » Bon elle, elle cherchait pas à me raconter de la merde. J'sais pas pourquoi je me suis senti obligé de contourner le truc. Peut être pour la rendre un brin jalouse, ce qui venait de foirer de façon magistrale. Nouveau silence, à regarder nos pieds, comme si d'un coup, ils prenaient une importance capitale. La bibliothécaire passe à côté de nous, insistant du regard avec son air de mal baisée. Putain, encore une fois, je n'aurais pas été avec la brunette, j'aurais fait éclater mon scandale. J'aurais direct balancé une remarque à la vieille et son putain de silence dans sa bibliothèque. C'est bon, on était sûrement dans les rayons les moins bondés, et on parlait à voix basse. On était pas en train de hurler, de chanter et de danser.

« Écoute Darren, je pense qu'il serai temps pour moi, d'aller travailler » je relève les yeux vers Agyness, bouche entre ouverte, prêt à lui dire la phrase censée la faire rester. Phrase qui bien entendu, ne vient pas sur le coup. « Okay. » Agyness attrape le premier livre à portée de main, me tournant ensuite le dos sans un mot. La brune commence à faire quelques pas. Je me sent incroyablement con et démuni sur le coup. « Attend ! » Agyness se fige. Je n'ai pas de suite, je ne sais absolument pas quoi lui dire. Normalement, suit la longue tirade d'excuses mais non, non moi je n'ai pas les mots. Je lui dis d'attendre sans pour autant avoir de plan en tête. La bibliothécaire revient vers nous, me lance le même regard que tout à l'heure. Je tourne les yeux vers elle, la pointant de l'index. « Va te faire foutre vieille peau. » cette fois, ça y est, je suis énervé. En deux enjambées, je reviens au niveau d'Agyness, empoignant son bras – avec douceur tout de même -, pour l'emmener avec moi hors de la bibliothèque. Une fois dehors, je lâche le bras d'Agyness. « Écoute, j'suis désolé pour l'autre jour. J'ai été con.  En fait ...» Je passe une main dans mes cheveux, tournant les yeux. « … en fait, l'autre jour, j'ai paniqué. Parce que ouais, il y a bel et bien une attirance entre nous. Peut être même plus, et ça me fait peur. »

Si j'avais vraiment envie de me mettre au travail ? Non mais vous rigolez ? Un peu de sérieux quand même. Certes les examens approchés à grand pas mais je préférerai mille fois mieux rester aux côtés du bel apollon, le contempler, même parlais me suffirai amplement. Cependant, je ne devais pas me montrai si faible, peut être que m'éloigner et me ternir à l'écart de Darren est une bonne idée. Après tout, je n'avais jamais vraiment eu ce problème auparavant, devoir m'éloigner n'avais jamais été aussi dur. Lorsque je lui annonça que je devais travailler, ca bouche s'entrouvrit prête à dire quelque chose, je le regardais patiemment, espérant qu'il sorte quelques chose qui pourrait arranger les choses, réduire les tensions qui avaient entre nous mais au lieu de ca il acquit ma décision. Je tourna les talons désappointée, pris une grande inspiration et alors que je m'apprêtais à faire quelques pas qui me demandaient un effort considérable, je t'entendis la voix de Dray qui me demandait d'attendre ; je m'arrêta automatique et obéit, il me fallut quelques secondes pour pouvoir reprendre mes esprit et me retourner vers lui, comme si de rien était. Nos regards s'accrochèrent, je ne savais pas quoi lire dans ses yeux ; du doute ? du sadisme ? j'avais du mal à le cerner, et cela me déranger énormément ; j'étais certaine que malgré toute ma concentration pour ne pas montrer mes sentiments, il le percevait quand même. En un quart de seconde, il me prit le poignet et nous dirigea vers la sortie, sans même avoir le temps de se révolter, ainsi mes livres s'étalèrent bruyamment sur le sol. Une fois dehors il me lâcha le bras « Écoute, j'suis désolé pour l'autre jour. J'ai été con. En fait ...» il avait l'air mal à l'aise, autant que je ne l'étais. « … en fait, l'autre jour, j'ai paniqué. Parce que ouais, il y a bel et bien une attirance entre nous. Peut être même plus, et ça me fait peur. » il me fallut un long moment pour assimiler ce qu'il disait, mon cœur commençait de nouveau à s'emballer. merde, venait-il de dire ce dont je rêver depuis le premier jour ou j'avais croiser son regard, merde mais que nous arrivait-il ? Je leva les yeux sur lui, et un sourire se dessina sur mon visage.

Je m'approcha de son visage, les gestes bien trop maladroits, je n'arrivais toujours pas a y croire ... je veux dire, pendant une longue et interminable semaine, je m'étais demandée pourquoi je ne lui plairais pas, mis à part que ce mec soit le coureur de jupon type. Et là je me demandais, pourquoi je lui plaisais. Je pris maladroitement sa main « Eh bien, qu'allons nous faire maintenant ? » Oui, qu'allons nous faire ? Couché puis se jetter ? Tentais quelques chose à nos risques et péris ... wahou, c'était trop compliqué. J'avais peur aussi, maintenant.

J'sais pas ce que j'ai depuis quelques temps, j'agis complétement à côté de la plaque. Tout ça, ça ne me ressemble pas, d'être mal à l'aise devant quelqu'un, de courir après Agyness pour la retenir. Non, c'est vraiment pas mon état d'esprit habituel. Et ça, c'est de ça faute, uniquement de ça faute. J'sais pas, y a des jours, où je me dis que je n'aurais pas dû lui dire oui pour être son mannequin, que j'aurais dû la renvoyer chier bien correctement avec ses conneries de dés à coudre. J'en serais pas là, à me ronger les sangs en pensant à elle. Putain, elle me tuait. Take the best, fuck the rest hein ? Ma mentalité de coureur de jupon semblait avoir atterrit sur une piste dangereuse depuis quelques semaines. Pourtant j'avais le choix, j'aurais pu la laisser repartir travailler, tranquille dans son coin de bibliothèque et moi dans le miens. On serait repartis chacun de notre côté, sans un mot et on aurait continué à s'éviter soigneusement, comme on le faisait si bien depuis le dernier incident. Mais non, j'étais revenu sur mes pas, encore une fois. Cette fille, c'était devenu un aimant. Jamais je n'aurais fait tout un cirque dans une bibliothèque pour une nana. Mais Agyness, au fond, ce n'était pas une simple nana parmi les autres, et c'est pour cette raison que je l'embarque dehors, et que je lui sort ma tirade. Ça fait même parade amoureuse avec mes vieilles excuses. You've made me weak.

Tant que tu ne mets pas de mots sur le problème, il n'existe pas. En m'excusant, c'était aussi le moyen que je trouvais pour me faire avouer à moi même mes sentiments pour Agyness. Je passe une main dans mes cheveux, tentant de façon vaine d'y remettre un peu d'ordre. Là, j'pourrais toujours lui décrocher un grand sourire, comme la dernière fois devant son air déstabilisé, son sourire, et lui balancer d'un ton acre que je déconnais, que j'tenais juste à voir sa réaction, et qu'elle était plus conne que c'que je pensais pour être tombée dans le panneau une deuxième fois. Cette possibilité me traverse l'esprit ; car si je faisais ça, si je lui mentais une nouvelle fois pour retourner mes propos à mon avantage, elle ne me pardonnerait pas, elle s'en irait et me détesterait. Et en passant une nouvelle fois pour le connard de service, j'aurais fait mon lâche. J'sais pas pourquoi je m'interdis à ce point de tomber amoureux, voire même tout bêtement de me mettre en couple. Comme si j'allais finir comme ma mère complétement désemparée, ou comme mon père et détruire complétement Agyness. J'avais entendu, par des psys, que les conneries des parents se reproduisaient toujours par les enfants. Dans un cas je finissais brisé et malheureux, dans l'autre comme un connard sans cœur – ce qui soit dit en passant, passait pour ma réputation actuelle -. Mais je ne fais rien. Autant prendre le risque une fois dans sa vie. Agyness s'approche de moi, attrapant ma main. « Eh bien, qu'allons nous faire maintenant ? » Doucement, je glisse mes doigts entre les siens et laisse échapper un soupire. Je relève les yeux, croisant ceux de la brunette et esquisse un sourire. « J'en sais foutrement rien. » Romantique à souhait. J'approche mon visage du sien, posant mes lèvres sur les siennes. « On devrait juste profiter, on verra bien ce qui doit s'passer. » Pour terminer ma phrase, je l'embrasse une nouvelle fois. « Puis t'auras au moins le plaisir de t'afficher avec le mec le plus bandant de Niagara. » Je laisse échapper un petit rire en passant ma main dans les cheveux d'Agyness, lui ébouriffant un peu.

On a beau dire, l'amour, c'est pas un cadeau. Seulement une fois arrivé, on ne peut plus vraiment s'en défaire. Ça m'emmerde autant que j'aime ça, d'être tombé sous le charmes des beaux yeux d'Agyness. Pour une fois que je ne tombais pas raide dingue d'une paire de seins mais bel et bien d'une personne à part entière, fallait fêter ça. Pour le moment en tout cas, je suis devant elle, après l'avoir rattrapé, après l'avoir embrassé et tenant maintenant sa main entre les miennes. Peut être que demain je vais regretter ce que j'ai fait, sûrement même. Loin des yeux, loin du cœur comme on dit. Le connard parfait dans ces cas là... Mais la potion magique, pour retrouver la confiance qu'il m'avait fallu il y a quelques secondes serait de la voir, j'en étais certain. «  T..t'aff...te quoi ? » Agyness a l'air complétement perdue par ce que je peux lui dire. En même temps, je la comprends, je ne sais pas vraiment ce qu'il m'arrive. Depuis combien de temps je ne m'étais pas posé avec quelqu'un ? Des années, pas depuis mon déménagement en tout cas. L'amour me fait flipper, il m'a bien baisé une fois, je m'étais promis de ne plus recommencer. Il y avait déjà le facteur des erreurs de mon paternel, celles de ma génitrice … Et cette salope, dont j'étais tombé raide dingue il y a quelques années. J'aurais tout fait pour elle, vraiment tout. Pas de demi mesure. Décrocher la lune pour son bon vouloir, jusqu'à ce que je la retrouve les quatre pattes en l'air avec mon voisin. Mon petit côté macho, je le tenais sûrement de cet épisode peu glorieux. Les nanas sont toutes des traînées, à coucher à droite à gauche. Autant faire pareil de mon côté. Et voilà ce que j'étais devenu. Et voilà ce que j'étais aujourd'hui, main dans la main avec Agyness, le brusque retournement de situation.

Je passe ma main dans ses cheveux, en lâchant un rire. De toute façon, maintenant, c'était trop tard pour faire chemin arrière. D'ailleurs, je n'en avais absolument pas envie. On se tournait autours depuis trop longtemps maintenant, autant mettre les choses à plat, arrêter de jouer à ce jeu à la con du chat et de la souris. « Darren … T'es sur de ce que tu dis ? Non pas que ca me surprenne … en fait si, sa me surprend ! T'es sur ? » Sûr de ce que je dis non, absolument pas. « Oui j'en suis certain. » Je tourne le visage vers elle, coince son menton entre mes doigts pour l'attirer une nouvelle fois vers moi, posant mes lèvres sur les siennes. Le cœur qui bat un peu plus vite. Rah l'amour, quelle connerie ; manquait plus que les joues qui se mettent à prendre une teinte rose et j'aurais l'air du plus grand des abrutis. Déjà que la regarder avec les yeux doux me choquait moi même … En général, les nanas, je les voyais plus comme des bouts de viande. Faite votre choix, plus c'est frais, plus c'est bon. Remarque digne du boucher pas loin, le truc du lourd, la remarque à la con mais jamais loin de ma vraie façon de penser. Je m'éloigne d'un pas, lâche son menton tout en conservant sa main dans la mienne. « Je veux être avec toi Agyness. Ça fait trop longtemps que j'y pense, autant savoir tout de suite. Soit on prend le risque de se mettre en couple, quitte à se détester dans deux semaines … Soit on se quitte maintenant. » Et cette fois, plus la peine de penser me voir ramper la bouche en cœur. Heartbreaking. Une nouvelle fois. Si jamais elle me crache à la figure, ce n'est même plus la peine d'espérer quoi que ce soit. « Soit je suis avec toi réellement, soit pas du tout. » On dirait presque un ultimatum ; mais je ne supporterais pas de tourner encore autours d'elle et revenir bredouille à chaque fois.

Ca fait un bon moment que je cherchais la facilité, et surtout dans ma vie « sentimentale ». J'avais très vite compris qu'il fallait dissocier amour et sexe, et malgré certains regard réprobateurs j'avais opté pour la seconde option. C'est vachement plus simple ; ça n'impliquait aucune attache, pas d'anniversaire de rencontre, de prises de tête pour le bouchon du dentifrice mal fermé, rien et ca me convenait parfaitement. Sauf que voilà, j'avais rencontré Darren et là je ne sais pas comment mais mon regard avait changé, je me souviens ; il était rentré dans l'amphi, là ou se déroulait un des cours de Mr Blackwood, je me rappelle m'être dit qu'il était différent, et qu'il me le fallait en modèle, son audace, sa gueule d'ange et son caractère de connard, tout ce qu'il me fallait. Puis j'avais été trop naïve, et je m'étais, caché tellement de choses à son propos ; c'était un fait, il m'attirait et même plus, c'est en sa présence que mes sentiments jusqu'à là, dans un fin fond caché, s'éveillaient. Bien sur, je pourrais paraître pour une rabat-joie, une ratée sentimentale mais c'était vrai. J'avais une fois découvert l'amour, il m'avait promis monts et merveilles, une idylle parfaite, en attendant il m'a plumé, à pris tout mon cachet d'une campagne, et il s'était barré je ne sais ou, plus entendu parlé de l'imposteur … c'était peut être mieux comme ca, ca m'a forgé un caractère et une carapace, la confiance sa se gagne, mon poulet.

J'étais abasourdie par la proposition de Dray, l'homme qui me faisait follement fantasmer et rêver, j'avais du lui demander si'l était certain, s'il hallucinait pas … pour la première fois depuis mon arrivé à New York, je montrais ma faiblesse, et le doute de moi même. Pourquoi moi ? Voilà la question qui m'avait trotté dans la tête. « Oui j'en suis certain » répondit-il avec certitude – du moins c'est ce que j'avais ressenti. Je souris, j'étais heureuse, et lorsqu’il m'attirait vers lui, un frisson parcouru le long de mon dos, j'aimais cette sensation, peut-être que finalement, être en couple n'était pas si effrayant, peut être que c'était plus facile … ca l'était sûrement, je n'aurai plus à me cacher, je n'aurai pas besoin de me justifier lorsque je le complimentais, ou je passer ma main sur son torse, je pourrais me blottir dans ses bras et l'entendre jouer de la guitare quand ca me chantait. Même une journée me contenterai, j'aurai au moins passé une journée à ses côté, sans lutte permanente entre nous. « Je veux être avec toi Agyness. Ça fait trop longtemps que j'y pense, autant savoir tout de suite. Soit on prend le risque de se mettre en couple, quitte à se détester dans deux semaines … Soit on se quitte maintenant. » j'étais plus proche de lui que je ne l'avais jamais étais. Main dans la main je le regardais comme je n'avais jamais osé le faire « Je veux être avec toi aussi Darren. Plus que jamais. Ça tombe bien j'ai le sens du risque ! » répondis-je un large sourire dessiner sur mon visage. « Et puis la vie sans risque ne vaut rien d'être vécu » fini-je en me blottissant dans ses bras. «Soit je suis avec toi réellement, soit pas du tout. » Et pour toute réponse, j'encerclai sa taille avec mes bras, j'enfouis mon visage dans son cou inhalant sa douce odeur, puis remonta mon visage pour lui donner un baiser avec ardeur. Notre premier vrai baiser, en tant que couple. Puis je me détacha légèrement, tout sourire « Hé, on est certainement le couple le plus sexy de Niagara ! » dis-je en riant aux éclats. En tout cas, lui l'était !