Je venais de reprendre les cours. La Fac, je n’y avais jamais été. C’est univers m’était totalement inconnu. Je ne savais pas vraiment ce que je devais ni où je devais aller. Je me perdais bien souvent. Ca allait faire un mois que je m’étais inscrite, j’en avais parlé à Brian. Il avait tout de suite été d’accord. On m’avait proposé une chambre mais je ne l’avais pas prise, il fallait bien que je rentre m’occuper de mes deux petits démons. En parlant d’eux, je me disais qu’à l’université, je pourrais un peu penser à moi. Quand on a des enfants, on ne se les sort jamais de la tête. Mais avec l’université, ma vie était réglée comme du papier à musique, je pensais d’abord aux enfants et à Brian, puis au cours, puis à ce que je devais absolument faire avant de rentrer et enfin de nouveau aux enfants et à Brian. Sauf que le passé m’avait retrouvé et que ce passé avait un lien avec Will et Louka.

Il était 20 heures. Je sais je devrais être chez moi mais il fallait que je vienne. J’avais appris dans la journée que le prof de dessin restait souvent tard pour corriger ses devoirs. Je n’ai pas ce prof dans mon horaire, je n’ai pas vraiment besoin d’apprendre à dessiner pour pouvoir apprendre l’allemand et le russe. Non, cet homme était mon passé. Je n’en avais pas parlé à Brian. Je lui avais menti et j’avais honte. Mais il fallait que je le voie. Il fallait qu’on parle. En réalité, il n’avait surement rien à me dire, c’était lui qui était partit, c’était lui qui avait eu peur. Je passai devant sa classe, il n’y avait personne. Je réalisai que j’étais soulagée, dans le fond, je n’avais pas envie de ressasser tout les mauvais souvenirs. J’avais pensé faire demi-tour mais j’avais dit que je resterais un petit moment. J’avais, depuis que j’étais arrivée, envie d’aller sur le toit. Dans mon ancien lycée, il y avait un accès pour aller sur le toit et j’y allais souvent quand je me sentais un peu déprimée.

Ici aussi il y en avait un. Je grimpai les marches. Je poussai la porte. Il faisait encore clair, le jour n’allait pas tarder à se coucher mais on voyait quand même bien. Je vis un homme, assis. Il semblait tranquille. Je me disais que quitte à rester ici, autant discuter. Je m’approchai de la personne.

Il faisait clair mais je ne l’avais même pas compris qui il était. Dire que j’étais venue pour lui. J’avais peur de faire une erreur. Dans ma tête je me disais « Non, ce n’est pas lui, ce n’est pas possible ». Mais plus j’approchais et plus j’étais convaincue qu’il était bien l’homme qui m’avait mis enceinte. Il fallait que je sois sure, je devais savoir s’il était bien Paul. Il n’avait pas beaucoup changé toujours les même cheveux brun/blond, la même allure et toujours cette fichue clope en main. Parfois je me demandais comme j’avais pus fantasmer sur un mec pareil. Mais quand on a 17 ans, on a toujours un faible pour le style de mec badboy. Mais à présent, cela ne m’intéressait plus. Je ne recherchais pas non plus de l’argent, je n’avais jamais eu besoin d’énormément d’argent pour vivre avec mes deux enfants. Je ne voulais pas non plus savoir pourquoi il était partit, je savais très bien qu’il avait eu peur. Franchement les mecs, tous pareils. Dès qu’il y a des responsabilités, ils sont plus là. Et deux enfants, s’en étaient des responsabilités. J’avais juste envie de lui parler. Enfin, maintenant que j’étais devant lui, j’en avais plus vraiment envie.

Paul ? Paul Dillon ?

Je ne sais même pas pourquoi je demandais, j’étais sur que c’étais lui. Il me regardait, avec un petit sourire. Toujours cet horrible petit sourire qui me faisait tant craquer avant. Il savait qui j’étais, ca se voyait mais ca ne lui faisait rien. Il ne fit aucune moue pour montrer qu’il était désolé ni aucun sourire qui disait je suis heureux de te voir. Il n’avait jamais su faire ca. Il n’avait jamais réellement montré qu’il m’appréciait et à vrai dire, à ce moment là, ce n’est pas ce que je cherchais. Je savais, quand j’ai su que j’étais enceinte, qu’il ne lèverait pas le petit doigt et, d’ailleurs, je n’ai pas pensé une seule seconde à lui quand j’ai vu la petite croix bleue s’afficher sur le test.

Qu’est ce que je fous ici ? Je ferais mieux d’être chez moi !

Je n’avais rien à faire ici, j’aurais du être avec mes enfants et jouer avec eux. Au lieu de ca, j’allais voir quelqu’un qui ne me portait plus aucune attention depuis que j’avais pris du poids à cause d’une stupide fin de soirée où il avait fini dans mon lit.