« Maxence? Maxence?! » Ma mère criait dans l’embrassure de la porte, ne prenant pas la peine d’interrompre sa conversation téléphonique d’affaire. Ma mère se foutait royalement de me voir partir et ça me lassait indifférent pour être honnête. Mes parents ne sont point traditionnels ni uns ni l’autres n’a jamais pratiqués l’attachement parental avec moi, et c’est probablement ce qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je pars pour l’université, aujourd’hui même, c’est le grand départ et les petits adieux. La liberté est si près que je peux la sentir au bout de mes doigts. Un sourire me glisse entre les dents. Je lance le ballon que je tiens entre mes mains une dernière fois avant d’obéir à ma mère et de rentrer. La sphère entre dans l’anneau pour redescendre sous cette intrigante gravité vers le sol. Je rattrape le ballon de basket-ball et je l’emporte avec moi, c’est la seule et unique chose que je compte comme essentiel parmi mes choses, toute cette richesse inutile.
Un fois entré dans ma voiture remplis à block je salut rapidement ma mère qui m’observe par la fenêtre puis je jette un coup d’œil à mon père qui ne me porte aucune attention whatsœver. J’hoche la tête, découragé puis je fais crissé mes pneus en décollant.
« Liberté. » Murmurai-je en voyant tranquillement ma maison diminuer de taille jusqu’à disparaître complètement dans mon rétroviseur. En redirigeant mes yeux sur la route je sent cet énorme poids me quitter les épaules, je suis seul maintenant, finalement. Il ne reste plus que moi et le basket-ball. Je montai le volume de ma radio monstre que je mettais offerte pour mon anniversaire, gracieuseté de mon père qui se sentait coupable d’avoir oublié la date de ma naissance.
Je roulai pour je ne sais combien de temps avant de la voir. Des minutes, peut-être des heures. Des milliers de paysages défilèrent devant mes yeux avant d’en voir un si beau qu’il attira mon attention plus que tous les autres. Cette fille, cette femme, sa taille, la couleur de ses cheveux, sa silhouette, tout concordait. C’était elle. Mon pied s’écrasa sur le frein brusquement, je me stationnai sur le bord de la route déserte. Puis je courai, je courai jusqu’à elle. L’image était absurde, elle, ici, dans ce champ de je ne sais quoi, marchant vers, quelque part, vers nulle part. Je l’atteignis enfin, à bout de souffle.
« C’est toi ! » Dis-je en posant ma main sur son épaule. Je croisai enfin ses yeux qui me brisèrent le cœur. J’aurais pu reconnaître les siens parmi des tonnes, mais ceux-là… non, ce n’était pas elle. Il y avait cet éclat de paille dans ceux que je cherchais, pas cette touche chocolaté qui ornait ceux qu’il y avait devant moi. Je m’attardai enfin à ses traits, j’aurais dû le remarquer plus tôt, un coup d’œil m’aurait évité cette humiliation. Je me sentis faiblir, mon cœur se noua à nouveau, comme à chaque fois que je croyais la retrouver.
« Désolé. Je croyais… » Je baissai la tête, arquant les épaules puis je fis demi-tours, ne voulant pas m’attarder encore plus, ni avoir à lui donner plus amples explications. Je me remis à la course, sentant mes yeux s’emplirent de larmes. Je tournai la tête une dernière fois vers cette fille tout en continuant de m’en éloigner, pour remarquer, enfin, que ce n’était pas celle que je cherchais, mais bien… une belle, magnifique, autre, femme. Je crois que c’est la toute première fois que j’ose même remarquer la beauté de mes paires.