"Pourquoi me ressembles tu?"
♣ Charlie & Maély ♣

Dans la vie des gens, les choses pouvaient changer tellement vite que les personnes concernées n'avaient parfois même pas le temps de dire "ouf" que tout le monde avait déjà basculé. C'en était presque effrayant. Vous vous imaginez, vous qui viviez jusqu'à présent une petite vie bien tranquille, voir votre monde s'écrouler sans que vous ne puissiez rien faire? J'étais loin de m'imaginer qu'en cette si belle journée j'allais faire partie des personnes qui perdaient tout du jour au lendemain. Je m'étais tranquillement levée pour assister à mes quelques heures de cours, peu nombreuses je devais l'avouer. La photographie était ce que j'étudiais. J'en étais passionnée, j'adorais tellement ça! Capter un instant précis, une émotion, une action... Dans sa plus grande naturalité. C'était quelque chose de magnifique et de pur. Après avoir assisté à mes cours, j'avais rejoins Shay. Shay était mon petit ami. Enfin... Disons que c'était officiellement mon petit-ami mais que derrière notre relation se cachaient bien des choses. Et ce n'était pas forcément très gentil ou très catholique ce qu'il se cachait. J'avais passé un bon moment avec lui puis il avait un nouveau cours et m'avait donc laissée. J'avais rejoins des "amis" avec lesquels on avait un peu bu. Puis je finis par les laisser à mon tour, légèrement saoûle et de ce fait plutôt joyeuse.

Je montai sur le toit, ne pensant pas à grand chose. Autant dire que je ne pensais quasiment à rien du tout. Mon cerveau était comme vide. Enfin, vous savez bien ce que ça faisait parfois quand vous aviez un peu bu. Heureusement, je marchais encore correctement, droit devant moi. Sauf qu'arrivée sur le toit, je vis une femme déjà présente. En m'approchant pour voir qui c'était, je m'arrêtai nette. Non... C'était pas possible. Elle ne pouvait pas me ressembler comme deux gouttes d'eau. Je devais halluciner à cause de l'alcool. Je restai bouche bée, m'essuyai les yeux mais je voyais toujours la même personne. Etrangement, mon degrés d'alcolémie disparut, il s'évanouissa totalement. Je me sentais mal. Je regardai autour de nous, pour voir s'il y avait une caméra cachée, mais rien. Tout était désert. A part nous deux, personne n'était là. J'avalai ma salive et demandai simplement, perdue: << Heu... Pourquoi me ressembles tu? x) >> Ma voix tremblait. C'était une question totalement stupide, au fond. Mais je ne pouvais pas deviner qu'elle était ma jumelle... Et sur le coup, je n'avais rien trouvé de mieux à dire que ça...

Maély & Charlie ♥

Déstabilisée et fragile. Voilà comment je me sentais aujourd’hui. Je détestais être dans cet état, mais je me gardais bien de le montrer aux autres. Alors, j’affichais un sourire rayonnant et me contenter d’écouter les diverses aventures de mes camarades. Franchement, il n’y avait rien de bien intéressant à cela. Les mêmes discours revenaient en boucle au point où ça m’en donnait le vertige. Le jour où quelqu’un me racontera quelque chose de croustillant, je pense que je l’épouserais sur le champ. Ce monde là est tellement ennuyant, que le premier bouffon au coin de la rue pourrait faire l’affaire. Du moment qu’on me distrait, c’est tout ce que je demande.

J’étais à la cafétéria, en train de me commander un chocolat chaud à la machine. Vous voyez, celle où il fallait donner deux grands coups de main sur le coté pour qu’elle vous rende votre monnaie. C’est certainement ce détail qui m’a mise de mauvaise humeur. Non. En réalité ce n’était pas pour ça. La raison en elle-même était toute simple. J’avais croisé Shay dans le couloir. Shay… Ce nom a toute une histoire et j’étais incapable de l’oublier. Pourtant, je m’y forçais. Il fallait bien que j’avance au lieu de buter sur un tel échec. Mais le regard qu’il m’avait lancé en croisant mon chemin m’avait totalement déstabilisé. En simple réponse, je lui avais adressé un sourire hautain, avant de le bousculer légèrement. Suffisamment pour qu’il se retourne et que j’en profite à ce moment d’attraper la première fille qui me tombait sous la main pour l’embrasser. Quel gâchis, devait-il se dire et je l’espérais bien.

Après avoir tenté tant bien que mal de noyer mon trouble dans un chocolat chaud, je quittais cet endroit pour me retirer vers un lieu plus calme. Pourquoi pas le toit ? Je ne savais pas comment y accéder mais avec un peu de volonté, je terminerais bien par tomber dessus.

Pendant que j’effectuais ma vadrouille, je tombais nez à nez avec la fille que j’avais embrassé quelques minutes plus tôt. J’en profitais pour lui demander où se trouver le toit. Mais il fallait que cette fille soit une suédoise avec un accent à couper le couteau, qui au lieu de m’emmener au toit, m’emmena aux toilettes mixtes. Était-elle joueuse ou bien stupide ? Je n’en savais trop rien, et comme je me sentais terriblement mal d’avoir croisé Shay, j’avais besoin de faire une connerie pour oublier ne soit qu’un peu, son existence…

Une heure plus tard, me voilà sur le toit… Totalement déstabilisée et fragile, j’avais les larmes aux yeux. Je me laissais glissais le long d’une paroi, et sortit une cigarette de mon étui.

Le temps passait, encore et encore, mais brutalement je sortais de ma rêverie, quand une voix tremblante me posa une question. Un long soupir s’échappa de ma bouche et je relevai le regard agacé. Figé ! Mon regard s'était totalement figé sur la personne en face de moi. Sa question prenait tout son sens dans mon esprit : Pourquoi nous nous ressemblons tellement ?!

- Je… Je ne sais pas. Coup de bol, j’ai envie de dire.

C’était tellement ironique ce que je venais de lui répondre. Je ne comprenais même pas comment je faisais pour continuer à sortir ce genre de conneries en ayant mon clone juste devant moi.

- Ah moins que ton père fasse parti de la mafia et qu’il travaillait dans les cherches de clonages. Tu sais, il fut un temps où c’était une véritable mode. Alors félicitation, t’as retrouvé ton double !

"Dis moi que ce n'est qu'une mauvaise blague."
♣ Charlie & Maély ♣

Oh... My... Gosh... Dites moi que j'étais en train de rêver. Pincez moi, que je ne ressente rien comme dans un rêve totalement stupide puisque vous m'aurez pincée. Mais le rêve n'est pas le sujet du message. Qu'est-ce-qu'une femme, me ressemblant comme deux gouttes d'eau; possédant donc les mêmes cheveux, les mêmes yeux, la même couleur de peau, la même taille et tout ce qu'il s'en suivait; faisait là?! Ce n'était plus un rêve mais un cauchemar, par pitié réveillez moi! Un coup de bol?! Mais de quoi parlait elle? Comment le fait qu'on tombe l'une sur l'autre pouvait être un coup de bol?! Dire qu'elle n'en savait rien, c'était pas peu dire! Parce que là, je supposais qu'on... Qu'on devait être dans la même situation, à savoir... Perdues. Dans l'incompréhension la plus totale. Avec des tonnes de questions se bousculant dans nos têtes.

Alors que je la fixais en ayant d'assez grands yeux, du fait de ma surprise, elle mentionna le mot "père", "mafia" et "clonage". Elle m'informa qu'à une époque, c'était une véritable mode. Je la fixais toujours. Mais de quoi parlait elle?! Je m'en fichais moi, de la mode des clonages! Ensuite, elle me félicita en disant que j'avais retrouvée mon double. Ah ha ah ha ah ha... Comme elle était drôle... Mais quelle idiote, oui!! Je me mis à faire les cent pas, les effets de l'alcool s'étant totalement évanouis. Je récapitulais à voix haute: << Donc, je viens de monter sur le toit et je viens de tomber nez-à-nez avec ma copie conforme. Ce qui signifie donc que... >> Je m'arrêtai subitement. Non, c'était pas possible. Dites moi que je n'étais pas reliée génétiquement à cette femme qui avait un humour nul dans une situation aussi critique que celle là. Je vous en pris, sortez moi de ce cauchemar. Je la regardai à nouveau et demandai: << Ne me dis pas que tu es ma jumelle. Dis moi juste que tu t'es déguisée pour me faire une mauvaise blague qui n'est décidement pas drôle... >> Décidement, ces derniers temps, je ne contrôlais guère plus grand chose.

- Je pense surtout que j’ai trop fumé tout à l’heure et que j’ai des hallucinations. On doit me punir de toutes les conneries que j’ai faites en me faisant croire que je perds la tête.

Je me relevais, décidément prête à croire que je perdais sérieusement les pétales. La prochaine fois, si on pouvait éviter de me mettre de la drogue dans mes clopes, ça me ferait sérieusement plaisir. Parce que me retrouver sur le toit en parlant avec moi-même dans tout les sens du termes, ça me plait pas spécialement. Après chacun son bad trip.

- A croire que croiser Shay dans le couloir, ça me rend plus folle que je ne le croyais.

Me voilà en train de me parler à moi-même, persuader que la jeune femme en face de moi était véritablement source d’hallucination. Pourtant, je ne me sentais pas si mal que ça. Enfin, pas au point d’être bourré ou défoncé à quoique ce soit. Je ne comprenais absolument pas la situation, mais tout ce que j’avais besoin, c’était d’une bonne nuit de sommeil, peu importe l’heure qu’il pouvait bien être.

- Au fait, moi c’est Charlie Hewer.

Annonçais-je en rigolant, tout en m’avançant vers la sortie. Mais en croisant sur mon chemin ce petit clone, je m’amusais à taper sur son épaule, pour en même temps balayer du paysage ce songe. Le problème, mais ce que songe semblait bel et bien être constitué de chair et de sang.

- C’est quoi ce délire ?

Voilà tout ce que je trouvais à dire, une phrase dans un murmure à peine audible. Mes jambes se mirent à trembler. Des images survenaient dans mon esprit, l’agressant par de vieux souvenirs. Je relevais le visage, paniquée :

- Ne me dit pas que tu es née un 12 avril 1981 ?

"Comment est-ce-que tout ça est possible?"
♣ Charlie & Maély ♣

La femme, mon double, parla d'hallucinations. Et si j'en étais victime aussi? Non, je n'avais pas assez bu pour être dans un état second qui me ferait parler à... Moi même. Quelle phrase étrange. Se parler à soi-même c'était se parler seul. Mais on ne voyait pas forcément son corps en face de soi. Donc non, c'était pas ça. C'était bel et bien la vérité. Quand j'entendis qu'elle prononça le prénom de Shay, je ne pus m'empêcher de laisser échapper quelques toussotements que j'essayais de tant bien que mal de retenir. Si je récapitulais encore une fois, cela donna les évènements suivants: je venais de rencontrer mon double, qui donc possède un très fort lien avec moi, qui connait en plus de tout ça Shay, mon petit ami. Je n'avais rien oublié? Super. C'était la catastrophe. Elle se présenta. Ce fut dans un murmure que je répondis: << Maély Cooper... >> Et là, je sentis une tappe sur mon épaule qui me fit réaliser que je ne me trompais pas et que c'était tout sauf un rêve. Et là, je me mis à comprendre ce que voulait dire pour les gens le fait de voir son monde basculer. Elle marmonna quelque chose puis me demanda de ne pas lui dire que j'étais née le 12 avril 1981. Ha ha ha, la bonne blague. Et qu'aurais je pu lui dire d'autre puisque justement j'étais née le 12 avril 1981. Bien sûr, de nombreuses personnes étaient nées ce jour là dans le monde mais... Mais aucunes n'étaient des doubles parfaits. Je la regardai, sans défense. << Je suis née le 12 avril 1981 et nous devons donc être... Jumelles... >> Je m'installai sur le bord du toit. Je fixais le sol. << C'est la catastrophe... Comment... Comment est-ce-que tout ça est possible...? >> Jamais je ne me serais attendue à une telle chose. Jamais. Et voila que j'étais face à mon propre passé, en quelque sorte. Et j'allais devoir assumer, d'une certaine manière, pour ce que mes... Enfin, nos parents avaient fait.

Plus les jours passaient et plus les nouvelles qui tombaient été de plus en plus étrange. Mon adoption fut la première nouvelle qui marqua le début de ces drôles de choses. Ensuite, ma séparation avec Shay. Quand malgré moi, j'avais appris ce qu'il avait osé faire, j'en tombais franchement de haut. Ça m'avait même changé bien plus que j'aurais pu le croire. J'avais tiré un trait sur toutes les valeurs morales qu'on m'avait apprise pour me faire remarquer avec un rien. Par exemple, mon homosexualité, si mes parents le savaient, il me tuerait. Finalement, c'est sûrement pour ça que j'aime cette réputation dérangeante.

Mais là, c'était le pompom ! Cette fille était ma sœur jumelle ! Maudits parents ! Ils me cachaient tellement de choses ! Pourquoi ? Pourquoi me faisait-il ça alors que j'étais leur fierté ? Jamais je pourrais leur pardonner d'avoir fait de ma vie, un tissu de mensonge.

- C'est la catastrophe... Comment... Comment est-ce-que tout ça est possible...?

En entendant ses paroles, je relevais la tête. Elle est sérieuse, où il va vraiment falloir lui faire un dessin ? De toute manière, elle a beau me ressembler, elle ne serait jamais comme moi. Je ne veux rien savoir sur elle, ni même sur nos... enfin ses parents. Ce n'est pas ma vie ! Je veux tout oublier, tout ! Me consacrer juste dans mes études, un point c'est tout.

Comme si c'était possible, j'essayais de prendre sur moi. Ne pas lui montrer la fureur qui s’emparait de moi, cette fureur dut à cette découverte, celle qu'on m'avait caché l'existence d'une jumelle. Alors j'attrappais une mèche de ses cheveux, l'entourant autour de mon doigt. Ma tête se pencha vers son oreille, et pour la faire fuir à jamais, je lui lancer ses propos :

- Eh bien enchantée Maélys. J'ai toujours eu le défaut d'être particulièrement narcissique. Alors, tu ne t'imagines même pas le bonheur que j'éprouve de découvrir que j'ai enfin trouver une fille à mon goût.

Je marquais une pause, histoire que mes paroles s’imprègnent bien en elle. Je la laissais réfléchir. Elle devait me prendre pour une folle. Mais peut importe, je ne voulais plus la revoir et le meilleur moyen pour ça c'était de lui faire peur.

- Je suis lesbienne !

Pour qu'elle ne loupe rien de tout ça, j'insistais sur chaque syllabe. Ma main quitta finalement sa mèche de cheveux, pour se poser sur sa joue, de manière à lui faire tourner la tête, et à lui déposer un baiser furtif sur ses lèvres. Pas besoin de se la jouer passionnée, après tout, elle était ma soeur.

- Ravie de faire ta connaissance.

Ma jumelle... J'avais eu un début de vie tout à fait bon, presque normal hormis mon caractère qui faisait que j'avais pas forcément autant d'amis que les autres mais là... Depuis quelques années, tout avait changé. Entre mes parents qui m'avaient finalement poussée à fuir, mon mari, Shay, Syed, il fallait rajouter une jumelle. En gros, ma vie se résumait à quoi? A un tissu de mensonges, de mensonges et de mensonges. Trahie. C'était tout ce qu'on m'avait fait au courant de ma vie. Me mentir, me trahir. Parfois, j'aurais aimé retrouver mes dix-douze ans, retrouver ma passion pour la photographie, retrouver le monde de l'innocence, être loin des problèmes que j'avais à l'âge de vingt ans! Entre histoires compliquées et histoires compliquées, on pouvait dire que j'avais un sacré lot de complexité...

Pour arranger le tout, à savoir mon état de fille perdue et royalement perdue, miss Charlie attrapa une mèche de ms cheveux qu'elle enroula autour de son doigt. Heu... A quoi jouait elle là? Non, franchement c'était pas drôle. Surtout pas après avoir appris une telle chose. Elle me dit à l'oreille qu'elle avait toujours eu le défaut d'être narcissique et que je n'imaginais même pas à quel point elle était contente d'avoir trouvé une fille à son goût. C'était de mieux en mieux. Je ne bougeai pas et elle finit par me dire ce que j'avais déjà cru comprendre, à savoir qu'elle était lesbienne. Ok, super cool. Et donc? C'était sa vie, elle en faisait ce qu'elle voulait. Je me mis alors à rire. Je riais d'un rire franc. Pourquoi riais-je? Mieux vallait rire que pleurer non? Et puis, je me doutais bien que si elle me disait ça, c'était pour me faire fuir. Donc, je riais. Tout bonnement.

Mon rire s'arrêta cependant bien vite quand elle posa sa main sur ma joue, me fit tourner la tête vers elle et qu'elle déposa un baiser furtif sur mes lèvres. Elle me dit qu'elle était ravie de faire ma connaissance. Je la giflai et pris enfin la parole:

-Que les chose soient claires: je ne suis pas plus enchantée que toi d'avoir découvert ma vie est en réalité un mensonge. Mais ce n'est pas parce que nos... Nos parents, si on peut les appeller comme ça, nous ont séparées que forcément on doit partir sur un mauvais pied. Tu es douée pou faire sentir que tu ne veux rien avoir à faire avec moi, mais je suis quelqu'un de déterminé. Donc oublie l'idée de me faire fuir. Je ne suis pas aussi lâche que mes parents.

Et c'était moi qui disais ça? Moi qui avais pris la fuite à 19 ans quand la situation à la maison devenait insupportable? Moi qui avais pris la fuite de chez mon mari? Il fallait avouer que pour une fois, je n'étais pas lâche...